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jeudi, 01 avril 2010

8 april: "De schijnwerpers op Hongarije"

8 april: “De schijnwerpers op Hongarije”

Voor wie het zich afvraagt, de ruiter op de foto moet Árpád voorstellen. Hij is de leider van de Hongaarse stammen toen zij Europa binnentrokken. Het standbeeld staat op het Heldenplein in Budapest, samen met andere grote figuren uit de Hongaarse nationale geschiedenis. Oorspronkelijk wilden de Hongaarse communisten alle beelden hiervan slopen.

mardi, 02 février 2010

1955: la neutralité autrichienne est proclamée!

480px-Football_Autriche_maillot_svg.pngArchives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1985

1955: la neutralité autrichienne est proclamée!

Le nouveau gouvernement autrichien issu des élections est dirigé par le conservateur (ÖVP) FIGL; RENNER devient Président de la République. Mais le gouvernement FIGL est soumis à une pesante tutelle de la part de la Commission de Contrôle inter-alliée (Gran-de-Bretagne, USA, France, URSS). Tout acte du gouvernement de Vienne devait être soumis à cette Commission de contrôle; on en veut pour mémoire cette déclaration gouvernementale que FIGL dut présenter trois fois avant d'obtenir le "nihil obstat". Cependant, FIGL, rusé et fin politique, va insister, lors de la lecture de sa déclaration gouvernementale devant le Parlement au-trichien sur l'unité du pays et sur la néces-sité de supprimer le statut d'occupation.

 

Le nouveau gouvernement autrichien va tout faire pour éviter d'être une marion-nette des Alliés et, pour ce faire, va souvent opposer les Alliés les uns aux autres, afin d'alléger la tutelle.

 

L'Autriche devait entretenir quatre armées d'occupation (en tout, 352.OOO hommes). En outre, l'économie autrichienne avait été im-briquée dans l'économie allemande depuis 1938, ce qui permettait aux Alliés occiden-taux et soviétiques de s'en emparer au nom des réparations de guerre. Les Soviétiques vont ériger dans cette optique un "Konzern" pour l'exploitation des industries dont ils ont pris possession en Autriche: l'USIA (Upravlenié savietskovo immouchest-va v Austrii ou "Administration des biens soviétiques en Autriche"). Ce vaste ensem-ble comprenait des industries les plus di-verses: lunettes, chaussures, papier, in-dustrie aéronautique, pétroles, etc. L'USIA bénéficiait de l'extra-territorialité et les profits partaient en bloc à Moscou. La gestion était assurée par des cadres du parti communiste soviétique.

 

En 1946, les compétences du gouvernement autrichien sont élargies par un accord avec les puissances occupantes. Dorénavant, seul un veto unanime des quatre puissances occupantes pouvait arrêter l'application des lois et actes promulgués par le gouver-nement de Vienne. Les négociations en vue d'arriver à un Traité d'Etat (Staatsvertrag) commenceront à l'initiative de Vienne.

 

En 1947/48, la guerre froide éclate et le refroidissement des relations entre les USA et l'URSS met le problème de ce Traité d'Etat au frigo. Par ailleurs, il faut savoir que les Yougoslaves, soutenus à l'époque par Mos-cou, font valoir des revendications sur cer-taines parties du territoire autrichien. La guerre froide, en engendrant la bipolari-sation autour de Washington et de Moscou, permet aux deux super-gros de renforcer la cohésion de leurs satellites derrière leurs bannières respectives. Dès que commence la guerre froide, ce seront surtout les USA qui s'opposeront à tout Traité d'Etat réglant la question autrichienne. Ainsi, le 10 mars 1948, le Ministre américain des Affaires Etrangères, MARSHALL, déclare que l'Autri-che fait partie de "l'Occident" et qu'en con-séquence une neutralisation de ce pays n'est pas souhaitable. A la même époque, l'URSS se déclare prête, elle, à signer un Traité d'Etat rendant à l'Autriche son indépen-dance à condition que ce pays soit et de-meure neutre (blockfrei). A la suite de la rupture entre STALINE et TITO, les reven-dications yougoslaves ne sont plus soute-nues par Moscou. La France et la Grande-Bretagne se montrent également favorables à la conclusion d'un Traité d'Etat. Mais les Etats-Unis vont s'y opposer catégoriquement car ils se rendent compte qu'une neutra-lisation de l'Autriche rendrait plus difficile une "intégration" des zones d'occupation oc-cidentales d'Allemagne à "l'Occident", c'est-à-dire au monde américain. Pendant ce temps, sur le territoire de la future RFA, cette intégration se poursuit: en 1948, le mark occidental est introduit dans la partie ouest de l'Allemagne, ce qui provoque le blocus de Berlin par les Soviétiques. En avril 1949, l'OTAN est mise sur pied. Les Soviétiques, de leur côté, mettent au pas la Tchécoslovaquie et c'est le coup de force communiste de Prague de février 1948.

 

En 1950, la guerre éclate en Corée. L'Ouest se range derrière les USA au nom des Nations Unies. L'Est se range derrière l'URSS. La tension entre les blocs atteint son paro-xysme. Plus que jamais, l'Autriche est me-nacée par le spectre de la division. De plus, à Vienne, des troubles sociaux éclatent suite à la brusque augmentation du coût de la vie. Américains et Soviétiques soutiennent leurs créatures respectives; ainsi, un chef de ban-de, Franz OLAH, reçoit le soutien de Wa-shington afin de constituer une troupe de choc prête à être l'embryon d'une future ar-mée autrichienne à intégrer dans l'OTAN. Au bout de quelques temps, les troubles ces-sent; l'Autriche reste occupée mais ne se di-vise pas.

 

En 1954, il est de plus en plus question de faire entrer la République Fédérale d'Alle-magne (créée en 1949) dans l'OTAN. Pour les Autrichiens, la conclusion du Traité d'E-tat semble remise aux calendes grecques... C'est alors que l'URSS débloque la situation. En février 1955, le Ministre soviétique des Affaires Etrangères, MOLOTOV, déclare de-vant le Soviet Suprême qu'il n'y a plus au-cune raison de différer la conclusion d'un Traité d'Etat avec l'Autriche. Ensuite, le gou-vernement soviétique propose au gouver-nement autrichien un accord mettant les puissances occidentales devant le "fait ac-compli".

 

Informés, les Américains repoussent toute idée de neutralisation de l'Autriche car cela signifierait une coupure territoriale de l'OTAN, avec l'Allemagne Fédérale au Nord et l'Italie au Sud, coupure qui rendrait la "position américaine intenable" (sic!). Les Atlantistes ajoutent même que si l'Autriche devient neutre, elle tombera inévitablement dans la sphère d'influence soviétique. Pour le Ministre américain des Affaires Etran-gères, John Foster DULLES, les politiciens conservateurs viennois, surtout le Chan-celier RAAB et le Ministre des Affaires Etrangères FIGL, devenaient presque des "crypto-communistes". La tension monte alors entre Vienne et Washington. Afin de dissuader le gouvernement autrichien d'ac-cepter les propositions soviétiques, le gou-vernement américain envoie à Vienne une de ses créatures, GRUBER, l'ancien Ministre des Affaires Etrangères, devenu ambassa-deur à Washington. Sa mission consiste à persuader le gouvernement du Chancelier RAAB que l'Autriche doit rester solidaire de l'Occident, c'est-à-dire des Etats-Unis. Les Américains vont même proposer au gouver-nement RAAB de s'installer à Salzbourg! Mais le gouvernement de Vienne, conscient de l'enjeu historique, voulait à tout prix éviter la division de l'Autriche et résista aux sirènes américaines.

 

KREISKY, Secrétaire d'Etat au Ministère autrichien des Affaires Etrangères, informe alors l'ambassadeur soviétique KOUDRA-CHEV que Vienne accepte un statut de neu-tralité semblable à celui de la Suisse.

 

Le 11 avril 1955, une délégation du gouver-nement autrichien composée du chancelier RAAB, du Vice-Chancelier SCHÄRF, du Mi-nistre des Affaires Etrangères FIGL et du Secrétaire d'Etat KREISKY est invitée à Mos-cou. Rapidement, on se met d'accord pour indemniser les Soviétiques: l'USIA sera rem-boursée en six ans pour un prix de 150 millions de dollars. Mais pour le Kremlin, l'Autriche devait se déclarer formellement neutre. Après quelques hésitations dues à la colère des Américains, les Autrichiens ac-ceptent et signent le 15 avril le mémo-randum de Moscou proclamant la neutralité de l'Autriche, selon le modèle suisse.

 

A Washington, c'est la consternation. En Al-lemagne Fédérale, le collabo ADENAUER voit sa position ébranlée... Les Soviétiques pro-posent ensuite une conférence des Ministres des Affaires Etrangères des quatre; ce que Washington repousse immédiatement. La Pravda parle alors à juste titre d'une "nou-velle manœuvre des ennemis de l'indé-pendance autrichienne"...

 

Mais les événements s'accélèrent: le 9 mai, dix ans après la capitulation du IIIème Reich, la République Fédérale d'Allemagne entre dans l'OTAN. Finalement, devant les pres-sions conjointes de Moscou et de Vienne, les ambassadeurs des quatre se mettent d'ac-cord sur le texte du Traité d'Etat et cela sur-tout parce que la RFA est désormais ancrée à l'Ouest. Le 15 mai 1955, les Ministres des Affaires Etrangères d'URSS (MOLOTOV), du Royaume-Uni (MACMILLAN), de France (PI-NAY) et des Etats-Unis (DULLES) signent le texte du Traité d'Etat avec le Ministre autri-chien des Affaires Etrangères FIGL. DULLES, on s'en doute, signait à contre-cœur. Selon ce Traité, l'Autriche se déclare neutre et les troupes d'occupation soviétiques, britanni-ques, françaises et américaines évacuent le territoire dans les mois qui suivent.

 

Après dix ans d'occupation, l'Autriche, inté-grée dans le Reich national-socialiste en 1938, a réussi à recouvrer son indépen-dance. Certes, économiquement, elle est liée à l'Ouest mais politiquement elle est "blockfrei". La volonté conjointe de Mos-cou et de Vienne ont donc empêché que l'Autriche soit divisée en deux, comme l'Al-lemagne, et qu'il y ait un mur de Vienne...

 

Roland VAN HERTENDAELE.

 

Ce texte constitue le résumé d'une confé-rence prononcée à Bruxelles le jeudi 5 décembre 1985, dans le cadre des cycles de conférences organisés chaque année par la revue Orientations.

dimanche, 24 janvier 2010

Matthias Corvin, élu roi de Hongrie

Matthias-corvinus-hoesegter-budapest.jpg24 janvier 1458: Le fils du chef hongrois Janos Hunyadi, Matthias Corvin ou Corvinus, est élu roi de Hongrie à la mort de Ladislas. Janos Hunyadi, petit baron de Transylvanie, remarqué par l’Empereur Sigismond pour sa valeur militaire et ses talents d’organisateur, prendra la tête des armées hongroises et fera de son pays le bouclier principal de l’Europe contre les assauts des Ottomans. Pour parfaire ce projet de barrer la route de Vienne et du Danube aux Turcs, Hunyadi réforme l’Etat, le dé-féodalise et crée une armée populaire au départ des masses paysannes magyars. Il sera détesté des magnats, mis à contribution pour financer cette armée nombreuse, seule capable de faire barrage à la puissance ottomane. Son fils Matthias Corvin poursuivra son oeuvre, imposera aux magnats l’efficacité politique conçue par son père et donnera, face aux Ottomans, désormais maîtres de Byzance, une période de paix de plus de 70 ans à la Hongrie. Quand les magnats reprendront le dessus, ils disloqueront l’armée populaire et seront écrasés par les janissaires à Mohacs en 1526, réduisant la Croatie médiévale à des “reliquae reliquarum”, des “résidus de résidus”, et plongeant la Hongrie sous une tutelle ottomane quasi permanente, jusqu’à la fin du 17ème siècle.

 

 

dimanche, 10 janvier 2010

Barbara Rosenkranz: "Zum Gegensteuern ist es nie zu spät"

Barbara_Rosenkranz_Sankt_Poelten_20080918.jpg

 

„Zum Gegensteuern ist es nie zu spät“

Landesrat Barbara Rosenkranz (FPÖ) über den Wert der Familie und eigener Kinder, die notwendige Familienförderung und den Ausweg aus der demographischen Falle

Frau Landesrat, um nur zwei Stichworte zu nennen: niedrige Geburtenraten und die sogenannte eingetragenen Partnerschaften für Homosexuelle – welchen Stellenwert hat heute eigentlich noch die Familie in unserem Land?

Barbara Rosenkranz: Rot und Schwarz zeigen deutlich, wo sie ihre Schwerpunkte setzen. Die eingetragene Partnerschaft, die sogenannte Homo-„Ehe“, zieht eine Reihe von Vergünstigungen nach sich, es kommt zur Gleichstellung dieser Beziehungen im Pensionsrecht, in der Krankenversicherung, im Erbschaftsrecht, und übrigens auch im Fremdenrecht, also in bezug auf den Familiennachzug. Hier erwachsen beträchtliche Kosten, während auf der anderen Seite, wenn es um die Förderung von Familien geht, einfach kein Geld vorhanden ist.

Was sind denn die Gründe, daß die Familie in unserem Land einen immer geringeren Stellenwert hat?

Rosenkranz: Das ist schlicht und einfach ein politisches Problem, weil die politische Klasse, die an den Schalthebeln der Macht sitzt, dieser Frage nicht die gebührende Bedeutung einräumt. In Sonntagsreden gibt es wohl das Bekenntnis zur Familie, vor allem von der sogenannten „bürgerlichen“ Partei, aber in der politischen Realität wird dem in keiner Weise entsprochen. Diese Geringschätzung der Familienfrage zeigt den Unterschied: Ich bin überzeugt, daß die demographische Situation die Basis aller anderen politischen Entscheidungen ist. Deshalb muß eine ausgeglichene Geburtenrate das Ziel jeder Politik sein, die auch auf Zukunft setzt.

Oftmals wird behauptet, Frauen würden sich gegen Familie und gegen Kinder entscheiden, weil sich Familie und Beruf nicht miteinander vereinbaren ließen. Was sagen Sie als erfolgreiche Politikerin und Mutter von zehn Kindern zu diesem Argument?

Rosenkranz: Im Zusammenhang mit der Frauenerwerbsquote wird immer wieder die Frage diskutiert, wie viele Betreuungseinrichtungen wir vor allem für Kleinkinder brauchen. Jede seriöse Untersuchung zeigt aber, dass der Einfluß des Betreuungsangebotes auf die Geburtenrate gleich null ist. Der bekannte Demograph Herwig Birg sagt es launig und pointiert: „Wahrscheinlich ist die statistische Korrelation zwischen der Geburtenrate und der Zahl der Störche höher als der behauptete Zusammenhang mit der Frauenerwerbsquote“. Das ist auch nicht erstaunlich, denn wer Kinder hat, möchte auch vor allem in der allerersten Zeit mit ihnen zusammen sein. Noch eine Tatsache zum Thema: In den städtischen Ballungszentren gibt es wesentlich mehr Kinderbetreuungseinrichtungen als auf dem flachen Land, aber dennoch verhält es sich bei der Geburtenrate, die in den Städten viel niedriger ist, genau umgekehrt.

Dennoch ist klar, daß junge Frauen nicht zu einer Entscheidung zwischen Familie und Kindern gezwungen werden dürfen. Auch wer sich für eine sehr frühe Rückkehr in den Beruf entscheidet, soll dabei Unterstützung finden. Es muß aber auch Alternativen geben: Wir haben eine Lebenserwartung von über 80 Jahren, und Mädchen, die heute geboren werden, können im Schnitt über 100 Jahre alt werden. Da muß es doch möglich sein, in der Lebensperiode, in der es sinnvoll ist, Kinder zu haben und die Familie als vorrangig zu sehen, das auch zu tun und später, wenn die Kinder aus dem Gröbsten draußen sind, wieder in den Beruf einzusteigen.

Was halten Sie von Maßnahmen wie Muttergehalt oder bessere pensionsrechtliche Absicherung von Müttern, um Frauen dazu zu bewegen, daß sie wieder vermehrt „Ja“ zu eigenen Kindern sagen?

Rosenkranz: Die pensionsrechtliche Absicherung von Müttern ist ein unbedingtes Muß. Es ist ein absoluter Skandal, daß genau jene, die mit ihrer Lebensarbeit ganz wesentlich für den Fortbestand unseres Pensionssystems sorgen, indem sie nämlich zukünftige Beitragszahler heranziehen, dann selber im Alter unversorgt sind. Der schon erwähnte Professor Birg hat es treffend formuliert: „In unserem Pensionssystem profitiert von Kindern, wer keine hat.“ Unser Pensionssystem ist ganz klar ein sich selbst zerstörendes System, wenn es nämlich nicht dafür sorgt, daß die eigenen Voraussetzungen erhalten bleiben. Das ist ein ganz wichtiger Punkt.

Zum zweiten muß dafür gesorgt sein, daß Frauen auch in der Zeit, in der sie sich vor allem für die Kindererziehung entscheiden, finanziell unabhängig fühlen können. Deshalb muß man vor allem am Kindergeld ansetzen und es zu einer Leistung ausbauen, von der man auch wirklich leben kann.

Dringender Handlungsbedarf müßte ja auch im Steuerrecht bestehen. Schließlich sind Familien mit zwei, drei oder mehreren Kindern gegenüber Paaren, die keine Kinder haben und wo es zwei Alleinverdiener gibt, doch erheblich benachteiligt.

Rosenkranz: Ohne jede Frage! Hier gibt es auch Vorbilder innerhalb des EU-Raumes, zum Beispiel Frankreich, das bei der Berechnung der Steuerlast die notwendigen Ausgaben für Kinder berücksichtigt. Daher erhebt die Freiheitliche Partei konsequent die Forderung nach einem Familiensplitting nach französischem Vorbild als politische Zielsetzung.

Auch wenn es von der Freiheitlichen Partei derartige Konzepte gibt: Wenn man die demographische Entwicklung anschaut, ist es dann nicht schon zu spät, um gegenzusteuern?

Rosenkranz: Dazu kann es nie zu spät sein! Wenn es darum geht, dem eigenen Land und dem eigenen Volk eine Zukunft zu sichern, kann es nie zu spät sein! Aber eines steht fest: Die demographische Verfassung eines Volkes ist wie ein schwerfälliger Dampfer. Jedes Manöver zeigt seine Auswirkungen erst mit einer bestimmten Zeitverzögerung. Wenn es uns heute gelingt, die Geburtenrate wieder auszugleichen, bleiben die Folgen der vergangenen Jahrzehnte noch bestehen. So konnte es auch – von vielen ignoriert – zu der krassen Fehlentwicklung kommen. Schon seit den 70er Jahren des vorigen Jahrhunderts haben wir mehr Sterbefälle als Geburten zu verzeichnen. Erst im Jahr 2000 ist es schön langsam darüber zu einer politischen Debatte gekommen. Mittlerweile muß die Binsenweisheit jedem klar sein, daß man zwar eine zeitlang die Kosten für das Aufziehen eigener Kinder gespart hat, aber jetzt zu wenig erwachsene Menschen hat, um die Pensionisten zu versorgen. Weil auch eine Reparatur der demographischen Grundlage erst nach einiger Zeit wirksam wird, ist es umso dringender, daß man sofort damit beginnt.

In der familienpolitischen Diskussion stehen zumeist die Anliegen der Frauen im Vordergrund, während jene der Männer, um ein Beispiel zu nennen, das der Väter, denen nach der Trennung das Besuchsrecht zu ihren Kindern verweigert, eine bestenfalls untergeordnete Rolle spielt. Woher kommt diese Ungleichgewichtung?

Rosenkranz: Das Ausspielen bzw. das Gegeneinandersetzen von Männern und Frauen, ist eine der Taktiken des Feminismus und ein Vorgehen, das den gesellschaftlichen Verhältnissen im gesamten absolut nichts Gutes tut. Ohne jeden Zweifel – und das sage ich auch als Mütter von sechs Töchtern – ist mir der gesellschaftliche Stellenwert von Frauen, von jungen Frauen, von Müttern, ein ganz besonders hohes Anliegen. Aber durch einen „Geschlechterkrieg“ gegen Männer und Väter kann das niemals erreicht werden.

 
Das Gespräch führte Bernhard Tomaschitz.

vendredi, 04 décembre 2009

Entretien avec Tomislav Sunic - Journal "zur Zeit" (Vienne)

sunic0000.jpgArchives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1998

Entretien avec Tomislav Sunic

Journal zur Zeit (Vienne)

 

Tomislav Sunic est né en 1953 à Zagreb. Il est l'auteur de trois ouvrages importants: Against Democracy and Equality. The European New Right et Dissidence and Titoism (tous deux chez Peter Lang à Berne/Francfort) et Americka Ideologija (= L'idéologie américaine). A cause de sa dissidence politique, il a dû émigrer aux Etats-Unis en 1983, où il a étudié et obtenu son doctorat à la California State University à Sacramento et à l'University of California à Santa Barbara. Il a écrit pour plusieurs journaux aux Etats-Unis et enseigné à la California State University à Long Beach et au Juniata College en Pennsylvanie. Depuis 1993, il est revenu en Europe. Il écrit aujourd'hui pour Chronicles of American Culture et pour les journaux croates Hrvatsko Slovo et Matica. Robert Steuckers l'a interrogé pour l'hebdomadaire viennois zur Zeit.

 

Q.: Dr. Sunic, dans quel contexte familial avez-vous grandi? Quelles sont les influences idéologiques que vous a transmises votre père?

 

TS: Mon père était avocat, il défendait les dissidents politiques. Deux fois, il a été emprisonné pour non-conformité politique dans la Yougoslavie communiste. Il était hostile au communisme et fortement imprégné du catholicisme paysan croate. Amnesty International  l'a adopté comme exemple, parce qu'en 1985 il était le prisonnier politique le plus âgé du bloc communiste est-européen. La Frankfurter Allgemeine Zeitung et le journal Die Welt se sont engagés pour lui. Nous vivions dans des conditions très modestes, nous n'avions ni télévision ni voiture. Mon père pensait que seuls les livres transmettaient une culture réelle. Nous subissions sans cesse toutes sortes de tracasseries; mon père a rapidement perdu le droit d'exercer sa profession. Pendant la guerre, il n'avait nullement appartenu au parti oustachiste et se montrait plutôt critique à l'égard du système politique de Pavelic. Mon père a simplement servi dans les unités de défense territoriale (Domobran). Il a aujourd'hui 83 ans et a publié ses mémoires en 1996 sous le titre Moji “inkriminari” zapisi (= Mes papiers “incriminés”), ce qui a suscité beaucoup d'intérêts dans le nouvel Etat croate.

 

Q.: Comment décririez-vous votre propre voie philosophique et idéologique?

 

TS: Pour être bref, je commencerais par dire que je suis un “réactionnaire de gauche” ou un “conservateur socialiste”. Je n'appartiens à aucune secte, à aucun parti théologien et idéologue. J'étais anti-communiste comme mon père mais, quand j'étais jeune, ma révolte personnelle a pris l'aspect du hippisme. Je me suis rendu à Amsterdam puis en Inde, à Srinagar au Cashemir et dans la ville de Goa. L'alternative au communisme, pour moi, était, à l'époque, la communauté hippy. Je m'opposais à toutes les formes d'établissement, quelle qu'en ait été la forme idéologique. J'ai cependant bien vite compris que le hippisme était une triste farce. Pour m'exprimer sans détours: “Même en tirant des joints, les hippies ont réussi à reproduire une sorte de hiérarchie accompagnée de toutes les hypocrisies possibles”. Cela vaut également pour le féminisme et le mouvement gay. Ma seule consolation a été la lecture des grands classiques de la littérature mondiale. Eux seuls sont les antidotes aux conformismes. Enfant, je lisais Tintin en français, Karl May en allemand, de même que le poète Nikolas Lenau. Adolescent, j'ai continué à lire des livres allemands, français et anglais. C'est armé de cette culture livresque et de mon expérience hippy que j'ai découvert la musique rock, notamment Krafwerk et Frank Zappa, qui était tout à la fois anarchiste, pornographe et non-conformiste. Zappa a été très important pour moi, car il m'a appris la puissance de la langue réelle contre les hypocrisies des établis. Avec lui, j'ai appris à maîtriser le slang américain, que j'utilise très souvent dans mes écrits, afin de tourner en dérision l'établissement libéral de gauche, mais cette fois avec l'ironie et le sarcasme du conservateur.

 

Q.: Pouvez-vous nous dire quelques mots sur vos études?

 

TS: En Croatie, au temps de la domination communiste, j'ai étudié la littérature, les langues modernes et la littérature comparée. En 1977, j'avais achevé mes études. Sur les plans esthétiques et graphiques, je ne pouvais plus supporter le yougo-communisme, la langue de bois et l'économie népotiste des Balkans. Cela me faisait littéralement gerber. En 1980, j'ai saisi la première occasion venue pour sortir du pays en travaillant comme interprète dans une entreprise yougoslave en Algérie. En 1983, j'ai émigré aux Etats-Unis. Là-bas, je me suis aussitôt plongé dans la littérature non-conformiste. A cette époque, mes auteurs favoris étaient Kerouac et le Français Barbusse; j'ai aussi lu Sartre, non pas parce qu'il était homme de gauche, mais parce qu'il était un dénonciateur caustique, il démasquait les hypocrisies. Je n'oubliais pas Hermann Hesse qui me rappelait mon voyage en Inde.

 

Q.: Aux Etats-Unis, vous avez découvert le néo-conservatisme américain...

 

TS: Je dois d'abord vous préciser que le néo-conservatisme américain ne peut pas être mis sur pied d'égalité avec le néo-conservatisme européen. Ce sont des écoles de pensée différentes. Ensuite, la gauche, la droite, qu'est-ce que cela signifie encore aujourd'hui? Je préfère distinguer les gens entre conformistes et non-conformistes. Mais dans les milieux néo-conservateurs américains, l'homme qui m'a le plus impressionné est Thomas Molnar. C'était lui mon maître-à-penser, sans doute parce qu'il est Hongrois et appartient à l'espace culturel de l'ancienne monarchie austro-hongroise. A l'évidence, Molnar est un conservateur, mais il reste un homme capable de manier l'ironie avec beaucoup d'humour. C'est ainsi que Molnar va toujours à l'essentiel. Ensuite, le spécialiste américain de Hegel et de Schmitt, Paul Gottfried, a exercé sur moi une profonde influence. J'ai ensuite connu Paul Fleming, qui dirige le journal Chronicles of American Culture. Je fais partie de son équipe rédactionnelle depuis plus de dix ans. En dépit de mes excellents contacts avec les néo-conservateurs américains, je suis resté une âme rebelle; c'est pourquoi je me suis intensément proccupé de la nouvelle droite ou du néo-conservatisme en Europe, notamment de l'œuvre d'Armin Mohler avec sa vision du “réalisme héroïque”, des travaux de Caspar von Schrenck-Notzing et de son hostilité à la dictature de l'“opinion publique”, des écrits de Gerd-Klaus Kaltenbrunner avec sa fascination pour la beauté dans notre monde en ruines, pour de Benoist et la synthèse qu'il a offerte dans Vu de droite. J'ai lu les auteurs que recommandaient les nouvelles droites européennes. Mon livre sur la nouvelle droite est en fait le résultat de mon plongeon dans cet univers culturel. Cependant, le label “nouvelle droite” peut être trompeur: je préfère parler de ce mouvement culturel, du moins pour son volet français, de “grecisme”. Je partage là la vision de de Benoist quand il conçoit son propre mouvement comme une centrale de recherche dynamique visant le maintien de la vivacité de notre culture européenne. Inutile d'ajouter que j'ai apprécié Céline (avec son âpre argot parisien qui détruit préventivement toutes les certitudes établies), Benn et Cioran, avec leur style inimitable. Ils restent tous trois les auteurs favoris du rebelle, que je suis et resterai.

 

Q.: En 1993, vous êtes rentré en Croatie et en Europe. Comment jugez-vous la situation en Europe centrale et orientale?

 

TS: Le destin de la Croatie est étroitement lié à celui de l'Allemagne, quel que soit par ailleurs le régime politique qui règne dans ce pays. Comme le disait le fondateur suédois de la géopolitique, Rudolf Kjellén: “on ne peut échapper à sa détermination géopolitique”. D'autre part, Erich Voegelin nous a appris que l'on peut certes rejeter les religions politiques comme le fascisme ou le communisme, mais que l'on ne peut pas échapper au destin de sa patrie. Le destin allemand, celui d'être encerclé, est comparable au destin croate, même si la Croatie n'est qu'un petit pays de la Zwischeneuropa. Un facteur géographique lie les Allemands et les Croates: l'Adriatique. Le Reich et la Double-Monarchie austro-hongroise ont été des Etats stables tant qu'ils ont bénéficié d'une ouverture sur la Méditerranée par la côte adriatique. Les puissances occidentales ont toujours tenté de barrer la route de l'Adriatique aux puissances centre-européennes: Napoléon a verrouillé l'accès de l'Autriche à l'Adriatique en annexant directement la côte croate à la France. C'était les “départements illyriens”. Plus tard, les architectes du désordre de Versailles ont réussi à parfaire magistralement cette politique. L'Allemagne et l'Autriche ont perdu leur accès à la Méditerranée et la Croatie a perdu son hinterland centre-européen et sa souveraineté. C'est là la clef du drame croate au cours du XXième siècle.

 

Q.: La Croatie sera-t-elle en mesure de trancher le nœud gordien? Pourra-t-elle utiliser sa position entre la Mitteleuropa et la Méditerranée de façon optimale?

 

TS: Notre classe moyenne et notre intelligentsia ont été totalement liquidées par la répression titiste après 1945. D'un point de vue sociobiologique, ce fut la pire catastrophe pour le peuple croate. La circulation optimale et normale des élites n'a plus été possible. L'“homo sovieticus” et l'“homo balkanicus” ont dominé le devant de la scène, au détriment de l'“homo mitteleuropeus”.

 

Q.: Comment voyez-vous les relations futures entre l'Etat croate et ses voisins dans les Balkans?

 

TS: Tout mariage forcé échoue. Deux fois au cours de ce siècle, le mariage entre la Croatie et la Yougoslavie a échoué. Il vaudrait mieux vivre avec les Serbes, les Bosniaques, les Albanais et les Macédoniens en bons voisins qu'en mauvais époux qui ne cessent de se quereller. Tous les peuples de l'ancienne et de l'actuelle Yougoslavie devraient pouvoir disposer de leur Etat. L'expérience yougoslave est un exemple d'école qui montre clairement l'échec de toute multiculture imposée de force.

 

Q.: Que se passera-t-il après Tudjman?

 

TS: L'avantage principal de Tudjman a été de dénoncer totalement l'historiographie propagandiste du yougo-communisme. Pour une grande partie, il a contribué à guérir le peuple croate et surtout sa jeunesse des affres de la falsification de l'histoire.

 

Q.: Docteur Sunic, nous vous remercions de nous avoir accordé cet entretien.

(propos recueillis le 13 décembre 1997).

samedi, 28 novembre 2009

Lituania, Polonia y Ucraina unidos militarmente

102.jpgLituania, Polonia y Ucrania unidos militarmente

Lituania, Polonia y Ucrania han creado una unidad militar conjunta que estará compuesta por entre 2 y 5 mil soldados. Así se anunció en Bruselas en el marco de una reunión de ministros de Defensa de la Unión Europea.

La sede estará situada en Polonia. Lituania y Polonia son miembros de la OTAN. Ucrania quiere ingresar en la Alianza Atlántica y adherirse a la Unión Europea a pesar de la oposición de Rusia.

Según Varsovia, la creación de la unidad militar tiene como objetivo ayudar a Ucrania. Moscú se opone a que cada vez más países del Este quieran unirse a la OTAN, su antiguo enemigo.


Extraído de Radio Nederland.

~ por LaBanderaNegra en Noviembre 17, 2009.

mercredi, 25 novembre 2009

Les mémoires de Jaruzelski

Jaruzelski_01.jpgArchives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1996

Les mémoires de Jaruzelski: notes sur le rôle de l'homme d'Etat

 

Au début de l'été 1992, le général polonais Wojciech Jaruzelski publiait un livre de mémoires politiques. Il y décrivait les événements politiques qui ont secoué la Pologne à partir du 13 décembre 1981, jour où l'état de siège a été proclamé. Moscou craignait qu'une Pologne déstabilisée ferait vaciller le système de domination soviétique. Raison pour laquelle l'ordre communiste fidèle à Moscou devait être promptement rétabli. Jaruzelski a donc reçu pour mission de maintenir son pays dans l'orbite soviétique, même en faisant usage de la violence, si cela s'avérait nécessaire. Les chapitres de son livre dévoilent des réalités peu connues de l'histoire polonaise des années 1980-85. Bien que “socialiste” et adepte du “socialisme réellement existant” de l'époque et du système soviétique, le militaire Jaruzelski nous apparaît toutefois, après les événements tumultueux du début des années 80, comme une sorte de “katechon” conservateur, c'est-à-dire, pour reprendre la définition de Carl Schmitt, comme un homme d'Etat qui se donne pour tâche de rétablir l'ordre et de préserver les institutions de son pays du chaos et du déclin. Bien entendu, pour nous, le communisme reste un corps étranger à la nation polonaise et le mouvement “Solidarité” de Walesa une expression spontanée de la colère populaire. Néanmoins, tout observateur neutre, aujourd'hui, admettra que des services spéciaux étrangers ont manipulé “Solidarnosc”, dans le but évident de faire sauter le système soviétique, déjà sérieusement gangréné. Cette opération de déstabilisation ne pouvait évidemment s'effectuer que là où le système était le plus faible, entre le grand espace soviétique et le territoire de l'ex-RDA (qui, disposant du balcon thuringien, servait de base au fer de lance du Pacte de Varsovie).

 

Les forces consrvatrices et les militaires de l'orbite soviétique ne pouvaient pas tolérer un développement, certes démocratique, mais néanmoins “aventureux” dans le rapport de forces de l'époque. Jaruzelski a été chargé de sauver la situation: en tant que militaire, il a obéi aux ordres de ses supérieurs du monde politique. L'état d'esprit de Jaruzelski se révèle clairement dans le livre. On peut le qualifier de conservateur-mainteneur, de “katechonique”, au sens où l'entendait Carl Schmitt. Plusieurs extraits de l'ouvrage en attestent: «On ne choisit pas l'espace historique et géographique dans lequel on nait. Parmi les hommes de ma génération, on en trouve très peu qui soient taillés d'un seul morceau de bois. La vie nous a formé avec les copeaux du destin et sur les croisées des chemins. Nous étions les enfants de notre époque, de notre milieu, de notre système. Chacun, à sa façon, est sorti de ce cadre. Mais tous ceux qui en sont rapidement sortis ne méritent pas notre respect. Et ceux qui n'en sont sortis que fort tard ne méritent pas tous notre mépris. Le plus important, c'est de savoir par quoi ces hommes se sont laissé guider individuellement, comment ils se sont comportés, ce qu'ils ont fait et ce qu'ils sont devenus aujourd'hui en tant qu'hommes» (p. 8). «En tant que soldat, je sais qu'un chef militaire, que tout supérieur hiérarchique est responsable pour tout et pour tous. Le mot “excuse” peut ne rien signifier, mais je ne trouve pourtant pas d'autres mots. Je voudrais ne demander qu'une seule chose: s'il y a des hommes pour qui le temps n'a pas guéri les blessures, n'a pas apaisé la colère, alors qu'ils tournent cette colère surtout contre moi, mais non pas contre ceux qui, dans des circonstances données, honnêtement et de bonne foi, ont sacrifié de nombreuses années de leur vie et donné toute leur capacité de travail pour la reconstruction de notre patrie» (p. 9).

 

Dans sa conclusion, Jaruzelski s'exprime dans un style clairement “katechonique”: «Des situations et des mesures exceptionnelles conduisent souvent à des flots de sang. Nous savons que dans de nombreux pays, l'état d'exception a coûté la vie à des milliers et des milliers d'hommes. Nous, en revanche, avons pris cette décision dramatique, afin, justement, de ne pas déboucher sur une telle tragédie. En grande partie, nous avons réussi ce coup de poker. Malheureusement, pas à 100%. Dans la mine de Wujek, on a dû faire usage d'armes à feu et neuf mineurs sont morts. Cet événement douloureux jette encore aujourd'hui une ombre sur l'ensemble des décisions prises à cette époque» (p. 465). Sa prise en compte objective et froide des forces humaines en présence sur l'échiquier politique révèle une proximité de pensée entre Jaruzelski et les conservateurs “katechoniques” comme Donoso Cortés, Joseph de Maistre ou Constantin Frantz: «Dans l'appareil du pouvoir, il y avait beaucoup d'hommes réfléchis, cultivés et expérimentés. Malheureusement, une somme de têtes intelligentes ne donne pas automatiquement un surplus d'intelligence. Souvent, on est tiré vers le bas par les idiots qui, par fanatisme, démagogie et arrogance, font en sorte que même les meilleures intentions sont exprimées en un langage faux et inacceptable. Tant pour des raisons objectives que pour des raisons subjectives, l'assise gouvernementale n'a pas été substantiellement élargie. Beaucoup d'hommes de valeur, qui ne voulaient s'engager ni d'un côté ni de l'autre, ont été poussés dans la marginalité» (p. 466).

 

Le général polonais perçoit parfaitement la différence entre mythologie et pragmatisme sur l'échiquier politique: «La mythologie est une composante ineffaçable de la vie de toute société. Le concept d'“éthique de la solidarité (Solidarnosc)” n'échappe pas à cette coloration mythologique, même s'il perd considérablement de son tonus aujourd'hui. C'est sans doute Pilsudski qui a dit, un jour, que les Polonais “ne pensaient pas en termes de faits, mais de symboles”. Le pragmatisme a d'incontestables avantages en politique et devrait en fait servir de guide pour toutes les équipes dirigeantes. Mais le pragmatisme seul ne suffit pas. Il demeure sec et gris si ses représentants n'en appellent pas en même temps aux fondements émotionnels de la conscience collective et individuelle» (p. 469). Jaruzelski reste sceptique lorsqu'il observe l'emprise totale du libéralisme économique dans les anciens pays du bloc de l'Est: «Je crains que diverses paroles vengeresses qui appellent à la “dé-communisation” ne détournent notre attention des objectifs essentiels; elles pourraient conduire à un éparpillement des efforts de notre société. Ce serait mortel pour la Pologne, au véritable sens du mot. Cela ne peut que nuire aux intérêts de notre pays, si l'on cherche des objectifs de remplacement dans ce monde marqué par la rivalité, la compétition et la concurrence et qu'on gaspille dans une telle démarche les énergies de la société» (p. 470).

 

Jaruzelski a donc défendu et sauvé un Etat imprégné de soviétisme, sans, semble-t-il, être un adepte de l'idéologie communiste. Pourquoi a-t-il alors agit de la sorte? Le chapitre 28 de son livre nous donne une réponse très détaillée et fort intéressante. Le principal, pour le Général, était de sauver la souveraineté de la Pologne: «Y avait-il une chance pour la Pologne, après la seconde guerre mondiale, d'exister en tant qu'Etat pleinement indépendant sans influence soviétique? (...) Les conférences de Téhéran, Yalta et Potsdam déterminent l'histoire contemporaine et les historiens en discutent à l'infini (...). La majorité des politiciens de cette époque ont dû, bon gré mal gré, accepter les accords de Yalta, les considérer comme le réel donné (...). L'ordre existant forçait aussi la Pologne à accepter ses règles et déterminait la marge de manœuvre du pays. En tant que militaire, je ne pouvais pas agir comme si je ne le savais pas» (pp. 302-303).

 

Jaruzelski rappelle ensuite à ses lecteurs une lettre qu'il a écrite en 1945 à sa mère et à sa sœur: «Je suis obligé de servir la Pologne et de travailler pour elle, peu importe les contours qu'elle prendra et les sacrifices qui seront exigés de nous» (p. 304). Le jeune officier polonais de l'époque voulait servir son pays sous la forme d'un Etat réellement existant, servir une Pologne “peu importe les contours" qu'elle aurait pris; le jeune Jaruzelski voulait se donner ce devoir et le hisser au-dessus de toutes les autres considérations. Les patriotes allemands estimeront sans doute que cette profession de foi est peu pertinente et intenable, mais, pour le meilleur et pour le pire, elle est bel et bien une attitude typique dans le corps des officiers polonais, où le service et le devoir semblent être plus importants que les facteurs ethniques et historiques ou que les constructions idéologiques. Jaruzelski esquisse, dans ce 28ième chapitre, la teneur des querelles qui ont opposés les Polonais de Londres, rassemblés autour du Général Anders, et les Polonais de Moscou. Les puissances occidentales n'ont jamais garanti les frontières occidentales de la Pologne, au contraire de l'URSS. Aux yeux de Jaruzelski, l'Union Soviétique apparaissait dès lors comme un garant fiable et un allié solide. Seule l'URSS, à l'époque, garantissait l'existence d'un Etat polonais dans des frontières fixées une fois pour toutes et clairement tracées. Les Polonais de Londres voulaient restaurer les frontières de 1939, ce que les Soviétiques n'auraient jamais accepté, parce que la Pologne avait annexée en 1921 de larges portions des territoires biélorusse et ukrainien. Comme les Soviétiques avançaient vers l'Ouest et disposaient de la plus puissante armée, la Pologne risquait d'être réduite aux dimensions qu'elle avait après le Congrès de Vienne en 1815, c'est-à-dire les dimensions et la configuration géographique d'un pays très réduit, aux frontières démembrées, impossibles à défendre. Cette prépondérance militaire soviétique et le refus de Moscou de rendre les territoires pris en 1921 par les armées polonaises victorieuses, a scellé le destin tragique des populations allemandes de Poméranie, de Prusse Orientale, de Dantzig, de Silésie et de Posnanie: une Pologne alliée à l'Union Soviétique devait nécessairement rendre les territoires biélorusses et ukrainiens et être élargie à l'Ouest, aux dépens des Allemands.

 

Les ennemis de Jaruzelski soulignent que la Pologne a été asservie dans le cadre du Pacte de Varsovie. A ce reproche, le Général répond qu'il existe deux formes de souveraineté limitée: 1) La limitation volontaire dans l'intérêt de l'Etat ou d'un groupe d'Etats alliés; 2) La limitation qui a les caractéristiques d'un protectorat. Jaruzelski admet que la Pologne a été un protectorat jusqu'en 1956, ensuite, elle a “bénéficié” d'une souverainté limitée dans le cadre du Pacte de Varsovie. Dans un tel cadre, Jaruzelski, en tant qu'officier, s'est fixé deux tâches principales: garder un Etat capable de fonctionner et éviter le chaos social et économique.

 

Jaruzelski cite encore les appels lancés à l'époque par les Chanceliers Kreisky (Autriche) et Schmidt (RFA) pour sauver l'ordre en Pologne, afin que le pays puisse remplir ses obligations vis-à-vis d'autres Etats et afin que la raison et la mesure demeurent maîtresses du terrain. Ensuite, ces mémoires de Jaruzelski contiennent le texte complet d'un rapport du ministre polonais des affaires étrangères Jozef Czyrek sur sa vistie au Saint-Siège (pp. 353-354) et également le rapport du Général Kiszczak sur les manœuvres des troupes soviétiques, est-allemandes et tchèques le long des frontières polonaises pendant l'automne 1981 et sur les actions des agents des services secrets à l'intérieur du pays. Si Jaruzelski n'avait pas proclamé l'état de siège le 13 décembre 1981, les troupes du Pacte de Varsovie seraient entrées en Pologne le 16, afin de sauver le peuple polonais du “garot de la contre-révolution”. Exactement selon le même schéma qu'à Prague en 1968.

 

L'action de Jaruzelski a constitué, selon le “faucon anti-communiste” américain, Zbigniew Brzezinski, le passage de l'“autoritarisme communiste” à l'“autoritarisme post-communiste”. Solidarnosc n'a pas été interdit, comme l'avait demandé le Pape à Czyrek, mais a été dompté avant de préserver la Pologne d'une invasion, du chaos et de la faillite. A la lecture de ces mémoires, on pourra rester sceptique, mais la teneur de ce livre est extrêmement intéressante, non pas parce qu'il nous révèle les idées d'un général polonais soviétophile, mais parce qu'il nous dévoile très précisément comment fonctionne la conscience du devoir chez un militaire, contraint par les événements à intervenir directement dans la politique. L'esprit militaire, le catholicisme, la russophilie et le communisme se mêlent étroitement, de façon très étonnante, dans les mémoires de Jaruzelski. Tous ces ingrédients forment en dernière instance un mélange instable, correspondant à l'identité polonaise réellement existante.

 

Robert STEUCKERS.

 

Wojciech JARUZELSKI, Hinter den Türen der Macht. Der Anfang vom Ende einer Herrschaft, Militzke Verlag, Leipzig, 1996, 479 p., ISBN 3-86189-089-5.

mardi, 17 novembre 2009

L'Allemagne à la croisée des chemins

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1997

L'Allemagne à la croisée des chemins

Intervention de Robert Steuckers au séminaire d'Ile-de-France de «Synergies Européennes», le 26 octobre 1997

 

Généralement, les observateurs des réalités allemandes en dehors de l'espace linguistique germanophone sont assez peu attentifs à certaines définitions que les Allemands donnent d'eux-mêmes. Certes, la culture allemande mettant principalement l'accent sur le particulier, ces définitions varient à l'infini: elles dépendent des options idéologiques ou philosophiques personnelles des auteurs, de leurs idiosyncrasies. Mais il en est une qui résume bien l'inquiétude voire la névrose allemande: c'est la définition de l'Allemagne comme “verspätete Nation”, comme nation retardée, comme nation “en retard”, comme nation “tard-venue” sur l'échiquier européen et international. Ce concept de “verspätete Nation” a été forgé par le philosophe Helmuth Plessner, peu connu des germanistes français et a fortiori du grand public, malgré qu'il ait été un opposant au régime hitlérien, contraint à l'exil. Pour Plessner, les Allemands, en tant que “tard-venus” sur la scène politique internationale, ne parviennent pas à rattraper le retard qui les sépare des Français ou des Anglais, voire des Russes, essayent de développer des idéologies de l'accélération, cherchent désespérément à se débarrasser de ballasts du passé, conservent une certaine immaturité politique (qui se traduit par le moralisme, le chauvinisme, l'exaltation, etc.), due à l'absence de “grandes idées incontestables” (au sens où l'entendaient en France Hauriaux ou Charles Benoist).

 

Plessner et tous ceux qui partagent sa vision de l'histoire allemande constatent que du XVIIième siècle à Bismarck, le Reich est un territoire éclaté, à la merci de toutes les puissances voisines, en dépit de la lente puis fulgurante ascension de la Prusse. Richelieu s'était érigé en protecteur des “libertés allemandes”, entendons par là le protecteur de tous les séparatismes et de tous les particula­rismes, qui tirent à hue et à dia, empêchant les diverses compo­santes de la germanité continentale de fusionner en une unité politique cohérente. Churchill en 1945-46 prônait une version britannique de cette stratégie en cherchant à imposer au Reich vaincu un fédéralisme séparatiste, que les critiques allemands nommeront bien vite “fédéralisme d'octroi”. A ce morcellement territorial s'ajoute la division confessionnelle entre catholiques et protestants. Même si cette division s'estompe aujourd'hui, elle a eu des effets calamiteux à long terme sur l'histoire allemande: l'Empereur Ferdinand II, champion du camp catholique, annonçait à tout qui voulait l'entendre qu'il préférait régner sur un désert plutôt que sur un pays peuplé d'hérétiques. La logique d'une guerre civile sans compromis, menée jusqu'à l'absurde et la folie, a frappé l'Allemagne dès les premières décennies du XVIIième siècle. Wallenstein, génial chef de guerre au service de cet Empereur catholique fanatique, s'est rapidement rendu compte de la folie et de l'aveuglement du monarque: il a fait de timides propositions de paix, suggéré un plan de réconciliation. Il a été assassiné.

 

«Grand siècle» et «Siècle des malheurs»

 

La mécompréhension fondamentale entre Allemands et Français, qui a débouché sur les trois guerres franco-allemandes de ces 150 dernières années, provient directement des événements terribles du XVIIième siècle. La France a connu à cette époque son grand siècle et y a forgé les puissants ressorts de sa culture et de son prestige. L'Allemagne a été plongée dans l'horreur et la misère. Les manuels scolaires français parlent du “Grand Siècle”, tandis que leurs équivalents belges parlent du “Siècle des malheurs” et que la littérature allemande a produit cette grande fresque tragique de Grimmelshausen, qui brosse un tableau de feu et de cendres: celui des misères de la guerre de Trente Ans, affrontées avec un stoïcisme amer par “Mère Courage”, l'héroïne de Grimmelshausen qui a inspiré Brecht en ce siècle.

 

Au XVIIIième siècle, quand le mariage entre Louis XVI et Marie-Antoinette induit une trêve dans la guerre séculaire entre la monarchie française, alliée des Turcs, et l'Autriche, porteuse de la dignité impériale, la philosophie de l'histoire de Herder prône un retour aux Grecs, aux Germains, aux héritages pré-chrétiens et aux racines premières des cultures européennes. Cette orientation philosophique s'explique partiellement par une volonté de dépasser les clivages confessionnels, générateurs de guerres civiles atroces et sans solution. Pour éviter la césure protestantisme/catholicisme, pour éviter toute réédition du “siècle des malheurs”, la philosophie se laïcise; le néo-paganisme dérivé d'une lecture anti-chrétienne de Herder (chez Reynitzsch par exemple), le jacobinisme mystique et national de Fichte, sont les manifestations diverses d'une volonté de paix civile: si l'Allemagne dépasse les clivages religieux qui la traversent, si un néo-paganisme dépasse les confessions chrétiennes qui se sont entredéchirées, si l'idéologie idéaliste et nationaliste de l'unité nationale triomphe, paix et prospérité reviendront et la culture s'épanouira, pensent à cette époque les philosophes allemands, avec une certaine dose de naïveté.

 

De Bismarck à Weimar

 

Au début du XIXième siècle, le nationalisme radical, exprimé par des figures comme Arndt ou Jahn, est une idéologie unificatrice voire centralisatrice appelé à effacer sur le territoire allemand le morcellement politique dû à la diplomatie de Richelieu. Bismarck, quelques décennies plus tard, fournit à son pays un appareil diplomatique solide, visant un équilibre des puissances en Europe, notamment par des accords tacites avec la Russie. Guillaume II ruinera cet équilibre en multipliant les maladresses. L'effondrement de l'équilibre bismarckien a conduit aux boucheries de la Grande Guerre et, pour l'Allemagne, à la défaite de 1918 et à la proclamation de la République de Weimar.

 

Cette république de Weimar dispose d'une souveraineté limitée, avec une armée réduite (qui esquive toutefois les clauses du Traité de Versailles en coopérant en Russie avec l'Armée Rouge), avec une monnaie anéantie et une économie “pénétrée” par les capitaux américains. A tout cela s'ajoute une occupation militaire française en Rhénanie et dans la Ruhr, à laquelle succède la démilitarisation de la rive gauche du Rhin. Les Allemands perçoivent cette situation comme une terrible vexation, injuste à leurs yeux car leur nation, disent-ils, est importante et grande sur les plans démographique, culturel et scientifique. Les Alliés, dit la propagande nationaliste sous Weimar, prouvent leur barbarie en confisquant tout avenir aux enfants allemands, en méprisant les productions culturelles et scientifiques allemandes, pourtant indépassables.

 

1945: finis Germaniae

 

En 1945, après l'effondrement du IIIième Reich, la défaite est encore plus cuisante et humiliante. La totalité du territoire  —et non plus les seules régions de Rhénanie et de la Ruhr—  est divisée en quatre zones d'occupation (quant aux provinces de Poméranie, de Posnanie et de Silésie, elles passent sous “administration polonaise” avant d'être purement et simplement annexées). Pendant quatre ans, de 1945 à 1949, le pouvoir est exercée par les Alliés, y compris le pouvoir judiciaire. En dépit de la naissance des deux Etats allemands en 1949, la RFA, à l'Ouest,  est jugulée dans sa souveraineté. A partir de 1955, 90% des effectifs de l'armée ouest-allemande sont versés dans les unités de l'OTAN, donc se retrouvent sous commandement américain (seuls quelques régiments de police en Bavière et dans le Baden-Wurtemberg et les régiments de gardes-frontières sont sous commandement allemand autonome). C'est dans les 10% hors OTAN que se sont recrutées récemment les unités de l'Eurocorps.

 

Il me paraît bon de rappeler sommairement, pour des raisons didactiques, quelques grandes étapes de l'histoire de la RFA:

1. De 1945 à 1949, nous avons donc un système d'occupation totale, sans aucun espace de souveraineté allemand.

2. En 1949, la RFA se donne une constitution fédérale, avec l'approbation des Alliés occidentaux qui croient ainsi affaiblir l'Etat allemand. La zone soviétique se constitue en un Etat de facture soviétique.

3. En 1952, Staline propose la réunification allemande, le rétablissement de la souveraineté allemande dans un Etat démocratique fort, neutre et soustrait à l'influence directe des puissances occidentales.

4. En 1955, la RFA adhère à l'OTAN et récupère la Sarre que la France voulait annexer. Le retour de la Sarre à la mère-patrie allemande a été baptisé la “petite réunification”, dans la mesure où la RFA a mis au point un système d'“annexion monétaire”, répété à plus grande échelle lors de la “grande réunification” de 1989/90. La France s'en tire avec une consolation: elle garde une station de radio (Europe n°1) en Sarre et espère influencer les esprits. Ce sera un échec, mais cette politique est pratiquée aujourd'hui, avec des visées annexionistes au Luxembourg (via RTL), en Wallonie et dans la périphérie de Bruxelles.

5. En 1963, on assiste au rapprochement franco-allemand.

6. En 1967/68, l'Allemagne est secouée par l'effervescence étudiante et contestatrice, qui introduit les manies de 68 dans la société allemande, restée jusque là très traditionnelle et conventionnelle. Cependant, Rudi Dutschke, leader contestataire, est en faveur de la souveraineté nationale, contrairement aux soixante-huitards français, qui ont contribué à torpiller la voie indépen­dan­tiste et non alignée du gaullisme des années 60.

7. Après l'effervescence étudiante, s'ouvre l'Ostpolitik (= la politique à l'Est) de la “grande coalition” socialiste et démocrate-chrétienne (CDU + SPD), orchestrée par Kiesinger et Willy Brandt. Cette ouver­ture au bloc de l'Est inquiète la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, qui craignent un nouveau rapprochement germano-so­viétique.

8. De 1980 à 1983, l'affaire des euromissiles secoue durablement la société allemande et interpelle la gauche, dont les intellectuels redécouvrent subitement la valeur “nation”. On voit éclore le “natio­nal-pacifisme”, le “national-neutralisme”, discutés avec passion à droite comme à gauche, sans aucune exclusion ni anathème. Dans ces débats innombrables, on propose une réunification allemande dans la neutralité, comme pour l'Autriche, où les Verts rêvent d'une démilitarisation quasi totale, tandis que les nationalistes (de droite) entendent protéger cette neutralité par un surarmement et par un appel à la “nation armée” sur les modèles de la Suisse et de la RDA communiste (Be­triebskampfgruppen, etc. [= Groupes de combat organisés dans les entreprises de l'Etat socialiste est-allemand]).

9. En 1985, Gorbatchev annonce la glasnost et la perestroïka, assouplissant du même coup, après la parenthèse du premier mandat de Reagan, les rapports Est-Ouest. L'espoir de voir advenir une réunification et une neutralisation de l'Allemagne augmente.

10. En 1989, la réunification est un fait accompli, mais

a) les esprits n'y étaient pas préparés, aucun des scénarii prévus ne s'est réalisé et

b) le nationalisme traditionnel, qui croyait être le seul à pouvoir suggérer des solutions acceptables, bien ancrée dans lestraditions historiques, a été pris de cours. Quant à la gauche “nationale-pacifiste”, ses scenarii n'ont pas davantage été mis en pratique. La réunification a laissé les intellectuels de droite comme de gauche dans un certain désarroi voire une certaine amertume.

 

Pôle franco-allemand et alliance avec les “crazy states”

 

Exemple: figure de proue de la droite conservatrice allemande, Armin Mohler, du temps du duopole américano-soviétique, avait énoncé un projet pour une politique internationale souveraine de l'Allemagne, reposant sur deux stratégies principales:

a) le renforcement du pôle franco-allemand (sa vision gaullienne), pour faire pièce aux Anglo-Saxons et aux Soviétiques et

b) le pari sur tous les Etats que les Américains qualifiaient de “crazy States” (Corée du Nord, Libye, Chine, etc.), pour échapper à l'étranglement de l'alliance atlantique, comme De Gaulle avait développé une diplomatie alternative dans les pays arabes, en Inde, en Amérique latine, en Roumanie, etc. En 1989, la Libye était quasi éliminée de la scène internationale, mise au tapis par les raids américains de 1986. Restait la Chine, mais tout rapprochement germano-chinois ne risque-t-il pas d'envenimer les relations germano-russes, d'autant plus qu'il existe virtuellement un tandem Pékin-Washington dirigé contre Moscou et régulièrement réétabli et renforcé? La Russie, abandonnant ses crispations du temps de la guerre froide, acceptant de bon gré la réunification, pouvait-elle être considérée encore comme un adversaire, ce qu'elle était du temps de la guerre froide?

 

1989 ou la fin de la foi dans le progrès

 

En 1989, le projet de Mohler, porté par un souci de dégager et la France et l'Allemagne du clivage Est-Ouest, ne peut se concrétiser. Dans la foulée de la chute du Mur et de la réunification, Hans-Peter Schwarz, éminence grise de la diplomatie allemande, ami d'Ernst Jünger et exégète de son œuvre, principal collaborateur des revues Europa Archiv, et Internationale Politik (équivalent allemand de la revue de l'IFRI français), biographe d'Adenauer, publie un ouvrage important, dont l'idée centrale est de poser l'Allemagne comme une Zentralmacht, une puissance centrale, au milieu d'un continent qui est également une civilisation (au sens où l'entend Huntington). Pour Schwarz, 1989 marque une césure dans l'histoire européenne, parce que:

1. La fin du communisme est aussi la fin de la foi dans le progrès, qui sous-tend l'idéologie dominante de la civilisation occidentale.

a) On ne peut plus croire raisonnablement aux “grands récits”, comme le signale le philosophe français Jean-François Lyotard.

b) On se rend compte des dangers énormes qui guettent notre civilisation, des dangers auxquels elle ne peut pas faire face intellectuellement donc projectuellement, vu ses fixations progressistes. Le bilan écologique de notre civilisation est désastreux (l'écologie est une thématique plus discutée et approfondie en Allemagne, même dans les cercles “conservateurs”, comme l'attestent les travaux de personnalités comme Friedrich-Georg Jünger ou Konrad Lorenz, etc.). La déforestation dans l'hémisphère nord est également catastrophique. L'épuisement des ressources naturelles, la pollution des mers, la persistance de virus non éradicables, le SIDA, le caractère invincible du cancer, prouvent que la finitude humaine est un fait incontournable et que les vœux pieux de l'idéologie progressiste n'y changeront rien.

 

2. Ce constat de la fin du progressisme induit Schwarz à demander que la RFA, élargie au territoire de l'ex-RDA, soit un Etat postmoderne, dans un concert international postmoderne, c'est-à-dire un Etat reposant sur une idéologie non progressiste, ne dépendant nullement des poncifs du progressisme dominant, dans un concert international où plus personne n'a que faire des vieilles lunes progressistes face au gâchis qu'elles ont provoqué.

 

3. La tâche d'un tel Etat est de:

- coopérer à la gestion et à l'apaisement des instabilités de l'Est, pour retrouver le sens de l'équilibre bismarckien, qui avait été bénéfique pour tous les peuples européens.

- éviter les deux écueils classiques de la politique allemande:

a) le provincialisme étriqué (souvenir du morcellement territorial), égoïste et refusant de se mettre à l'écoute des tumultes du monde;

b) la grandiloquence matamoresque à la Guillaume II, qui a braqué tous les voisins de l'Allemagne.

 

Elites défaillantes et routines incapacitantes

 

Pour Schwarz, l'Allemagne, comme tous les autres pays européens, se trouve au beau milieu d'un nouveau système international.

- Ce système nouveau a permis la réunification  —ce qui est positif—  non seulement du peuple allemand, mais aussi de tout le sous-continent européen.

- Mais la classe politique dominante n'était pas intellectuellement préparée à affronter ce changement de donne:

a) Sur le plan INTELLECTUEL, elle est inapte à saisir les nouvelles opportunités. Elle a pensé l'histoire et les relations internationales sur le mode de la division Est-Ouest, selon des critères binaires et non systémiques. Cette classe politique rejette, analyse, anathémise; elle ne cherche pas à susciter des synergies, à rétablir des liens refoulés ou tranchés par l'arbitraire de fanatiques, songeant à faire du passé rable rase. Sa pensée est segmentante; elle n'est pas systémique.

b) Cette classe politique entretient des ROUTINES INCAPACITANTES. C'est le grief principal adressé à la partitocratie traditionnelle, allemande, belge ou italienne, tant par les Verts à gauche (Scheer en Allemagne, Marie Nagy en Belgique, etc.), que par les nationalistes à droite.

c) La classe politique a peur de la nouvelle réalité internationale. Elle la commente, elle émet des idées (gedankenreich),  mais elle n'agit pas (tatenarm). Cette nouvelle réalité est celle de la globali­sation. Le monde est redevenu une jungle en même temps qu'un grand marché, qui n'autorise pas de raisonnements binaires. Il est marqué par le retour d'un certain chaos. La globalisation, en effet, n'est pas la paix, dont avaient rêvée les irénistes et qu'avaient acceptée ceux qui croyaient que les blocages de la guerre froide allaient se pérenniser à l'infini. Pour affronter cette jungle et ce grand marché, il faut une pensée de l'interdépendance entre les nations et les Etats, interdépendance qui implique une riche diversité de liens et de contacts, mais qui est aussi grosse de conflits régionaux, de guerres civiles ou de conflits de basse intensité. Cette pensée politique en termes d'interdépendance est nécessaire car, dit Schwarz, l'Allemagne ne peut être une “grande Suisse”: en effet, elle n'est pas une forteresse alpine, elle compte trop de voisins (qui peuvent lui être hostiles); il y a trop de turbulences à ses frontières (Pologne, Russie, Croatie,...).

 

Deux hantises: Kronstadt et Rapallo

 

Ces hostilités potentielles et ces turbulences sont à la base de la grande peur allemande: celle d'être encerclé. Pour Schwarz, deux hantises troublent les relations franco-allemandes: la hantise de Kronstadt (1892) qui terrifie les Allemands et celle de Rapallo (1922) qui terrifie les Français. A Kronstadt, Français et Russes s'entendent contre le Reich et le prennent en tenaille, donnant aux Allemands la désagréable sensation d'être encerclés et étouffés. A Rapallo, Allemands et Russes s'opposent de concert à l'Ouest et rassemblent leurs forces sur un espace de grande profondeur stratégique, coinçant la France contre l'Atlantique, sur une faible profondeur stratégique cette fois, que les forces conjuguées de l'Allemagne et de la Russie, modernisées et motorisées, pourraient aisément franchir d'un coup de boutoir, au contraire des forces terestres et hippomobiles de la seule Allemagne de Guillaume II, arrêtées sur la Marne par Gallieni en 1914.

 

En 1962, quand Adenauer et De Gaulle forgent l'entente franco-allemande, l'Ouest franc se donne une profondeur stratégique acceptable, capable de faire face à la Russie. Les arguments d'Adenauer ont été les suivants: en 1963, De Gaulle quitte l'OTAN, donc les Allemands doivent éviter qu'il ne négocie avec les Soviétiques et impose à Bonn un nouveau Kronstadt, plus dramatique encore, vu la présence massive des troupes soviétiques en Thuringe, à un jet de pierre du Rhin; de ce fait, argumente Adenauer, les Anglais et les Américains doivent accepter le rapprochement franco-allemand parce qu'il consolide leur dispositif de containment et constitue la garantie que la France demeurera dans le camp occidental.

 

Cette réorientation du dispositif occidental vers un pôle atlantique anglo-américain et vers un pôle européen franco-allemand a été célébrée par toute une série de manifestations symboliques, d'images fortes et médiatisables, comme le Te Deum à Reims en 1962, le développement d'une mythologie des “Champs Catalauniques” (où reliquats des légions romaines d'Occident et peuples germaniques ont uni leurs forces pour barrer la route à Attila; ces réminiscences de l'oecoumène impérial romain étaient chères à Adenauer), la parade des tankistes allemands à Mourmelon, et, après De Gaulle et Adenauer, la visite de Kohl et de Mitterrand à Douaumont en 1985, en compagnie d'Ernst Jünger.

 

Le nouveau contexte après 1989

 

Mais le nouveau contexte d'après 1989 n'est plus celui du tandem franco-allemand de De Gaulle et d'Adenauer. Quel est-il?

- En Pologne:

La Pologne, entre 1920 et 1939, appartient au “cordon sanitaire” entre l'Allemagne et l'Union Soviétique; elle en est même l'une des pièces maîtresses. La politique de Hitler a été de démanteler ce “cordon sanitaire”, par les accords de Munich qui mettent un terme à l'existence de la Tchécoslovaquie et par l'invasion de la Pologne en septembre 1939. En dépit du Pacte germano-soviétique et en dépit de l'hostilité que l'URSS avait toujours porté à la Pologne, alliée de la France, la Russie devient nerveuse en voyant ses frontières occidentales dégarnies, sans plus aucun espace-tampon, avec le géant germanique tout à coup proche de l'Ukraine et des Pays Baltes. Aujourd'hui, le Colonel Morozov, géostratège de l'armée russe, s'inquiète de voir le potentiel militaire polonais (370.000 hommes) inclus dans une OTAN qui compte aussi l'Allemagne, soit un potentiel militaire polonais à pleins effectifs, alors que la Bundeswehr est réduite, elle aussi, à 370.000 hommes pour “raisons d'économie”. Le jeu très habile des Américains consiste à créer un système de vases communiquants: diminution du potentiel allemand et augmentation du potentiel polonais, de façon à contrôler simultanément Russes et Allemands.

 

- Dans les Pays Baltes:

Les Pays Baltes faisaient partie du “cordon sanitaire”. Les Russes s'inquiètent aujourd'hui de les voir absorbés par l'économie occidentale. Allemands et Suédois investissent énormément dans ces trois petits pays d'une grande importance stratgégique. Les Allemands investissent également dans la région située entre l'Estonie et Saint-Petersbourg (Narva, Lac Peïpous, Novgorod), parce que cette zone-clef de la Russie historique est plus rentable par sa proximité avec la Baltique et que des systèmes de communications peuvent y fonctionner sans trop de problèmes (distances réduites, proximité des ports, grand centre urbain de Saint-Petersbourg, possibilité technique de dégagement des voies ferroviaires et routières en hiver, etc.). Dans cette politique d'investissement, les Allemands partagent les tâches avec les Suédois et les autres pays scandinaves.

 

- En Hongrie:

Quelques mois et quelques semaines avant la chute du Mur de Berlin, Autrichiens et Hongrois avaient commencé de concert à démanteler le Rideau de Fer le long de leur frontière. Depuis lors, la Hongrie a atteint un niveau économique acceptable, bien que non exempt de difficultés. L'Autriche connaît un boom économique, car elle retrouve son marché d'avant 1919.

 

Plusieurs options géopolitiques possibles

 

Dans ce contexte, l'Allemagne se trouve confrontée à plusieurs options géopolitiques possibles:

a) Organiser les PECO (Pays d'Europe Centrale et Orientale) selon deux axes:

1. L'axe Stettin-Trieste, renouant ainsi avec le projet du Roi de Bohème Ottokar II au moyen âge. Le souvenir de la géopolitique d'Ottokar II est le motif qui a poussé la diplomatie allemande à reconnaître rapidement la Slovénie et la Croatie. Géopolitiquement parlant, il s'agit d'unifier toute le territoire européen situé entre l'Istrie adriatique, pointe la plus avancée de la Méditerranée vers le centre du continent, et Stettin, port baltique le plus proche de cette avancée adriatique de la Méditerranée. Cette vision ottokarienne donne véritablement corps à la géopolitique continentale européenne et croise l'axe Rhin-Danube, en rendant potentiellement possible, par adjonction de canaux en Bohème et en Moravie, une synergie fluviale Elbe/Danube et Oder/Danube

2. L'axe Rhin-Main-Danube ou la diagonale Mer du Nord/Mer Noire, sans obstacle terrestre depuis le creusement du Canal Main/Danube en Allemagne. A partir de la Mer Noire, l'Europe entre en contact direct avec le Caucase et ses pétroles et, de là, avec la zone de la Mer Caspienne, avec l'Iran et l'Asie Centrale.

 

b) Organiser de concert avec la Russie, l'espace pontique (Mer Noire = Pont Euxin, dans la terminologie greco-latine, d'où l'adjectif “pontique” pour qualifier ce qui se rapporte à cet espace maritime et circum-marin) et les systèmes fluviaux russes qui y débouchent à l'Est et à l'Ouest de la Crimée et de la Mer d'Azov, et se branchent sur le Danube, puis, ipso facto, sur l'axe Danube-Rhin, sans passer par la Méditerranée, contrôlée par la VIième flotte américaine. Le blé ukrainien et les pétroles du Caucase sont susceptibles d'apporter à l'Europe l'indépendance alimentaire et énergétique, indispensable corollaire à sa puissance économique et à son éventuel avenir militaire. Les enjeux de cette région sont capitaux et vitaux.

 

c) Poursuivre le “dialogue critique” avec l'Iran, qu'avait impulsé le Ministre allemand des affaires étrangères Klaus Kinkel. L'Allemagne ne pouvait se permettre de suivre aveuglément la politique d'isolement de l'Iran imposée par Washington. Le “dialogue critique” avec Téhéran est peut-être la seule manifestation concrète, après 1989, de dialogue et de coopération avec les “crazy States”, qu'espérait généraliser Armin Mohler au temps du duopole Moscou/Washington.

 

d) Le “dialogue critique” avec l'Iran devrait servir de tremplin à un dialogue étroit avec l'Inde, sous-continent en pleine mutation.

 

e) Entamer un dialogue fécond avec l'Indonésie et Singapour. L'Indonésie permet des investissements rentables (ndlr: du moins avant la crise qui a secoué le pays début 98). En Belgique, l'homme politique flamand Geens avait déjà préconisé une telle politique, arguant que cette réorientation de l'aide belge au développement devait être concomittante à un désengagement progressif en Afrique. L'Indonésie apporterait en échange son soutien aux candidatures allemande et japonaise au Conseil de Sécurité de l'ONU.

 

Au milieu d'une zone d'effervescences et de synergies

 

En résumé, dans le cadre strictement européen, l'Allemagne se trouve au beau milieu d'une zone d'effervescences et de synergies potentielles qui partent de Rotterdam pour s'étendre à la Ruhr, au complexe industriel de Karlsruhe et, de là, à Bâle, ou, via le Main, à la place boursière de Francfort, à l'Autriche en expansion, à la Hongrie productrice de surplus agricoles, à la Serbie, la Roumanie et la zone pontique (Mer Noire). La Mer Noire est un espace additionant de multiples atouts: les fleuves russes et les bassins industriels qui se sont constitués sur leurs rives (Donetz, etc.), les “terres noires”, terres fertiles, terres à blé de l'Ukraine, la presqu'île de Crimée (avec son climat méditerranéen), le Caucase et son réseau d'oléoducs conduisant à la Caspienne, l'Iran et l'Asie centrale.

 

Dans ce nouveau contexte qui restitue à l'Allemagne son aire d'expansion économique naturelle et lui procure de nouveaux alliés plus sûrs et moins enclins à la duplicité que les diplomaties occidentales, les relations franco-allemandes prennent une nouvelle dimension, plus vaste que du temps des accords entre De Gaulle et Adenauer. Les maximalistes du binôme franco-allemand parlaient naguère d'une fusion entre les deux pays, créant à terme la “Frallmagne”. A ces maximalistes s'opposaient les partisans anti-européistes du repli de l'Hexagone sur lui-même ou les partisans d'une Allemagne découplée de l'Ouest.

 

Pour ou contre la «Frallmagne»?

 

La revue italienne de géopolitique, Limes, a présenté à ses lecteurs les arguments en faveur et en défaveur de la “Frallmagne”. En France, les partisans d'un binôme franco-allemand accentué presque jusqu'à la fusion, veulent une Europe en mesure de décider. En Allemagne, ils envisagent une intégration démocratique de l'Europe selon le modèle du fédéralisme allemand. Au-delà du binôme franco-allemand, il est évident que l'harmonisation des deux volontés (décision à l'échelle continentale, organisation fédérale de l'ensemble européen) présente une indubitable similitude avec notre projet, résoudrait les problèmes accumulés par les Etats européens depuis quelques siècles. D'autres avocats allemands du binôme et de l'intégration européenne pensent comme Schwarz: la France, l'Allemagne, l'Europe ont besoin d'élites multilingues (s'il n'y a pas connaissance mutuelle, il n'y aura jamais ni intégration ni fusion au niveau des sociétés civiles). Sans élites multilingues, aucun projet européen cohérent n'est possible.

 

Mis à part les passéismes et la mauvaise foi anti-européiste, le camp des adversaires du binôme et de l'intégration européenne estime, en France, que les problématiques extra-hexagonales, en Allemagne, que les problématiques non “mitteleuropéennes”, sont incompréhensibles pour les Français ici, pour les Allemands là-bas. De ce fait, cette incompréhension rend toute fusion ou intégration non-démocratique, vu que les citoyens sont incapables de juger les res publicae  en toute sérénité et connaissance de cause, puis de voter intelligemment. En Allemagne, les adversaires de la “Frallmagne” estiment que leur pays, de par sa centralité géographique, chemine sur un “Sonderweg” (= une “voie particulière”) depuis longtemps et qu'il ne peut pas y renoncer, faute de bloquer des flux naturels et féconds d'échange.

 

jus sanguinis  et jus soli

 

Le deuxième grand point d'achopement dans l'intégration européenne et dans les relations franco-allemandes, c'est la problématique de la nationalité et de la citoyenneté. Ces termes sont peut-être considérés comme des synonymes en France, mais certainement pas en Allemagne. Rogers Brubaker, dans un travail minutieux publié aux Etats-Unis auprès des presses universitaires de Harvard, a analysé cette problématique. Il écrit qu'en France “nationalité” et “citoyenneté” sont confondues, à cause de toute sorte de facteurs historiques. L'idéologie républicaine avait considéré au départ que le jus sanguinis, le droit du sang, était un acquis révolutionnaire, donnant l'autonomie à l'individu citoyen et le libérant de ses attaches territoriales féodales. Avant la république, l'individu appartient à son seigneur, avec son avènement, il devient autonome et, potentiellement, fondateur d'une lignée issue de son propre sang, à l'instar des nobles et des rois: d'où le jus sanguinis. Sous Napoléon toutefois, une première entorse est faite à ce principe: les enfants nés en France ou les jeunes qui y séjournent deviennent bons pour le service militaire, même si leurs parents sont des étrangers. Les besoins en effectifs valaient bien cette entorse aux principes de la république. Napoléon réintroduisait ainsi une forme de jus soli, de droit du sol. Aujourd'hui, à grands renforts de propagande, on essaie de promouvoir le jus soli  comme l'idéal premier de la république, ce qui est historiquement faux. Au départ, le jus sanguinis  est un principe de liberté, le jus soli, l'indice d'une servitude. Toute une machinerie propagandiste, articulée depuis Paris, tente d'imposer aux pays d'Europe, au nom de l'idée républicaine, le jus soli  post-républicain, dont les origines remontent au césarisme napoléonien. Le jus soli  actuel étend à tous les individus qui circulent sur le sol français le droit d'acquérir la citoyenneté française (curieusement confondue avec la nationalité), sans devoirs en contrepartie.

 

“nationalité” et “citoyenneté”

 

En Allemagne, “nationalité” et “citoyenneté” ne sont nullement synonymes. Pour les juristes et la pensée politique allemands, la “nationalité” est un fait biologique, linguistique et culturel, un acquis accumulé depuis longtemps, que l'on ne peut pas effacer d'un coup, par une simple déclaration ou un changement d'avis ou une lubie. La nationalité, au sens allemand, est même ineffaçable, elle est constitutive de la personnalité, et, à ce titre, digne de tous les respects et intransmissible. Quant à la “citoyenneté”, pour les Allemands, elle n'est rien d'autre qu'une commodité. A la limite, on peut être citoyen d'un pays sans en avoir la nationalité: on peut avoir la “nationalité” allemande et être citoyen belge à Eupen ou à Saint-Vith, citoyen français en Alsace, citoyen suisse à Bâle, citoyen autrichien ou italien au Tyrol, roumain en Transylvanie, russe ou kazakh dans les républiques ex-soviétiques. Toute personne de nationalité allemande reçoit automatiquement, sur simple demande, la citoyenneté de la RFA. On ne peut nier sa nationalité, on peut renoncer à sa citoyenneté (notons au passage que les droits algérien et turc, par exemple, raisonnent de la même façon et interprètent les textes de loi de manière plus restrictive encore: ainsi, l'Algérie ne reconnaît pas la citoyenneté française des nationaux algériens nés en France ou, plus exactement, estime que la citoyenneté française, simple commodité, n'efface pas la nationalité algérienne, fait fondamental; la Turquie confisque les biens de ses ressortissants qui acquièrent une autre nationalité, pour laisser intact la patrimoine foncier du pays).

 

Cette différence entre les conceptions de nationalité et de citoyenneté en France et en Allemagne est le principal obstacle au rapprochement franco-allemand. Ou bien on applique partout en Europe le jus sanguinis  que Brubaker qualifie de “restrictionniste”, ou bien partout le jus soli  qu'il qualifie d'“inclusioniste”. Parce qu'il y a libre circulation au sein de l'UE, il ne peut pas y avoir de pays plus libéral que les autres, ensuite, parce que les pays d'où provient la majorité des immigrés appliquent de manière très restrictive le jus sanguinis, l'option la plus commode semble être l'option républicaine originelle, soucieuse de l'autonomie des personnes et des lignées, ce qui nous conduirait donc à une application très stricte du jus sanguinis, également par respect pour les traditions juridiques des pays d'origine des immigrés. Contrairement à ce que laisse accroire une propagande incessante, martelée à satiété, frisant le délire, le jus sanguinis semble plus universellement accepté que le jus soli,  du moins dans le Vieux Monde. La position des partisans du jus sanguinis permet un dialogue plus aisé avec les autorités des pays d'origine des immigrés, également adeptes du jus sanguinis. Cette position est donc plus universelle, à défaut d'être “universaliste”. Une position universelle est une position réaliste. Une lubie universaliste participe de la pensée utopique, de la machine à faire des anges et à broyer les âmes.

 

Les contours de la future géopolitique allemande selon Heinz Brill

 

Sur le plan géopolitique, le géopolitologue Heinz Brill, qui a enseigné à l'académie de la Bundeswehr, énumère dans son ouvrage récent qui dresse un bilan géopolitique de l'Allemagne contemporaine, les diverses options qui s'offre au pays aujourd'hui:

1. L'option UE (Union Européenne):

L'option européenne de l'Allemagne postule à terme un élargissement de l'espace géopolitique européen à l'ensemble des territoires des pays de l'OSCE. Cet élargissement, explique Brill, implique une participation américaine, pour faire contre-poids à la France et à la Russie. Cette option privilégie l'alliance américaine, contrairement à l'idéal gaullien-adenauerien du binôme franco-allemand et au national-neutralisme qui voulait la normalisation voire le renforcement des rapports germano-russes. A terme, cette option envisage la consolidation d'une union euro-atlantique, futur pilier le plus puissant de l'ONU.

2. La deuxième option étudiée par Brill est celle du “partners in leadership”. C'est résolument une carte américaine, visant un partage du pouvoir entre Américains et Allemands en Europe, aux dépens de toute synergie avec la France ou la Russie.

3. Brill énumère ensuite diverses autres possibilités, rencontrant davantage nos préoccupations:

a. L'option “Mitteleuropa”, où l'Allemagne focalise son attention sur son environnement centre-européen immédiat, en relâchant ses liens avec l'Ouest.

b. L'“helvétisation”, pour ne heurter aucune autre grande puissance.

c. L'option dite “Zivilmacht”, où l'Allemagne, se borne à n'être plus qu'une puissance civile, comme le Japon.

d. Le repli sur soi, difficile, selon Brill, parce que l'Allemagne est une nation exportatrice de produits finis, non autonome sur le plan alimentaire.

e. L'adhésion à un axe Berlin-Moscou-Tokyo qui serait surtout un tandem germano-russe.

Enfin, on voit se profiler une autre option, que n'évoque pas Brill, et qui est de miser sur les pays asiatiques (Thaïlande, Indonésie, Inde), peu hostiles à l'Allemagne et où aucune propagande germanophobe n'aurait d'effet durable et profond.

 

Urbanisation et anti-germanisme

 

Pour le professeur Roberto Mainardi, de l'Université de Milan, l'atout majeur de l'Allemagne, c'est d'occuper une place centrale en Europe. Dans son ouvrage consacré à l'Allemage et ses influences en Europe, Mainardi rappelle, par une rétrospective historique, que l'atout majeur du pays réside dans son urbanisation précoce en Rhénanie et en pays mosellan, dès l'époque romaine. Mainardi s'inscrit dans une tradition catholique et germanophile italienne (exprimée au XVième siècle par Pie II), où l'Allemagne est un pôle de civilisation urbain et technologique positif pour le continent. Sa germanophilie l'éloigne du pastoralisme technophobe d'une certain nationalisme populiste allemand. Mainardi rappelle qu'au moyen âge, l'Allemagne présentait un réseau urbain dense, animé par une petite industrie très performante. L'anti-germanisme, écrit Mainardi, est partiellement la volonté de briser la puissance potentielle de ce réseau urbain, comme l'ont prouvé l'alliance franco-turque inaugurée par François Ier, la politique de Richelieu qui entretenait machiavéliquement les carnages qui détruisaient l'Allemagne, les guerres terroristes de Louis XIV, le blocus anglais de 1919, les bombardements alliés de 1940-45, le Plan Morgenthau, l'entretien d'une vague écologiste utopique ou d'un nationalisme pastoraliste par certains services de diversion occidentaux (utilisant tour à tour les marxistes utopiques et anti-soviétiques recyclés dans l'écologie, les subversifs de 68, la “nouvelle droite” anti-politique et technophobe téléguidée depuis Paris, le religiosisme de théologiens névrosés revu à la sauce verte, etc.).

 

Le réseau urbain qui caractérise l'Allemagne depuis la romanisation de la Rhénanie est à la base de la solidité de l'économie allemande actuelle, conclut Mainardi. La réunification de 1989-90 fait de la RFA agrandie un aimant qui attire le Bénélux, l'Alsace et la Suisse à l'Ouest, l'Autriche, la Hongrie, la Tchéquie, la Slovaquie et la Pologne à l'Est.

 

Mais cette nouvelle attirance de la périphérie pour le centre en Eu-rope, n'est pas exempte de difficultés. L'Allemagne souffre depuis toujours d'une trop grande multiplicité d'options, aujourd'hui elle é-prouve des difficultés à maintenir son système social, parce que les investissements nécessaires pour avoir la paix aux frontières et pour mettre à niveau les nouveaux Länder  de l'Est sont énormes; ensuite parce que le modèle spéculatif du néo-libéralisme anglo-saxon bat en brèche le “modèle rhénan” d'économie productrice d'investissements et génératrice d'ancrages industriels locaux. Le succès médiatique de la “bulle spéculative” remet implicitement en question l'atout majeur de l'Allemagne depuis deux ou trois siècles: la culture, tant la culture spéculative des philosophes que la culture pratique des ingénieurs et des techniciens. Le “modèle rhénan” est celui de la concertation sociale et de l'ordo-libéralisme (c'est-à-dire une liberté d'entreprendre assortie de devoirs spécifiques à l'en-droit des secteurs non marchands). L'industrie dans un modèle rhé-nan parie sur l'université et la culture, attend d'elles inspiration et impulsion. Par l'accroissement de la “bulle spéculative”, ce modèle économique est en danger, avait écrit naguère Michel Albert, car il ne permet pas d'engranger autant de bénéfices, aussi vite que par la spéculation en bourse. Pour entrer en compétition avec les pools économiques qui s'adonnent à la spéculation effrenée, les structures économico-industrielles de type rhénan doivent consacrer une partie de leurs bénéfices à la spéculation et réduire en conséquence leur soutien aux secteurs non marchands.

 

Aux sources du malaise allemand

 

Immédiatement après 1945, l'Allemagne n'avait plus aucune souveraineté militaire. Mais, après 1989, les effectifs conjugués de la Bundeswehr et de la NVA (Nationale Volksarmee)  sont passés de 600.000 hommes à 370.000 (mêmes effectifs que l'armée polonaise). L'Allemagne ne bénéficie toujours pas d'une souveraineté politique complète. Naguère elle était toujours considérée comme un Etat ennemi des Nations-Unies. Au début des années 90, les traités réglementant la nouvelle situation ont certes édulcoré cette clause puisqu'il y a ou a eu des casques bleus allemands en Somalie et en Croatie. Cependant, les Allemands ont l'impression que le seul domaine où leur souveraineté est inaltérée, c'est le domaine monétaire; d'où leur souci de ne laisser se développer aucune inflation, ce qui entraîne les effets pervers d'un chômage des jeunes, d'un malaise social, d'une sinistrose, d'une hostilité à l'Euro car le mark semble être, pour les Allemands, la seule chose qui leur reste, et qu'ils ont construit par leur travail et leur épargne.

 

Les sources principales du malaise allemand actuel sont donc:

- La difficulté de la classe politique à affronter les nouvelles donnes, ce qui a pour corollaire l'obsolescence des idéologies politiques sociale-démocrate et démocrate-chrétienne.

- La partitocratie qui implique un jeu rigide et complexe d'élection, de cooptation du personnel politique, entraînant l'avénement et la pérennisation d'“élites sans projet”.

- Le risque de ne pas assimiler les jeunes, a fortiori les immigrés est-européens et turcs.

- Le risque de ne pas pouvoir maintenir sur le long terme le politique anti-inflationniste (répercutée dans le critère des 3% du Traité de Maastricht), qui avait fait la raison d'être du système social et fédéral allemand.

 

En conclusion, nous pouvons dire que l'Allemagne ne connaît ni plus ni moins de difficultés que ses partenaires européens. Elle connaît tout simplement d'autres difficultés. Les maux qui affectent l'Allemagne se retrouvent à degrés divers dans toute l'Europe: c'est la crise d'une civilisation, où s'accumulent trop de scléroses et où le moindre changement suscite la panique des gouvernants.

 

Nous nous trouvons dans une période de turbulences de moindre intensité mais de longue durée, ce qui, pour tous les Européens, s'avère incapacitant face au défi américain dans le monde, américano-turc dans les Balkans, le Méditerranée orientale et la Mer Noire, face aux bouleversements qui ont frappé l'Afrique centrale, face à l'Asie et au Proche-Orient. Par conséquent, tout projet européen qui interpelle tant la France que l'Allemagne ou les pays du Bénélux, l'Italie, la Hongrie, la Slovénie, la Croatie que les pays scandinaves doit trouver pour tous une voie commune, reposant sur un principe de liberté, soit une liberté accordée aux communautés réelles (régions, professions, parlements locaux, etc.) et un noyau décisionnel efficace, commun à tous.

 

Robert STEUCKERS.

 

Bibliographie:

 

- Pierre BÉHAR, Du Ier au IVième Reich. Permanence d'une nation, renaissances d'un Etat, Ed. Desjonqueres, Paris, 1990.

- Heinz BRILL, Geopolitik heute. Deutschlands Chancen, Ullstein, Berlin, 1994.

- Rogers BRUBAKER, Citizenship and Nationhood in France and Germany, Harvard University Press, Cambridge-Massachusetts, 1992.

- Marcos CANTERA CARLOMAGNO, «I giochi baltici: staccare San Pietroburgo dalla Madre Russia?», in: Limes, Rome, n°1/1996.

- Dominique DAVID, «Perché Framania conviene alla Francia», in: Limes, Rome, n°2/1995.

- Alfred FRISCH, «Deutsch-französische Kurzschlüsse», in: Dokumente für den deutsch-französischen Dialog, n°1/1994.

- Gary L. GEIPEL (ed.), The Future of Germany, Hudson Institute, Indianapolis, 1990.

- Roberto MAINARDI, L'Europa germanica. Une prospettiva geopolitica, NIS/La Nuova Italia Scientifica, Rome, 1992.

- Wolfgang MANTL (Hrsg.), Die neue Architektur Europas. Reflexionen in einer bedrohten Welt, Böhlau, Wien/Köln, 1991.

- Helmuth PLESSNER, Die verspätete Nation. Über die politische Verführbarkeit bürgerlichen Geistes, Suhrkamp, Frankfurt a. M., 1974.

- Hans-Peter SCHWARZ, Die Zentralmacht Europas. Deutschlands Rückkehr auf die Weltbühne, Siedler, Berlin, 1994.

- Michael STÜRMER, Dissonanzen des Fortschritts. Essays über Geschichte und Politik in Deutschland. Alteuropäische Erinnerung, Aufstieg und Fall des deutschen Nationalstaats. Bundesrepublik, quo vadis?, Piper, München, 1986.

- Paul THIBAUD, «Perché Framania non conviene alla Francia», in: Limes, Rome, n°2/1995.

- Ludwig WATZAL, «Perché Framania non conviene alla Germania», in: Limes, Rome, n°2/1995.

- Ernst WEISENFELD, «Frankreich und Mitteleuropa», in: Dokumente für den deutsch-französischen Dialog, 5/1993.

- Johannes WILLMS, «Perché Framania conviene alla Germania», in: Limes, Rome, n°2/1995.

 

mercredi, 04 novembre 2009

Hommage à Friedrich Naumann: visionnaire européen et homme politique national-libéral

0405x51a.jpgAnton SCHMITT:

Hommage à Friedrich Naumann: visionnaire européen et homme politique national-libéral

 

Les partis politiques de la République Fédérale allemande cherchent tous à se donner des  traditions spécifiques, ancrées dans leur propre histoire. Au cours de ces cinquante dernières années, la CDU, rassemblement de conservateurs, de catholiques, de libéraux et de nationaux, n’a pas cherché à se donner une légitimité historique et ne s’est pas davantage donné de ligne politique claire; ce n’est pas  le cas chez les sociaux-démocrates et les libéraux. Ces deux familles politiques donnent aux fondations et aux agences fédérales proches de leur parti le nom de personnalités historiques qui ont jadis structuré ou promu le parti.

 

La fondation proche de la FDP libérale a reçu le nom de Friedrich Naumann, mort il y a 90 ans. Naumann était né le 25 mars 1860 à Leipzig, dans la famille d’un pasteur évangélique. Après son examen dit de “maturité”, il s’en alla étudier la théologie évangélique à Leipzig et Erlangen. Sur la scène politique allemande, il se manifeste pour la première fois à l’âge de 21 ans en adhérant au VDSt (“Verein Deutscher Studenten” ou “Association des Etudiants Allemands”), un association étudiante d’inspiration nationale. De cette association naîtra plus tard le “Kyffhäuser Verband”. En 1883, Naumann accepte un poste à la “Rauhes Haus”, une institution sociale établie à Hambourg. En 1886, il est nommé pasteur à Glauchau en Saxe puis s’installe à la “Mission Intérieure” à Francfort sur le Main en 1890. Il vise à promouvoir une rénovation fondamentale du protestantisme. Lors du Congrès évangélique-social, structure nouvellement fondée, il devient porte-paroles d’un groupe chrétien-social  d’inspiration libérale. A partir de 1896, il mettra toujours davantage l’accent sur la nécessité de s’engager politiquement et fonde, dans cette optique, le “Nationalsozialer Verein” (“Association nationale et sociale”) et édite la revue “Die Hilfe”  que reprendra plus tard Theodor Heuss, qui devint le premier président de la République Fédérale allemande après 1945. Les deux hommes vont propager l’idée d’un libéralisme socialement responsable. Après la fusion entre le “Nationalsozialer Verein” et la “Freisinnige Vereinigung” (“Union libre-penseuse”), Friedrich Naumann obtient un mandat au Reichstag. Il sera désormais membre du parlement allemand jusqu’à sa mort, à l’exception d’une très brève interruption.

 

Parallèlement à ce mandat politique, le “Naumannkreis” ou “Cercle Naumann” rassemble tous les esprits se définissant comme “libéraux”, qu’ils appartiennent à la grande bourgeoisie, aux classes moyennes ou au monde ouvrier; Theodor Heuss, Gustav Stresemann, Max Weber, Luja Brentano et Hellmut von Gerlach oeuvreront au sein de ce réseau associatif. En 1910, Naumann  tente d’unifier tous les groupements libéraux de gauche et plaide pour une coopération active au sein du Reichstag avec les sociaux-démocrates. En 1914, il soutient le gouvernement dès qu’éclatent les hostilités mais rejette tout projet d’annexions trop importantes. Au lieu de cela, Naumann se fait l’avocat d’une fusion volontaire des Etats et puissances d’Europe centrale (Mitteleuropa) pour des motivations essentiellement économiques. Il veut donc une fédération économique étroite des pays centre-européens, flanquée d’une politique de développement des pays d’Europe orientale et d’Europe balkanique. A l’automne 1915 paraît son ouvrage “Mitteleuropa”, où il couche ses idées sur le papier. Rapidement, ce livre devient le plus lu de tous les écrits évoquant les buts de guerre de l’Allemagne. “Mitteleuropa” fut donc le travail qui exprima au mieux l’alternative que proposaient les civils aux annexions sauvages préconisées par les militaires, qui n’auraient provoqué  que des morcellements inutiles, assortis d’irrédentismes chez les nations lésées qui auraient crié vengeance. L’idée d’une “Europe des Patries”, formulée plus tard par De Gaulle, remonte en fait à Naumann. Les structures du pouvoir de l’époque et la pensée des élites monarchistes auraient contrecarré la réalisation du plan “mitteleuropéen” de Naumann, aurait rejeté la fusion volontaire de toutes les entités politiques centre-européennes car une telle fusion impliquait un droit élargi à l’autonomie, une auto-limitation de tous les nationalismes devenus exacerbés au cours du conflit, une auto-limitation dictée par le nécessité que les sentiments de supériorité déclarés ne pouvaient toutefois pas admettre.

 

En 1917, Naumann soutient au Reichstag une résolution émanant de tous les partis de centre-gauche en faveur d’une paix de compromis. Et pour améliorer et garantir la qualité du personnel politique en Allemagne, il fonde, toujours en 1917, la “Staatsbürgerschule” à Berlin (“L’école des citoyens”) qui  deviendra, à partir de 1920, la “Hochschule für Politik” (“Haute école de politique”). En 1918, on parvient enfin à rassembler les nombreux courants libéraux en deux partis, la DDP, libérale de gauche, et la DVP, libérale de droite. Naumann devient président de la DDP. Comment opérait-on, à l’époque, la distinction entre “libéraux de gauche” et “libéraux  de droite”? Ils se distinguaient par leurs attitudes différentes sur la question sociale, qui ne peuvent plus s’expliquer aujourd’hui par la terminologie et les concepts actuels. Naumann représentara, en tant que président du parti, la DDP à la Commission constitutionnelle. Avec son parti, il luttera publiquement contre la signature du Traité de Versailles. Naumann espérait que le redressement de l’Allemagne s’opèrerait par des réformes spirituelles-intellectuelles , comme ce fut le cas de la Prusse après sa défaite face aux armées napoléoniennes.

 

Le 24 août 1919, Naumann meurt à Travemünde des suites d’une thrombose. Son décès prématuré, l’assassinat de Walther Rathenau par d’anciens combattants des Corps Francs, ensuite la mort de Gustav Stresemann, ministre libéral des affaires étrangères, priveront la jeune démocratie allemande de ses  plus prestigieuses personnalités. Elles vivantes, la communauté populaire allemande aurait pu s’opposer efficacement aux bandes qu’Adolf Hitler et Ernst Thälmann ont lancées dans les rues. Dans ce contexte, il ne faut pas oublier non plus la mort prématurée du social-démocrate Friedrich Ebert. Theodor Heuss, Marie Elisabeth Lüders, Gertrud Bäumer et Wilhelm Heile ont tenté de poursuivre l’oeuvre intellectuelle de Naumann.

 

La FDP actuelle est un parti pour rire: son principal intérêt économique est de plaire aux grands  consortiums; elle a, disons-le en utilisant un euphémisme, un rapport assez difficile avec la question sociale. Rien ne rappelle l’oeuvre de Naumann dans cette FDP allemande. L’héritage de Naumann, dans l’espace linguistique allemand, n’est-il pas davantage incarné par la FPÖ autrichienne?

 

Anton SCHMITT.

(article paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°34/2009; traduction française: Robert Steuckers).

mercredi, 28 octobre 2009

Eine Vergangenheit, die nicht vergehen will

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Eine Vergangenheit, die nicht vergehen will

Von Wolfgang Dvorak-Stocker / http://www.neue-ordnung.at/ 

Der Zweite Weltkrieg liegt bald 65 Jahre zurück. Nur mehr wenige Menschen in unserem Land haben ihn bewußt miterlebt. Und doch ist er präsent wie keine andere Geschichtsepoche, nicht nur in Film und Funk, sondern auch in den Gerichtssälen und Parlamenten.

Erst im August wurde der Gebirgsjägeroffizier Josef Scheungraber wegen Mordes an 14 Zivilisten in der Toskana schuldig gesprochen, den er als Vergeltung für den Tod zweier deutscher Soldaten im Juni 1944 befohlen haben soll. Scheungraber selbst hatte immer bestritten, vor Ort gewesen zu sein, ja von dem Vorfall überhaupt etwas gewußt zu haben. Und selbst der Spiegel hat in seiner Prozeßberichterstattung eingeräumt, daß seine Verantwortlichkeit weder durch Dokumente, noch durch Zeugenaussagen belegt werden konnte. 65 Jahre nach der Tat wohl auch kein Wunder, gibt es doch kaum mehr lebende Tatzeugen auf deutscher oder italienischer Seite.

All das läßt das Verfahren als Schauprozeß erscheinen, der mit Wahrheitsfindung und Gerechtigkeit nicht mehr viel zu tun hat, sondern offenbar andere Zwecke erfüllt. Ob Scheungraber für die Tötung der italienischen Zivilisten nun verantwortlich war oder nicht: Sie mag völkerrechtswidrig, also Mord gewesen sein. Aber was war dann der Partisanenkrieg? Bei Lichte besehen doch auch völkerrechtswidrig. Tausende Wehrmachtsangehörige sind Opfer der Partisanen geworden. Insofern diese ohne Uniform und aus dem Hinterhalt operierten, also: von Kriegsverbrechern. Ginge es nur um Wahrheit und Gerechtigkeit, müßten dann wie Scheungraber wohl auch die letzten noch lebenden „antifaschistischen“ Partisanen vor Gericht geschleppt und abgeurteilt werden.

Der 90jährige Scheungraber ist kein Einzelfall: Ende Oktober beginnt der Prozeß gegen den 88 Jahre alten Heinrich Boere, dem vorgeworfen wird, 1944 als SS-Standartenführer drei Niederländer erschossen zu haben. Ebenso im Spätherbst wird der Prozeß gegen John Demanjuk beginnen, einen Ukrainer, der Wachmann im KZ Sobibor gewesen sein soll. Früher war der US-Staatsbürger für einen Wachmann in Treblinka gehalten worden, doch wurde er 1993 in Israel freigesprochen.

Schon seit elf Jahren sitzt der mittlerweile 96jährige Erich Priebke in Rom in Haft bzw. im Hausarrest, und zwar wegen einer von ihm verantworteten, dem damaligen Völkerrecht entsprechenden Erschießungsaktion von Geiseln in Italien. Priebke hatte Jahrzehnte lang unter seinem richtigen Namen in Argentinien gelebt, ohne belangt zu werden.

2001 wurde Anton Malloth wegen seiner Tätigkeit als Aufseher in einem Gestapo-Gefängnis im heutigen Tschechien verurteilt, er starb im Oktober 2002 in Haft. Im Dezember 2004 verstarb ebenfalls im Gefängnis Josef Schwammberger, der 1992 als Kommandeur von SS-Zwangsarbeiterlagern zu lebenslanger Haft verurteilt worden war. Nicht zum Prozeß kam es dagegen im Fall von Milivoj Asner, einem heute 96jährigen ehemaligen kroatischen Polizeichef, dem von den österreichischen Behörden mangelnde Verhandlungsfähigkeit attestiert worden war. Das dürfte auch bei einem anderen Mann der Fall sein, der gerade in Wien im Krankenhaus liegt: dem 84 Jahre alten ehemaligen KZ-Wächter Josias Kumpf. Ein Volksdeutscher, der mit gerade 17 Jahren ungefragt zur SS dienstverpflichtet wurde und seit den 50er Jahren in Amerika lebte, arbeitete, heiratete und Kinder zeugte. 2003 kamen die Amerikaner hinter seine Vergangenheit, im März 2009 schoben sie ihn nach Österreich ab, von wo aus er 1956 in die USA ausgereist war. Auch Österreich möchte Kumpf gerne loswerden, doch kein anderes Land will ihn aufnehmen. Kumpf braucht ständige Betreuung. Als klar war, daß der Staat nicht einmal die Grundversorgung übernehmen will, ließ auch die Caritas den Schwerkranken im Stich. Nach einem Bericht des „Profil“ vom 22. Juni 2009 liegt er wieder im AKH, und niemand weiß, wo er hin soll. „Ich habe wenig Sympathien für KZ-Wächter“, zitiert das Profil einen seiner Betreuer, „aber mit diesem Menschen geht man um, als ob er Atommüll wäre.“ In Madrid bereitet derweil ein Richter einen Prozeß gegen Kumpf vor, der von Überlebenden des Lagers, zu dessen Bewachung er abkommandiert worden war, angestrengt wurde.

Andere Kriegsverbrecher sterben derweil freilich friedlich im Altersheim. Salomon Morel zum Beispiel, der in Oberschlesien als KZ-Kommandant den Tod von mehr als 1.500 unschuldigen Deutschen verursacht haben soll und, als der amerikanische Jude John Sack seine gegen ihn gerichteten Recherchen publizierte (auf deutsch 1995 unter dem Titel „Auge um Auge. Die Geschichte von Juden, die Rache für den Holocaust suchten“ im Kabel Verlag erschienen), 1992 nach Israel floh. Die polnische Regierung forderte 1998 und 2005 seine Auslieferung wegen Kriegsverbrechen und Verbrechen gegen die Menschlichkeit, doch in diesem Fall war die Regierung Israels der Auffassung, daß die Verbrechen bereits verjährt und der Täter für eine Verhandlung schon zu alt und krank sei. Auch gegen den Literaturkritiker Reich-Ranicki sind aufgrund seiner Tätigkeit im Nachkriegs-Polen ähnliche Vorwürfe erhoben worden. Die Beweislage gegen ihn ist fast genauso „dicht“ wie gegen John Demanjuk – doch was im einen Fall für Auslieferung, Anklageerhebung und vermutlich auch Verurteilung reichen wird, das genügt im anderen Fall wohl nicht, den Genuß des Ruhestandes ernstlich zu gefährden.

Es ist also ganz offensichtlich, daß es bei diesen Prozessen nicht mehr um „Gerechtigkeit“, sondern schon um etwas ganz anderes geht. Doch um was? Behandeln wir vor Beantwortung dieser Frage noch eine andere, damit in Zusammenhang stehende Entwicklung.

Deserteure und Kriegsverräter

Rund 20.000 Personen standen wegen Desertion vor Militärgerichten, weitere 10.000 wegen Wehrkraftzersetzung und Kriegsverrat. Schon im Jahr 2002 wurden Deserteure, Kriegsdienstverweigerer und Wehrkraftzersetzer pauschal durch einen Beschluß des deutschen Bundestages rehabilitiert. Nun will auch die österreichische Bundesregierung Deserteure en bloc rehabilitieren. In Deutschland ist man bereits einen Schritt weiter. Dort sollen jetzt auch alle wegen „Kriegsverrates“ Verurteilte, ohne Berücksichtigung des Einzelfalles pauschal rehabilitiert werden.

In Österreich ist eine heftige Diskussion über die Rehabilitierungen entbrannt. Insbesondere die FPÖ unter Heinz Christian Strache wendet sich dagegen und argumentiert, daß ein nicht unbeträchtlicher Teil der Deserteure Gewalt angewendet habe. Dem entgegnet der Historiker Walter Manoschek, daß er 1.276 Fälle von Deserteuren untersucht habe, und von diesen weniger als 5 % Gewalt angewendet hätten. Doch auch eine solche Quote würde rund 60 Fälle von Gewaltverbrechern bedeuten, oder ca. 1.000 auf die Gesamtzahl umgelegt. In der „Neuen Ordnung“ haben wir bereits vor vielen Jahren den Fall Grimburg dokumentiert, der zwei seiner Vorgesetzten im Schlaf ermordete, um ungefährdet desertieren zu können, und für seine Untat nicht nur nicht zur Rechenschaft gezogen wurde, sondern es in der Republik Österreich sogar zum Sektionschef bringen konnte. Im von Erwin Peter herausgegebenen Buch „Stalins Kriegsgefangene“ sind sogar mehrere deutsche Soldaten auf einem Bild aus sowjetischen Archivbeständen fotografisch abgebildet, die ihre Offiziere ermordet hatten, um fliehen zu können.

Zudem sind es natürlich nicht nur die Fälle der offenen Gewaltanwendung, bei denen Deserteure das Leben ihrer Kameraden gefährdet oder vernichtet haben. Vielfach haben sie nach ihrer Desertion dem Feind gegenüber Angaben gemacht, die ihm Vorteile brachten, und somit als Verrat gegenüber den ehemaligen Kameraden zu werten sind. Diese Verhaltensweise wird sogar üblich gewesen sein, da Fahnenflüchtige, um beim Gegner gute Aufnahme zu finden, geradezu gezwungen waren, möglichst viel von ihrem Wissen über Stellungen, Truppenstärke usw. ihrer Ursprungsarmee zu verraten. Wenn Heinz Christian Strache davon spricht, daß 10–15 % der Deserteure Handlungen gesetzt haben, die direkt oder indirekt zum Tod ihrer ehemaligen Kameraden führten, so liegt er aus diesem Grund damit sicher nicht falsch.

Auch bei den „Kriegsverrätern“ weisen Historiker darauf hin, daß viele Menschen nur deshalb wegen Kriegsverrats verurteilt wurden, weil sie Juden geholfen oder Kriegsgefangene gut behandelt haben. Dagegen ist natürlich nichts zu sagen, doch macht diese Gruppe mit Sicherheit nur einen kleinen Teil der „Kriegsverräter“ aus. Eine pauschale Rehabilitation erfaßt gleichermaßen jene, die auch nach heutigen Maßstäben Verbrechen begangen haben.

Aber selbst wenn man all diese Detailfragen beiseite läßt. Welches Signal geht denn von einer Rechtfertigung der Deserteure aus? Keine Armee der Welt kann ohne Gehorsam, Tapferkeit und Pflichterfüllung bestehen. Im übrigen auch kein Staat. Oskar Lafontaine hat alle auf den Begriff der Pflichterfüllung bezogenen Eigenschaften einmal als typische „Sekundärtugenden“ bezeichnet, mit denen man auch ein KZ betreiben könne. Das stimmt natürlich. Es ist mit solchen „Sekundärtugenden“ bestellt wie mit Nägeln und Draht, Holz und Beton. Man kann mit ihnen Konzentrationslager und Schinderstätten bauen. Ohne sie wird es aber auch schwer fallen, Krankenhäuser und Kindergärten zu errichten. Baumaterialien können für das eine wie das andere verwendet werden. „Sekundärtugenden“ auch. Sie sind im Prinzip wertvoll, eben tugendhaft, notwendig, bleiben aber immer Mittel. Die Zwecke, für die sie eingesetzt werden, sind ihnen übergeordnet. Diese Zwecke fließen aus dem Ethos des Staates und seiner Ordnung. Auf sie kommt es an. Ab welchem Punkt es gerechtfertigt oder gar geboten ist, sich einer staatlichen Ordnung zu widersetzen und welche Mittel von passiver Verweigerung bis hin zum aktiven Widerstand dann erlaubt sind, gehört zu den heikelsten Fragen der Ethik.

Wenn unsere Parlamente Deserteure und Kriegsverräter pauschal rehabilitieren, ihr Verhalten also rechtfertigen, kann dies nur zwei mögliche Bedeutungen haben: Entweder unsere Parlamente sind der Auffassung, daß es zu den grundsätzlichen Rechten eines Soldaten gehört, selbst zu entscheiden, wann er den Kampf einstellt, welchen Befehlen er gehorcht oder ob er sich zur Abwechslung vielleicht einmal feindbegünstigend verhält. Dieser Grundsatz müßte dann aber auch für unsere heutigen Armeen gelten. Doch das kann, wie oben ausgeführt, nicht funktionieren. Die verbleibende Möglichkeit ist, daß unsere Parlamente der Auffassung sind, jede gegen das Dritte Reich gesetzte Handlung, selbst Fahnenflucht aus Feigheit, wäre gerechtfertigt gewesen. Damit wird die große Masse der Soldaten, die nicht davongelaufen ist, sondern gekämpft hat, in der Absicht ihre Heimat zu schützen, ins Unrecht gesetzt, und moralisch diskreditiert. Sie alle haben in den Augen unserer Parlamentarier offenbar falsch gehandelt. Doch selbst wenn unsere Parlamente sagen wollen, daß im Dritten Reich der Widerstand zur Pflicht geworden wäre, ist eine pauschale Rehabilitierung rechtlich nicht vertretbar: Der Zweck heiligt nämlich nicht die Mittel. Auch wenn ein Krieg gerecht ist, können einzelne Handlungen den Tatbestand eines Kriegsverbrechens erfüllen, auch wenn in einer bestimmten Situation Widerstand gefordert ist, müssen die konkreten Widerstandshandlungen doch dem Sittengesetz entsprechen. Mord bleibt immer Mord. Doch all dies wird von den Befürwortern der Rehabilitationsgesetze gar nicht mehr gesehen, zu sehr stehen sie unter dem Einfluß des nationalsozialistischen Mythos.

Der nationalsozialistische Mythos

Unter Mythos verstehen wir eine emotional aufgeladene geschichtliche Erzählung, die unserer Gegenwart Sinn gibt, und unsere Zukunft bestimmt. Insbesondere unter dem Begriff „Auschwitz“ ist dieser Mythos des Dritten Reiches bestimmend für unsere Zeit geworden. In ihm steht Hitler-Deutschland für das absolut Böse in der Geschichte, für die Mächte des Satans selbst, der nur durch ständige Bann-Rituale ferngehalten werden kann:

Ein Mythos fordert Bekenntnis. Dieser spricht: Wer nicht gegen mich ist, der ist für mich. Raum für differenzierte Urteile, für nüchterne Analyse läßt er keinen mehr. Das Böse muß exorziert, der Teufel muß ausgetrieben werden. Jeden Tag aufs neue, um ein Gefühl von Sicherheit zu geben. Auch die Prozesse gegen „Nazi-Kriegsverbrecher“, sind solche Rituale. Sie führen uns immer aufs Neue vor Augen, daß nach wie vor die guten Mächte walten, daß die Dunkelheit fern ist. Damit entsprechen sie den geweihten Kerzen, die die Bauern früher in Gewitternächten entzündeten, während die Dämonen ums Haus jagten.

Die 90jährigen Greise, die wir in Gefängniszellen sperren, und jene, die wegen „Leugnung historisch feststehender Tatsachen“ zu Haftstrafen verurteilt werden, erfüllen die Rolle von Menschenopfern, die wir darbringen, um die Dämonen der dunklen Seite zu bannen. Die Diener des Mythos werden ihre Bannrituale und Opferhandlungen auch in Zukunft fortsetzen, und zwar so lange, wie der Mythos seine Kraft behält. Unser politisches System hat seine Existenz an diesen Mythos geknüpft, in Deutschland noch viel mehr als in Österreich. Deshalb werden in der BRD unter dem Begriff „Kampf gegen Rechts“ täglich exorzistische Rituale abgehalten. Zunehmend bezieht die politische Klasse ihre Legitimation daraus. Daß sie zur Lösung der dringendsten Probleme unserer Zeit – von der explodierenden Staatsverschuldung über die steigende Arbeitslosigkeit bis hin zur Massenzuwanderung – nicht mehr in der Lage ist, hat auch etwas mit der Wirkmacht dieses Mythos zu tun. Je brüchiger der Boden wird, auf dem wir stehen, je näher die Träger des Systems seinen unvermeidlichen Zusammenbruch rücken sehen, desto schriller werden die Rituale, um den systemstabilisierenden Mythos am Leben zu erhalten.

Das Streben nach Gerechtigkeit für vergessene Opfer des Dritten Reiches stand also mit Sicherheit nicht im Vordergrund bei den jüngsten Rehabilitierungsgesetzen. Wäre es nur darum gegangen, kein Weg hätte am russischen Vorbild vorbeigeführt: Zehntausende Wehrmachts- und Waffen-SS-Angehörige sind von der stalinistischen Justiz als „Kriegsverbrecher“ abgeurteilt worden. Schon vor Jahren hat Rußland diesen Männern, bzw. ihren Familien die Möglichkeit gegeben, die Urteile im Einzelfall prüfen zu lassen. Tausende haben davon Gebrauch gemacht, und in rund 90 % der Fälle auch die Rehabilitierung bestätigt bekommen. Das sind Freisprüche, die Familien tatsächlich Frieden geben können. Die pauschale Aufhebung von Urteilen, die wiederum, wie schon in der NS-Zeit, jenen, der justifiziert wurde, weil er aus Mitmenschlichkeit z. B. Kriegsgefangenen helfen wollte, auf die gleiche Stufe mit dem echten Kameradenverräter und -mörder stellt, wird dies nicht leisten können.

mardi, 27 octobre 2009

Bouclier anti-missiles américain: la Slovaquie refuse la vassalité

Bouclier anti-missiles américain:

la Slovaquie refuse la vassalité

26/10/09- 12h30
BRATISLAVA (NOVOpress) – Le premier ministre slovaque Robert Fico a totalement exclu le déploiement sur le sol de son pays d’éléments du futur système antimissile (ABM), qu’il soit américain ou otanien.

Missile SM-3

Il a notamment déclaré : « Tant que je resterai premier ministre, je ne donnerai pas mon accord à la mise en place sur le territoire slovaque d’une quelconque composante d’un système antimissile» .

Le 17 septembre dernier, les Etats-Unis ont renoncé à leur premier projet de bouclier antimissile en Europe, perçu comme une menace par Moscou.

Par contre, de leur côté, Prague et Varsovie ont déjà déclaré leur disposition à participer au nouveau projet ABM.

[cc [1]] Novopress.info, 2009, Article libre de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine
[
http://fr.novopress. info [2]]


Article printed from :: Novopress.info France: http://fr.novopress.info

jeudi, 22 octobre 2009

R. Steuckers: entretien pour le journal Hrvatsko Slovo

Hotel_de_ville_Bruxelles_1.jpgArchives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1998

Robert Steuckers :

Entretien pour le journal

Hrvatsko Slovo

 

Propos recueillis par Tomislav Sunic

 

1. Quelle est votre carte d'identité?

 

Je suis né en 1956 à Uccle près de Bruxelles. J'ai été à l'école de 1961 à 1974 et à l'Université et à l'école de traducteurs-inter­prètes de 1974 à 1980. Dans ma jeunesse, j'ai été fasciné par le roman historique an­glais, par la dimension épique de l'Ivanhoe  de Walter Scott, de la légende de Robin des Bois, par l'aventure de Quentin Durward, par les thématiques de la Table Ronde. Le cadre médiéval et la profondeur mythique ont très tôt constitué chez moi des réfé­rentiels importants, que j'ai complété avec notre propre héritage littéraire épique flamand, avec le Lion des Flandres  de Hendrik Conscience, et par les thèmes bretons, dé­couverts dans Le Loup Blanc de Paul Féval. Certes, j'ai lu à l'époque de nombreuses édi­tions vulgarisées, parfois imagées, de ces thématiques, mais elles n'ont cessé de me fasciner. Des films comme Excalibur ou Braveheart  prouvent que ce filon reste malgré tout bien ancré dans l'imaginaire eu­ropéen. En dépit des progrès techniques, du désen­chantement comme résultat de plusieurs décennies de rationalisme bureaucratique, les peuples ont un besoin vital de cette veine épique, il est donc néces­saire que la trame de ces lé­gendes ou que ces figures héroïsées de­meurent des réferentiels im­pas­sables. Sur le plan philosophique, avant l'université, dans l'adolescence de 12 à 18 ans qui reste la pé­riode où s'acquièrent les bases éthiques et philosophiques essen­tielles du futur adulte, j'ai abordé Nietzsche, mais surtout Spengler parce qu'il met l'histoire en perspective. Pour un adolescent, Spengler est difficile à digé­rer, c'est évident et on n'en retient qu'une caricature quand on est un trop jeune lecteur de cet Allemand à la culture immense, qui nous a légué une vision synoptique de l'histoire mondiale. Toute­fois, j'ai retenu de cette lec­ture, jusqu'à aujourd'hui, la vo­lonté de mettre l'histoire en perspec­tive, de ne jamais soustraire la pensée du drame planétaire qui se joue chaque jour et partout. Juste avant d'en­trer à l'université, pen­dant la dernière année de l'école secondaire, j'ai découvert Toynbee, A Study of History, sa classification des civilisations, son étude des ressorts de celles-ci, sa dynamique de “chal­len­ge-and-response”; ensuite, pour la Noël 1973, il y avait pour moi dans la hotte des ca­deaux Révolte con­tre le monde moderne  de Julius Evola et une anthologie de textes de Gottfried Benn, où celui-ci insistait sur la notion de “forme”. J'avais également lu mes premiers ouvrages d'Ernst Jünger. A l'école, j'avais lu no­tamment le Testament espagnol  de Koestler et La puissance et la gloire  de Graham Greene, éveillant en moi un intérêt durable pour la littérature carcérale et surtout, avec le prêtre alcoolique admi­rablement mis en scène par Greene, les notions de péché, de perfectibilité, etc. que transcende malgré tout l'homme tel qu'il est, imparfait mais sublime en dépit de cette imperfection. Dès la première année à l'Université, je découvre la veine faustienne à partir de Goethe, les deux chefs-d'œuvre d'Or­well (La ferme des animaux et 1984), Darkness at Noon de Koe­st­ler (autre merveille de la littérature car­cérale!). Im­mé­dia­te­ment dans la foulée, je me suis plongé dans son ouvrage philoso­phi­que The Ghost in the Machine, qui m'a fait dé­cou­vrir le com­bat philosophique, à mon avis central, contre le ré­ductionnisme qui a ruiné le continent eu­ro­péen et la pensée occi­dentale en ce siècle et dont nous tentons péniblement de sortir au­jourd'hui. Depuis ma sortie de l'université, j'ai évi­demment travaillé comme traducteur, mais j'ai aussi fondé mes revues Orien­tations (1982-1992), Vouloir (depuis 1983), et co-édité avec mes amis suisses et français, le bulletin Nou­velles de Synergies Européennes (depuis 1994). Entre 1990 et 1992, j'ai travaillé avec le Prof. Jean-Fran­çois Mattéi à l'Encyclopédie des Œuvres philosophiques des Presses Univ­er­si­tai­res de France. 

 

2. Dans les milieux politico-littéraires, on vous colle souvent l'étiquette de “droitier”. Etes-vous de droite ou de gauche. Qu'est-ce que cela signifie aujourd'hui?

 

Dans l'espace linguistique francophone, cela a été une véritable manie de coller à tout constestataire l'étiquette de “droite”, parce que la droite, depuis le libéralisme le plus modéré jusqu'à l'affirmation natio­naliste la plus intransigeante, en passant par toutes les variantes non progressistes du catholicisme, ont été re­jetées sans ménagement dans la géhenne des pensées interdites, considé­rées arbitrairement comme droitières voire comme crypto-fascistes ou carrément fascistes. Cette manie de juger toutes les pensées à l'aune d'un schéma binaire provient en droite ligne de la propagande communiste française, très puissante dans les médias et le monde des lettres à Paris, qui tentait d'assimiler tous les adversaires du PCF et de ses satellites au fas­cisme et à l'occupant allemand de 1940-44. Or, au-delà de cette polé­mique  —que je ne reprendrai pas parce que je suis né après la guerre—  je constate, comme doivent le constater tous les observa­teurs lucides, que les cultures dans le monde, que les filons cultu­rels au sein de chaque culture, sont l'expression d'une pluralité inépuisable, où tout se compose, se décompose et se recompose à l'infini. Dans ce grouillement fécond, il est impossible d'opérer un tri au départ d'un schéma simplement binaire! La démarche binaire est toujours mutilante. Ceci dit, je vois essentiellement trois pistes pour échapper au schéma binaire gauche/droite.

- La première vient de la définition que donnait le grand économiste français François Perroux du rôle de l'homme dans l'histoire de l'humanité et dans l'histoire de la communauté où il est né par le hasard des circonstances. L'homme selon Perroux est une personne qui joue un rôle pour le bénéfice de sa communauté et non pas un individu qui s'isole du reste du monde et ne donne rien ni aux siens ni aux autres. En jouant ce rôle, l'homme tente au mieux d'incarner les valeurs impassables de sa communauté nationale ou religieuse. Cette définition a été classé à droite, précisément parce qu'elle insistait sur le caractère impassable des grandes valeurs traditionnelles, mais bon nombre d'hommes de gauche, qu'ils soient chrétiens, musulmans, agnostiques ou athées, en recon­naîtront la pertinence.

- La deuxième piste, très actuelle, est celle que nous indique le communauta­risme américain, avec des auteurs comme Sandel, Taylor, McIntyre, Martha Nussbaum, Bellah, Barber,Walzer, etc. Au cours du XXième siècle, les grandes idéologies politiques dominantes ont tenté de mettre les valeurs entre paren­thè­ses, de procéder à une neutralisation des valeurs, au bénéfice d'une approche purement techno­cra­ti­que des hommes et des choses. Dans les années 50 et 60, l'idéologie dominante de l'Occident, aux Etats-Unis et en Europe de l'Ouest, a été ce technocratisme, partagé par le libéralisme, la sociale-dé­mo­cra­tie et un conservatisme qui se dégageait des valeurs traditionnelles du ca­tholicisme ou du pro­testantisme (en Allemagne: de l'éthique prussienne du service à l'Etat). Les ques­tions soulevées par les valeurs, dans l'optique d'une certaine philosophie empirique, néo-logique, étaient des questions vides de sens. Ce refus occidental des valeurs a généré un hyper-individualisme, une anomie générale qui se tra­duit par un incivisme global et une criminalité débridée en croissance continue. Le questionnement sou­le­vé aujourd'hui par l'école communautarienne américaine est une réponse à l'anomie occidentale (dont on n'est pas toujours fort conscient dans les pays européens qui ont connu le communisme) et cette ré­ponse transcende évidemment le clivage gauche/droite.

- La troisième piste est celle des populismes. Sous le titre significatif de Beyond Left and Right. Insur­gency and the Establishment,  une figure de proue de la gauche radicale américaine, David A. Horowitz, a publié récem­ment un ouvrage qui fait sensation aux Etats-Unis depuis quelques mois. Horowitz recence toutes les ré­voltes populaires américaines contre l'établissement au pouvoir à Washington, depuis 1880 à nos jours. Délibérément, Horowitz choisit à gauche comme à droite ses multiples exemples de révoltes du peuple contre ces oligarchies qui ne répondent plus aux nécessités cruelles qui frappent la population dans sa vie quotidienne. Horowitz brise un tabou tenace aux Etats-Unis, notamment en s'attaquant au caractère quelque peu coercitif des gauches, depuis le New Deal de Roosevelt jusqu'à nos jours. Une coercition subtile, bien camouflée derrière des paroles moralisantes... C'est à dessein que j'ai choisis ici des exemples américains, car les idéologèmes américains sont indépendants, finalement, des clivages eu­ro­péens nés de la seconde guerre mondiale. Même des propagandistes chevronnés ne pourront ac­cuser de “fascisme” des filons idéologiques nés en plein centre ou en marge des traditions “républi­caines” ou “démocrates”. Ce qui importe, c'est de défendre un continuum dans lequel on s'inscrit avec sa lignée.

 

3. Dans vos écrits sur la géopolitique, on perçoit une très nette influence des grands géopolitologues comme Kjellén, Mackinder, Haushofer et Jordis von Lohausen; vous semblez aussi vous intéresser aux travaux du Croate Radovan Pavic. De votre point de vue d'Européen du Nord-Ouest, comment percevez-vous la Mitteleuropa, plus particulièrement la Croatie?

 

C'est certain, j'ai été fasciné par les travaux des classiques de la géopolitique. J'ai rédigé des notes sur les géopolitologues dans l'Encyclopédie des Œuvres philosophiques, éditée par le Prof. Jean-François Mattéi (Paris, 1992). Le dernier numéro de ma revue Vouloir   (n°9/1997) est consacré à ces pionniers de la pensée géopolitique. En ce qui concerne votre compatriote Pavic, c'est, avec le Français Michel Fou­cher (Lyon), le meilleur dessinateur de cartes expressives, parlantes, suggestives en Europe au­jourd'hui. L'art de la géopolitique, c'est avant tout l'art de savoir dessiner des cartes qui résument à elles seules, en un seul coup d'oeil, toute une problématique historique et géographique complexe. Pavic et Klemencic (avec son atlas de l'Europe, paru cette année à Zagreb) perpétuent une méthode, lancée par la géopo­litique allemande au début de ce siècle, mais dont les racines remontent à ce pionnier de la géogra­phie et de la cartographie que fut Carl Ritter (1779-1859). Quant à ma vision de la Mitteleuropa, elle est quelque peu différente de celle qu'avait envisagée Friedrich Naumann en 1916. Au beau milieu de la pre­mière guer­re mondiale, Naumann percevait sa Mitteleuropa comme l'alliance du Reich allemand avec l'Autriche-Hon­grie, flanquée éventuellement d'une nouvelle confédération balkanique faisant fonction d'Ergänzungs­raum pour la machine industrielle allemande, autrichienne et tchèque. Cette alliance articu­lée en trois vo­lets aurait eu son prolonge­ment semi-colonial dans l'empire ottoman, jusqu'aux côtes de la Mer Rouge, du Golfe Persique et de l'Océan Indien. Aujourd'hui, un élément nouveau s'est ajouté et son importance est ca­pitale: le Rhin et le Main sont désormais reliés au Danube par un canal à gros gabarit, assurant un tran­sit direct entre la Mer du Nord et l'espace pontique (Fleuves ukrainiens, Crimée, Mer Noire, Cau­case, Ana­to­lie, Caspienne). Cette liaison est un événment extra­ordinaire, une nouvelle donne importante dans l'Eu­ro­pe en voie de formation. La vision du géopolitologue Artur Dix, malheu­reu­sement tombé dans l'oubli au­jourd'hui, peut se réaliser. Dix, dans son ouvrage principal (Politische Geographie. Weltpolitisches Hand­buch, 1923), a publié une carte montrant quelles dynami­ques seraient possibles dès le creusement défi­nitif du canal Main/Danube, un projet qu'avait déjà envisagé Charlemagne, il y a plus de mille ans! Aujour­d'hui le Rhin est lié à la Meuse et pourrait être lié au Rhône (si les gauches françaises et les nationalistes é­triqués de ce pays ne faisaient pas le jeu des adversaires extra-européens de l'unité de l'Europe et du rayonnement de sa cul­tu­re). Les trafics sur route sont saturés en Europe et le transport de marchandises par camions s'avèrent trop cher. L'avenir appar­tient aux péniches, aux barges et aux gros-pousseurs fluviaux. Ainsi qu'aux oléoducs transcaucasiens. Fin décembre 1997, l'ar­mée belge en poste en Slavonie orientale a plié bagages et a ache­miné tout son charroi et ses blindés par pousseurs jusqu'à Liège, prou­vant de la sorte l'importance militaire et stratégique du sy­stème fluvial intérieur de la Mitteleuropa. La mise en valeur de ce réseau diminue ipso facto l'importance de la Méditerranée, contrô­lée par les flottes amé­ri­cai­ne et britannique, appuyées par leur allié turc. Les Etats d'Europe centrale peuvent contrôler aisé­ment, par leurs propres forces terrestres la principale voie de passage à travers le con­ti­nent. La liaison Rot­terdam/Constantza devient l'épine dorsale de l'Europe.  Quant à la Croatie, elle est une pièce impor­tante dans cette dynamique, puisqu'elle est à la fois riveraine du Danube en Slavonie et de l'Adriatique, partie de la Méditerranée qui s'enfon­ce le plus profondément à l'intérieur du continent européen et qui revêt dès lors une importance stratégique considérable. Au cours de l'histoire, quand la Croatie apparte­nait à la double mo­narchie austro-hongroise et était liée au Saint-Empire, dont le territoire belge d'aujour­d'hui faisait partie intégrante,  elle offrait à cet ensemble complexe mais mal unifié une façade méditerra­néen­ne, que l'empire ottoman et la France ont toujours voulu confis­quer à l'Autriche, l'Allemagne et la Hon­grie pour les as­phy­xier, les en­claver, leur couper la route du large. Rappelons tout de même que la misère de l'Europe, que la ruine de la civilisation européen­ne en ce siècle, vient essen­tiellement de l'al­lian­ce perverse et pluriséculaire de la France monarchique et de la Turquie ot­tomane, où la France reniait la civilisation européenne, mobilisait ses forces pour la détruire. La Mitteleuropa a été prise en tenaille et ra­vagée par cette alliance: en 1526, le Roi de France François Ier marche sur Milan qu'il veut arracher au Saint-Empire; il est battu à Pavie et pris prisonnier. Ses alliés ot­tomans profitent de sa trahison et de sa di­version et s'emparent de votre pays pen­dant longtemps en le ra­vageant totalement. Au XVIIième siècle, la collusion franco-ottomane fonctionne à nouveau, le Saint-Em­pire est attaqué à l'Ouest, le Palatinat est ra­vagé, la Franche-Comté est annexée par la France, la Lorraine impériale est en­va­hie, l'Alsace est elle aus­si définitivement arrachée à l'Empire: cette guerre inique a été menée pour soulager les Turcs pen­dant la grande guerre de 1684 à 1699, où la Sainte-Alliance des puissances européennes (Autriche-Hongrie, Po­logne, Russie) con­jugue ses efforts pour libérer les Balkans. En 1695, Louis XIV ra­vage les Pays-Bas et incendie Bruxelles en inaugurant le bom­bardement de pure terreur, tandis que les Ottomans reprennent pied en Serbie et en Roumanie. En 1699, le Prince Eugène, adver­sai­re tenace de Louis XIV et brillant serviteur de l'Empire, impose aux Turcs le Traité de Carlowitz: la Sublime Porte doit céder 400.000 km2 de territoires à la Sainte-Alliance, mais au prix de tous les glacis de l'Ouest (Lorraine, Alsace, Franche-Comté, Bresse). La Répu­bli­que sera tout aussi rénégate à l'égard de l'Europe que la monar­chie française, tout en introduisant le fanatisme idéologique dans les guerres entre Etats, ruinant ainsi les principes civilisateurs du jus publicum europæum:  en 1791, alors qu'Autrichiens, Hon­grois et Russes s'apprêtaient à lancer une offensive définitive dans les Balkans, la France, fidèle à son anti-européisme foncier, oblige les troupes impériales à se porter à l'Ouest car elle lance les hordes révolu­tion­naires, récrutées dans les bas-fonds de Paris, contre les Pays-Bas et la Lorraine. Le premier souci de Napoléon a été de fabriquer des “départements illyriens” pour couper la côte dalmate de son “hinterland mittel­europäisch” et pour pri­ver ce dernier de toute façade méditerra­néenne. L'indépendance de la Croatie met un terme à cette logi­que de l'asphyxie, redonne à la Mitteleuropa une façade adriati­que/méditerranéenne.

 

4. A votre avis, quelles seront les forces géopolitiques qui auront un impact sur le destin croate dans l'avenir?

 

Le destin croate est lié au processus d'unification européenne et à la rentabilisation du nouvel axe central de l'Europe, la liaison par fleuves et canaux entre la Mer du Nord et la Mer Noire. Mais il reste à savoir si la “diagonale verte”, le verrou d'Etats plus ou moins liés à la Turquie et s'étendant de l'Albanie à la Macédoine, prendra for­me ou non, ou si une zone de turbulences durables y empêchera l'émergence de dynamiques fécondes. Ensuite, l'af­frontement croato-serbe en Slavonie pour la maîtrise d'une fe­nê­tre sur le Da­nube pose une question de principe à Belgrade: la Serbie se sou­vient-elle du temps de la Sainte-Alliance où Austro-Hongrois ca­tholiques et Russes orthodoxes joignaient frater­nel­lement leurs efforts pour libérer les Balkans? Se faire l'allié in­conditionnel de la France, comme en 1914, n'est-ce pas jouer le rôle dévolu par la monarchie et la république françaises à l'Em­pire ottoman de 1526 à 1792? Ce rôle d'ersatz  de l'empire otto­man moribond est-il compatible avec le rôle qu'entendent se don­ner certains na­tionalistes serbes: celui de bou­clier européen con­tre tout nouveau déferlement turc? La nou­velle Serbie déyougo­slavisée a intérêt à participer à la dyna­mi­que danubien­ne et à trouver une liaison fluviale avec la Russie. Toute autre politique serait de l'aberration. Et serait contraire au principe de la Sainte-Alliance de 1684-1699, qu'il s'agit de restaurer après la chute du Rideau de fer et des régimes communistes. Par ail­leurs, l'intérêt de la France (ou du moins de la population française) serait de joindre à la dynamique Rhin/Danube le complexe fluvial Saô­ne/Rhône débouchant sur le bassin occidental de la Méditerra­née, zone hautement stratégique pour l'ensemble européen, dont Mackinder, dans son livre Democratic Ideals and Reality  (1919), avait bien montré l'importance, de César aux Vandales et aux Byzantins, et de ceux-ci aux Sarrazins et à Nelson.

 

5. En vue de la proximité balkanique, quelles seront les synergies convergentes?

 

Favoriser le transit inter-continental Rotterdam/Mer Noire et faire de la région pontique le tremplin vers les matières premières caucasiennes, caspiennes et centre-asiatiques, est une nécessité économique vitale pour tous les riverains de ce grand axe fluvial et de cette mer intérieure. D'office, dans un tel contexte, une symphonie adviendra inéluctablement, si les peu­ples ont la force de se dégager des influences étrangères qui veu­lent freiner ce processus. Les adversaires d'un consensus harmo­nieux en Europe, de tout retour au jus publicum euro­pæum  (dont l'OSCE est un embryon), placent leurs espoirs dans la ligne de fracture qui sépare l'Europe catholique et protestante d'une part, de l'Europe orthodoxe-byzantine d'autre part. Ils spéculent sur la classification récente des civilisations du globe par l'Amé­ricain Samuel Huntington, où la sphère occidentale euro-amé­ricaine (“The West”) serait séparée de la sphère orthodoxe par un fossé trop profond, à hauteur de Belgrade ou de Vukovar, soit exactement au milieu de la ligne Rotterdam/Constantza. Cette césure rendrait inopérante la nouvelle dynamique potentielle, couperait l'Europe industrielle des pétroles et des gaz caucasiens et l'Europe orientale, plus rurale, des produits in­dustriels alle­mands. De même, la coupure sur le Danube à Belgrade a son é­quivalent au Nord du Caucase, avec la coupure tchétchène sur le parcours de l'oléoduc transcaucasien, qui aboutit à Novorossisk en Russie, sur les rives de la Mer Noire. La guerre tchétchène profite aux oléoducs turcs qui aboutissent en Méditerranée orientale contrôlée par les Etats-Unis, tout comme le blocage du transit danubien profite aux armateurs qui assurent le transport transméditerranéen et non pas aux peuples européens qui ont intérêt à raccourcir les voies de communication et à les contrôler directement. La raison d'être du nouvel Etat croate, aux yeux des Européens du Nord-Ouest et des Allemands, du moins s'ils sont conscients du des­tin du continent, se lit spontanément sur la carte: la configuration géographique de la Croatie, en forme de fer à cheval, donne à l'Ouest et au Centre de l'Europe une fenêtre adriatique et une fenêtre danubienne. La fenêtre adriatique don­ne un accès direct à la Méditerranée orientale (comme jadis la République de Venise), à condition que l'Adriatique ne soit pas blo­quée à hauteur de l'Albanie et de l'Epire par une éven­tuelle barrière d'Etats satellites de la Turquie, qui verrouilleraient le cas échéant le Détroit d'Otrante ou y géneraient le transit. La fenêtre danubienne donne accès à la Mer Noire et au Caucase, à condi­tion qu'elle ne soit pas bloquée par une entité serbe ou néo-you­go­slave qui jouerait le même rôle de verrou que l'Empire ottoman jadis et oublierait la Sainte-Alliance de 1684 à 1699, prélude d'une symphonie efficace des forces en présence dans les Balkans et en Mer Noire. L'Europe comme puissance ne peut naître que d'une telle symphonie où le nouvel Etat croate à un rôle-clé à jouer, no­tamment en reprenant partiellement à son compte les anciennes dynamiques déployées par la République de Venise, dont Ragu­se/Dubrovnik était un superbe fleuron.

 

6. Vous semblez être assez critique à l'égard de l'Etat pluri-ethnique belge? Quel se­ra son rôle?

 

L'Etat et le peuple belges sont des victimes de la logique partito­cra­tique. Les peuples de l'Ostmitteleu­ropa  savent ce qu'est une logi­que partisane absolue, parce qu'ils ont vécu le communisme. A l'Ouest la logique partisane existe également: certes, dans la sphè­re privée, on peut dire ou proclamer ce que l'on veut, mais dans un Etat comme la Belgique, où les postes sont répartis entre trois formations politiques au pro rata des voix obtenues, on est obligé de s'aligner sur la politique et sur l'idéologie étri­quée de l'un de ces trois partis (démocrates-chrétiens, socialistes, libéraux), sinon on est marginalisé ou exclu: la libre parole dérange, la volonté d'aller de l'avant est considérée comme “impie”. On m'objectera que la démocratie de modèle occidental permet l'alternance politique par le jeu des élections: or cette possibilité d'alter­nan­ce a été éli­minée en Belgique par le prolongement et la succession ad infini­tum de “grandes coalitions” entre démocrates-chrétiens et socia­listes. A l'exception de quelques années dans les “Eigh­ties”, où les libéraux ont participé aux affaires. Ce type de “grandes coali­tions” ne porte au pou­voir que l'aile gauche de la démocratie-chré­tienne, dont l'arme principale est une démagogie dangereuse sur le long terme et dont la caractéristique majeure est l'absence de principes politiques. Cette absence de prin­ci­pes conduit à des bricolages politiques abracadabrants que les Belges appellent ironiquement de la “plom­berie”. L'aile plus conservatrice de cette démocratie-chrétienne a été progressivement marginali­sée en Flandre, pour faire place à des politiciens prêts à toutes les combines pour gouverner avec les socia­listes. Or, les socialistes sont relativement minoritaires en Flandre mais majoritaires en Wallonie. Dans cet­te partie du pays, qui est francophone, ils ont mis le patrimoine régional en coupe réglée et ils y rè­gnent com­me la mafia en Sicile, avec des méthodes et des pratiques qui rap­pellent les grands réseaux ita­liens de criminalité. Les scandales qui n'ont cessé d'émailler la chronique quotidienne en Belgique vien­nent essentiellement de ce parti socialiste wallon. La Belgique fonctionne donc avec l'alliance de so­cia­listes wallons majoritaires dans leur région, de socialistes flamands minoritaires dans leur région, de dé­mo­crates-chrétiens wallons minoritaires et de dé­mo­crates-chrétiens flamands majoritaires, mais dont la ma­jorité est aujourd'hui contestée par les libéraux néo-thatché­riens et les ultra-nationalistes. Une très for­te minorité flamande conserva­tri­ce (mais divisée en plusieurs pôles antagonistes) est hors jeu, de mê­me que les classes moyennes et les entrepreneurs dynamiques en Wallonie, qui font face à un socia­lisme ar­chaïque, vindicatif, corrompu et inefficace. La solution réside dans une fédéralisation toujours plus pous­sée, de façon à ce que les Flamands plus conservateurs n'aient pas à subir le mafia-socialisme wal­lon et les Wallons socialistes n'aient pas à abandonner leurs acquis sociaux sous la pression de néo-tha­tché­riens flamands. Mais la pire tare de la Belgique actuelle reste la nomination politique des magis­trats, éga­lement au pro rata des voix obtenues par les partis. Cette pratique scandaleuse élimine l'indé­pen­dan­ce de la magistrature et ruine le principe de la séparation des pouvoirs, dont l'Occident est pour­tant si fier. Ce principe est lettre morte en Belgique et la cassure entre la population et les institutions judi­ciai­res est dé­sormais préoccupant et gros de complications. L'a­venir de la Belgique s'avère précaire dans de telles con­ditions, d'autant plus que la France essaie d'avancer ses pions partout dans l'économie du pays, de le co­loniser financièrement, avec l'ac­cord tacite de Kohl  —il faut bien le dire—  qui achète de la sorte l'ac­cep­tation par la France de la réunification allemande. Le pays implosera si son personnel poli­tique con­ti­nue à ne pas avoir de vision géopolitique cohérente, s'il ne reprend pas cons­cience de son destin et de sa mis­sion mitteleuropäisch,  qui le con­duiront de surcroît à retrouver les intérêts considé­rables qu'il avait dans la Mer Noire avant 1914, surtout les entreprises wallonnes! Non seulement l'Etat belge implosera s'il ne retrouve pas une vision géopolitique cohérente, mais chacune de ses compo­san­tes imploseront à leur tour, entraînant une catastrophe sans précédent pour la population et créant un vi­de au Nord-Ouest de l'Eu­rope, dans une région hautement stratégique: le delta du Rhin, de la Meuse et de l'Es­caut, avec tous les canaux qui les relient (Canal Albert, Canal Juliana, Canal Wilhelmina, Willems­vaart, etc.).

 

7. Le peuple flamand en Belgique a joué un rôle non négligeable lors de la guerre en ex-Yougoslavie, en apportant son aide au peuple croate. Qu'est-ce qui les unit?

 

Les nationalistes flamands s'identifient toujours aux peuples qui veulent s'affranchir ou se détacher de structures étatiques jugées oppressantes ou obsolètes. En Flandre, il existe un véritable engouement pour les Basques, les Bretons et les Corses: c'est dû partiellement à un ressentiment atavique à l'égard de la France et de l'Espagne. La Croatie a bénéficié elle aussi de ce sentiment de solidarité pour les peuples concrets contre les Etats abstraits. Pour la Croatie, il y a encore d'autres motifs de sympathie: il y a au fond de la culture flamande des éléments baroques comme en Autriche et en Bavière, mais mar­qués d'une truculence et d'une jovialité que l'on retrouve surtout dans la peinture de Rubens et de Jor­daens. Ensuite, il y a évidemment le catholicisme, partagé par les Flamands et les Croates, et un Kultur­na­tionalismus  hé­rité de Herder qui est commun aux revendications nationalistes de nos deux peuples. Mais ce Kulturnationalismus  n'est pas pur repli sur soi: il est toujours accompagné du sentiment d'ap­partenir à une entité plus grande que l'Etat contesté  —l'Etat belge ici, l'Etat yougoslave chez vous—  et cette en­tité est l'Europe comme espace de civilisation ou la Mitteleuropa comme communauté de destin histo­rique. Certes, dans la partie flamande de la Belgique, le souvenir de l'Autriche habsbourgeoise est plus ancien, plus diffus et plus estompé. Mais il n'a pas laissé de mauvais souvenirs et l'Impératrice Ma­rie-Thérèse, par exemple, demeure une personnalité historique respectée.

mercredi, 23 septembre 2009

Le bouclier antimissile américain en Europe relancé?

Le bouclier antimissile américain en Europe relancé ?

Des missiles SM-3 en Europe...

PARIS (NOVOpress) – Contrairement à ce que pouvait laisser penser la décision du président Obama de renoncer à implanter un système antimissile en Pologne et en Tchéquie, les Etats-Unis n’ont nullement renoncé à leur projet de bouclier antimissile en Europe, bien au contraire.

En effet, dans un article paru samedi dans The New-York Times, Robert M. Gates, secrétaire à la Défense des Etats-Unis l’affirme très clairement : « nous renforçons la défense antimissile en Europe, nous ne l’abandonnons pas» .

Selon lui, le système qui vient d’être abandonné ne serait pas entré en service « avant au moins 2017 et probablement beaucoup plus tard»  alors que le nouveau plan prévoit un déploiement, effectif dès 2011, de missiles d’interception SM-3 embarqué à bord de navires, sans doute en Méditerranée orientale. Une deuxième phase, « vers 2015″, verra, elle, le déploiement d» une version améliorée du SM-3 au sol « en Europe du sud et centrale» .

Bref, la tutelle militaire américaine sur L’Europe, renforcée par le retour de la France dans l’Otan, a encore de beaux jours devant elle.

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vendredi, 18 septembre 2009

Gespräch mit Dr. Tomislav Sunic

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Archiv von "SYNERGIES EUROPEENNES" - 1998

Gespräch mit Dr. Tomislav Sunic

Tomislav Sunic, 1953 in Zagreb/Agram geboren, ist Autor von drei wichtigen Büchern Against Democracy and Equality. The European New Right, Dissidence and Titoism  (beide bei Peter Lang, Bern/Frankfurt a. M.) und Americka Ideologija  (= Die amerikanische Ideologie). Wegen politischer Dissidenz muß­te er 1983 in die Vereinigten Staaten emigrieren, wo er in der Ca­lifor­nia State Uni­versity von Sacramento und in der University of Ca­lifornia in Santa Barbara studierte und promo­vierte. Er hat in den VSA für verschiedenen Zeitschriften ges­chrieben und hat in der California State University in Long Beach und in den Ju­nia­ta College in Pennsylvanien doziert. Seit 1993 ist er zurück in Eu­ropa. Heute schreibt er für Chronicles of American Culture und für Eléments  (Frankreich).

 

Dr. Sunic, in welchem Familienkontext sind Sie aufgewachsen? Welche ideologische Einflüße hat ihr Vater auf Ihnen gehabt?

 

Mein Vater war Anwalt, hat politische Dissidenten verteidigt, wurde zweimal wegen politischer Nonkonformität im kommu­nistischen Jugoslawien eingesperrt. Er war antikommunistisch und stark vom kroatischen Bauernkatholizismus geprägt. Amnisty International hat ihn als Mustergefangenen adoptiert, weil er 1985 der älteste politische Gefangene im kommunisti­schen Osteuropa war. Die FAZ  und Die Welt  haben sich auch für ihn engagiert. Wir lebten in sehr bescheidene Umstände, wir hatten weder Fernsehen noch Pkw. Mein Vater war der Mei­nung, nur Bü­cher machen eine richtige Bildung. Wir wur­den ständig schika­niert und mein Vater verlor bald das Recht, seinen Beruf auszu­üben. Er war während des Krieges nicht Mitglied der Ustascha, stand eher kritisch dem kroatischen Staats­wesen von Pavelic gegenüber. Mein Vater war Domobran, d. h. in der Einwohner­wehr. Heute ist er 83 und hat 1996 seine Memoiren unter den Titel “Moji "inkriminari” zapisi” (= Meine “inkrimi­nier­ten” Pa­piere) publiziert, wobei er im neuen kroati­schen Staat viel Aufmerksamkeit geregt hat.

 

Aber wie würden Sie ihre eigenen philosophisch-ideologischen Weg beschreiben?

 

Um es kurz zu fassen, bin ich ein “reaktionärer Linke” oder ein “konservativer Sozialist”. Ich gehöre keiner Sekte oder keiner theologish-ideologischer Partei. Ich war antikommunistisch wie mein Vater, aber, als ich jung war, nahm meine persön­liche Revolte den Gewand des Hippismus. Ich pilgerte nach Amster­dam, danach nach Indien im kaschmirischen Srinagar und in der Stadt Goa. Der Ersatz zum Kommunismus war für mich die hippy Gemeinschaft. Ich war gegen alle Formen von Establish­ment, egal welche ideologische Gestalt es hat. Aber ich verstand sehr bald, daß der Hippismus auch eine traurige Farce war. Um es salopp auszudrucken: “Eben beim Joints-Rauchen, haben die Hippies eine Art Hierarchie mit aller möglichen Heu­chelei re­produziert”. Das gilt auch selbstverständlich für den Fe­minis­mus und den Schwulenbewegungen. Mein einziger Trost war das Lesen der großen Klassiker der Weltliteratur. Die sind die richtigen Antidoten zum Konformismus. Als Kind las ich Tintin (dt. “Tim”) auf französisch, Karl May auf deutsch sowie den Dichter Nikolas Lenau. Als Jugendlicher las ich weiter deutsche, französische und englische Bü­cher. Mit dieser klassi­schen Bildung und meiner Hippy-Erfahrung, habe ich dann die Rock-Musik entdeckt, u. a. “Kraft­werk” und Frank Zappa, der zur gleichen Zeit Anarchist, Porno­graph und Nonkonformer war. Zappa war für mich sehr wich­tig, da er mich die Realsprache gegen alle Heucheleien der eta­blier­ten Gesellschaft gelernt hat. Mit ihm habe ich das ame­rikanische Slang bemeis­tern können, die ich oft benutzt in meinem Schreiben, um das links-liberale Establishment diesmal konser­vativ aber im­mer ironisch und höhnisch zu bes­potten.

 

Können Sie uns ein Paar Worte über ihre Studien sagen?

 

In Kroatien zur Zeit der kommunistischen Herrschaft habe ich Literatur, moderne Sprachen und Vergleichende Literatur stu­diert. Ich war 1977 fertig. Ästhetisch und graphisch konnte ich den Jugo-Kommunismus nicht mehr ertragen, Betonsprache und balkanische Vetternwirtschaft machten mich kotzen. 1980 nutzte ich die Gelegenheit, für ein jugoslawisches Unternehmen in Algerien als Dolmetscher zu arbeiten. 1983 emigrierte ich in den Vereinigten Staaten. Dort las ich wiedermal die nonkon­forme Li­teratur. Damals waren meine Lieblingsautoren  Ke­rouac und der Fran­zose Barbusse; weiter habe ich Sartre gele­sen, weil er nicht nur Linker sondern ein bissiger Entlarver war, oh­ne Her­mann Hesse zu vergessen, weil er mich an meine Indien-Reise erinnerte.

 

In den Vereinigten Staaten haben Sie den amerikanischen Neo­kon­servatismus entdeckt?

 

Zuerst muß ich sagen, daß der amerikanische Neokonservatis­mus nicht mit dem europäischen gleichgestellt sein kann. Links, rechts, was heißt das heute? Ich teile die Leute in Konformisten und Nonkonformisten. Der Mann, der mich in diesen Kreisen beeindruckt hat, war Thomas Molnar. Er war damals mein Mentor, weil er Un­garn und Angehöriger des ehemaligen k.u.k-Kulturraumes ist. Molnar ist ganz und klar Konservativer aber er bleibt ein Mann mit Ironie und sehr viel Humor. So trifft er immer das Wesentliche. Der Schmitt- und Hegel-Spezialist Paul Gottfried übte auch auf mich einen tiefen Einfluß. Danach habe ich Paul Fleming kennengelernt, der die Zeitschrift Chronicles of Ame­rican Culture  leitet. Ich bin Autor der Redaktion seit mehr als zehn Jahre. Aber Rebell bin ich ge­blieben, deshalb interessierte ich mich intensiv für die sogenannten europäi­schen Neue Rech­te bzw. den Neo­konservatismus Europas mit Mohler und seinem heroischen Realismus, Schrenck-Notzing und seiner Feind­schaft jeder öffentlichen Meinungsdiktatur gegenüber, Kalten­brun­ner und seiner Faszination für die Schönheit in unse­rer geistigen Trümmernwelt,  Benoist mit seine Syn­these in Von rechts ge­sehen.  Ich habe dann die Autoren gelesen, die die Neue Rechte empfahl. Mein Buch über die Neue Rechte ist eigentlich ein fol­low-up meines Eintauchens in diese Bil­dungswelt. Aber die Benennung “Neue Rechte” kann auch trügen: ich ziehe es vor, diese neue Kulturbewegung als “GRECE” zu bezeichnen, d.h. wie Benoist es sieht, als ein dynamische Forschungstelle zur Erhal­tung der Lebendigkeit unserer gesamteuropäischen Kultur. Cé­line (mit seiner groben Pariser Rotwelschsprache die alle einge­bür­gerten Gewißheiten zertrümmert), Benn und Cioran mit ihrem unnachahmbaren Stil bleiben aber die Lieblingsautoren des Rebells, der ich bin und blei­ben werde.

 

Sie sind in Kroatien und in Europa 1993 zurückgekommen. Wie haben Sie die neue Lage in Ostmitteleuropa beurteilt?

 

Das Schicksal Kroatiens ist eng mit dem Schicksal Deutschlands verbunden, egal welches politische System in Deutschland herr­scht. Sowie der schwedische Gründer der Geopolitik, Rudolf Kjellén, sagte: “man kann seine geopolitischen Bestimmung nicht entweichen”. Andererseits, hat uns Erich Voegelin gelernt, daß man politische Religionen wie Faschismus und Kommu­nis­mus wegwerfen kann, aber daß man das Schicksal seines Hei­matlandes nicht entrinnen kann. Das deutsche Schicksal, ein­gre­kreist zu sein, ist dem kroatischen Schicksal ähnlich, eben wenn Kroatien nur ein kleiner Staat Zwischeneuropas ist.  Ein gemeinsames geographisches Fakt ve­reint uns Deutsche und Kroaten: die Adria. Das Reich und die Doppelmonarchie waren stabile Staatswesen solange sie eine Öffnung zum Mittelmeer durch die Adria hatten. Die westlichen Mächte haben es immer versucht, die Mächte Mitteleuropas den Weg zur Adria zu ver­s­perren: Napoleon riegelte den Zugang Österreiches zur Adria, indem er die Küste direkt an Frankreich annektierte (die sog. “départements illyriens”), später sind die Architekte von Versail­les in dieser Politik meisterhaft  gelungen. Deutschland verlor den Zugang zum Mittelmeer und Kroatien verlor sein mittel­eu­ropäisches Hinterland sowie seine Souveränität. Das ist der Schlüssel des kroatischen Dramas im 20. Jahrhundert.

 

Wird Kroatien den Knoten durchhaken können? Seine Position zwischen Mitteleuropa und Mittelmeer optimal benutzen kön­nen?

 

Unsere Mittelschichten und unsere Intelligentsija wurden total durch die Titoistischen Repression nach 1945 liquidiert: Das ist soziobiologisch gesehen die schlimmste Katastrophe für das kroatisches Volk. Der optimale und normale Elitekreislauf ist seitdem nicht mehr möglich. Der “homo sovieticus” und der “homo balkanicus” do­minieren, zu Ungunsten des “homini mit­teleuropei”.

 

Wie sehen Sie die Beziehungen zwischen Kroatien und seinen balkanischen Nachbarn?

 

Jede aufgezwungene Heirat scheitert. Zweimal in diesem Jahrhun­dert ist die Heirat zwischen Kroatien und Jugoslawien geschei­tert. Es wäre besser, mit den Serben, Bosniaken, Albanern und Makedoniern als gute Nachbarn statt als schlechte und zän­ki­sche Eheleute zu leben. Jedes Volk in ehemaligen und in Rest­ju­goslawien sollte seinen eigenen Staat haben. Das jugosla­wische Ex­periment ist ein Schulbeispiel für das Scheitern jeder aufgez­wun­gen Multikultur.

 

Was wird nach Tudjman?

Hauptvorteil von Tudjman ist es, daß er völlig die Geschichts­schreibung des Jugokommunismus entlarvt hat. Größtenteils hat er das kroatische Volk und besonders die Jugend von der Ver­fälschung der Geschichte genesen.

Herr Dr. Sunic, wir danken Ihnen für dieses Gespräch.

(Robert STEUCKERS, Brüssel, den 13. Dezember 1997).

dimanche, 06 septembre 2009

De Yalta à la réorganisation de la Mittleuropa

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1990

Robert Steuckers:

De Yalta à la réorganisation de la Mitteleuropa

 

Si l'on passe en revue les événements qui ont secoué l'Europe depuis Yalta, on constate, dans les années 50, une atmosphère de guerre froide risquée, avec un conflit coréen sanglant, l'aventure de Suez, l'écrasement des ré­voltes de Berlin-Est, Plzen (Pilsen), Gdansk (Dantzig) et Budapest, et la révolution cubaine. La terreur nucléaire est partout présente. Les deux gros s'affrontent mais, en même temps, s'entendent contre l'émergence des non-alignés (Bandoung, 1955). Les années 60 sont, pour l'Occident, l'époque de l'ascension économique et le démar­rage de la société de consommation. Les premières velléités d'indépendance se manifestent en Europe: De Gaulle quitte le commandement intégré de l'OTAN. Les années 70 connaissent un conformisme consumériste rigide, as­sorti, dans la foulée de 68, d'une contestation gauchiste inopérante, stérile, incapable d'imaginer et de créer des institutions nouvelles. Après 1975, quand l'idéologie de 68, version dure mais marginale, s'essoufle et que l'idéologie de 68, version molle, freudo-marxiste, hédoniste et narcissique, commence à faire sourire, le monde traverse une époque qui n'est ni chaire ni poisson. L'avènement de Reagan, après les élections d'octobre 1980, consacre la victoire idéologique d'un conservatisme néo-libéral, vulgaire et anti-intellectuel, contredit seule­ment par l'élection, en mai 1981, de François Mitterand, dernière victoire d'un conglomérat idéologique hétéro­gène alliant le paléo-socialisme d'un Maurois, psycho-rigide et étatiste, à la parousie gélatineuse du gauchisme, émanation de la déliquescence de la société libérale-bourgeoise. Ce conglomérat ne tiendra pas longtemps et le mitterandisme prendra sa vitesse de croisière avec un carburant idéologique très différent: une sorte de social-conservatisme, acceptable par l'idéologie néo-libérale dominante.

 

En 1982, quand l'aviation et les chars israëliens écrasent les avions et les tanks syriens lors de l'opération dite «Paix en Galilée», les observateurs militaires sérieux admettent, sans le crier sur tous les toits, que, désormais, la technologie occidentale est incontestablement supérieure à la technologie soviétique. Ce fait n'est pas dé­voilé au grand public. L'anti-communisme doit encore fonctionner, en tant que discours manipulatoire, pour permettre à Reagan d'asseoir son programme économique. Mais les Soviétiques sont contraints de changer de stratégie, d'assouplir leurs positions et de lâcher du lest. Cette retraite a été camouflée sous les noms de peres­troïka et de glasnost, dès qu'un chef plus jeune a accédé au pouvoir suprême au Kremlin. La défaite militaire, l'URSS la compensait par une belle offensive de propagande, qui n'était pas si fictive que cela, puisqu'il fallait bien réformer de fond en comble la société soviétique exsangue et improductive. Et cette société soviétique, dans quelle Europe évoluera-t-elle?

 

Première chose que l'on peut dire de l'Europe post-perestroïka, c'est qu'elle ne sera certainement pas administrée par les principes de l'idéologie marxiste. Deuxième chose, c'est qu'elle risque de basculer dans le libéralisme dé­létère de l'américanosphère. Mais qui dit risque ne dit pas certitude. Les privatisations en Pologne, en Hongrie, en Russie, provoquent déjà tant de dysfonctionnements qu'une application de l'économie de marché pure s'avère très problématique sinon impossible. Troisième facteur à prendre en compte: les réflexes nationaux/ethniques, réflexes collectifs et non individualistes; ils indiquent qu'une forme nouvelle de rapports sociaux doit voir le jour, qui préserve les personnalités culturelles, renforcent la solidarité sociale dans une économie florissante, qui relègue la précarité et la pénurie au dépotoir de l'histoire. Quatrième point: ce retour aux identités, cette soif de solidarité sociale et ce besoin d'une économie souple et efficace ne peut se faire sous l'égide d'un parti (communiste) monopolistique, fortement idéologisé, qui étouffe toutes les virtualités qui ne cadrent pas avec ses schémas.

 

L'autonomie culturelle

 

L'Europe de demain, et plus spécialement sa partie centrale (la Mitteleuropa), n'oubliera pas qu'elle est une mo­saïque de spécificités inaliénables, où aucune frontière fixe n'est juste. Chacune de ses spécificités, qu'elle soit de nature purement ethnique/linguistique, religieuse ou idéologique, doit pouvoir exprimer ses virtualités, car elles sont forcément des enrichissements positifs dont bénéficiera l'ensemble du continent. Cela implique un mode souple de représentation, plus moderne et audacieux que la représentation conventionnelle au sein des Etats-Nations que nous connaissons aujourd'hui. Ces entités, héritées de la Révolution française et du calamiteux Traité de Versailles, ont contraint des régions entières à se couper de leur hinterland naturel et provoqué de la sorte de lamentables récessions culturelles et économiques.

 

Prenons quelques exemples: la Tchécoslovaquie de 1919, celle de Masaryk, était mue par un curieux mélange de panslavisme germanophobe et de messianisme laïc (maçonnique), qui a coupé et les liens naturels et séculaires de la Bohème avec la Saxe, l'Autriche et la Bavière, et ceux qu'entretenait la Slovaquie agraire avec la Hongrie et la Pologne. La République communiste de 1948 a accentué encore cette coupure catastrophique, contraignant les Tchèques à renoncer à leur tissu industriel spécifique pour poursuivre le mythe communiste de l'industrialisation lourde. Ce fut l'enlisement, contrecarré seulement par des mesures draconiennes, assorites de la mobilisation des détenus dans les secteurs de l'industrie lourde, déficitaires dans la conjoncture actuelle. L'économiste Ota Sik, l'actuel Président Vaclav Havel, ainsi que des groupes de dissidents installés à Paris, ont compris que ce «masarykisme communiste» ne pouvait durer. Aujourd'hui, la République communiste tchècoslovaque est deve­nue la «République fédérative des Tchèques et des Slovaques». Le fédéralisme régionaliste progresse, avec une Bohème industrielle tournée vers l'Allemagne (rappelons-nous que la première visite officielle de Havel s'effectua en Allemagne) et une Slovaquie agricole liée à la Hongrie. Les Hongrois de Transylvanie ont réclamé leur autonomie, sans exiger l'Anschluß avec la «mère-patrie» magyare. En Pologne, malgré les éructations na­tionalistes dépassées de ces dernières semaines, des voix réclament la décentralisation de l'Etat. En Yougoslavie, Slovènes et Croates acquièrent de plus en plus de liberté de mouvement.

 

Ce fédéralisme qui donne à l'Europe, à la «Maison Commune» européenne, une architecture nouvelle, sans re­lents de militarisme fanatique (seuls quelques résidus en Pologne et en Serbie), doit avancer à l'Ouest aussi: la Grande-Bretagne doit fait progresser sa «dévolution», la décentralisation espagnole est désormais un fait ac­compli. Les constitutions-modèles restent pour nous les constitutions ouest-allemande, autrichienne et helvé­tique. Le règlement des minorités en Europe orientale doit, à notre sens, se calquer sur les statuts des minorités allemandes au Danemark et danoise en RFA, sur le statut de la minorité germanophone en Belgique, lequel pré­voit l'élection directe des mandataires de la «communauté germanophone» et un système scolaire très élaboré. Danois, Belges et Allemands estiment d'ailleurs que ces statuts devraient être appliqués ailleurs dans la CEE, là où il y a des minorités linguistiques. La France, la Grèce et la Suède conservent encore des institutions centrali­satrices aujourd'hui obsolètes, qui arasent les spécificités et permettent de la sorte aux chimères mondialistes de toutes natures de proliférer et de désagréger la société.

 

La Solidarité sociale

 

La véritable solidarité sociale passe par la reconnaissance de la personnalité de tous les membres de la commu­nauté populaire. C'est pourquoi, vu la diversification extrême du tissu social contemporain, le mode de représen­tation parlementaire doit être révisé et amélioré. Chaque circonscription électorale (qui devra représenter un ter­ritoire homogène sur tous les plans) devra élire ses représentants sur une base triple et non plus unique. S'il est anti-démocratique d'ôter aux grands partis d'opinion la possibilité d'être représentés, ce type de représentation ne saurait suffire à donner une image complète des desiderata du peuple. Le peuple n'est pas seulement un éventail d'opinions générales mais un kaléidoscope d'intérêts entrecroisés, classables en trois catégories au moins: les intérêts idéologiques non matériels (représentés par les partis), les intérêts professionnels concrets et les inté­rêts territoriaux (régionaux) d'ordre charnel. De ce fait, les chambres de l'avenir devront tenir compte de ce fais­ceau d'intérêts entrecroisés et être élues selon un système à trois vitesses qui, en bout de course, donnera une re­présentation populaire plus précise et plus juste. C'est là, en gros, l'idée du Sénat des régions et des professions qu'avait envisagé De Gaulle pour la France. Ce modèle doit servir d'exemple à l'Europe orientale en pleine effer­vescence.

 

Une telle représentation implique aussi une redistribution plus juste du revenu national. Cette redistribution doit viser deux objectifs: 1) éviter l'émergence d'une nouvelle pauvreté, comme celle qui est en train de miner et de déstabiliser la société polonaise. En Allemagne de l'Est et en Hongrie, le remaniement socio-économique doit justement esquiver ce terrible écueil. Le problème de la nouvelle pauvreté implique, soit dit en passant, un sys­tème d'allocations sélectif basé sur l'autochtonité. La lutte contre la précarité existentielle est impossible dans un système qui ouvre ses portes aux immigrations les plus diverses. On l'a vu en RFA avec l'afflux massif de ré­fugiés est-allemands, pourtant de même culture.

2) La redistribution ne doit pas étouffer les virtualités des éléments doués d'une société. La redistribution ne sau­rait se faire au détriment de la recherche universitaire en tous domaines, surtout dans les branches scientifiques et technologiques où l'Europe doit rattraper ses retards. Elle ne saurait s'effectuer non plus au détriment des inves­tissements modernisateurs de l'outil industriel. La transparence, tant voulue par les gauches, passe par l'intéressement et la participation au sens gaullien des termes. Seuls l'intéressement et la participation respon­sabilisent et «conscientisent» le salariat qui sait alors quels sont ses droits (le montant de ses allocations et sa­laires) et ses devoirs (le montant du sacrifice à consentir pour la modernisation et l'entretien de l'outil, pour la recherche).

 

Représentation nouvelle, redistribution nouvelle, organisation ethnocentrée de nos peuples, voilà des défis ré­volutionnaires qui s'adressent à tous les Européens, de l'Est comme de l'Ouest. Ces idées donneront un visage nouveau à l'Europe en dépit des stratégies de retardement que ne manqueront pas de déployer l'établissement et les pseudo-rénovateurs.

 

Robert STEUCKERS,

avril 1990.    

vendredi, 24 juillet 2009

Le Canada impose le visa aux Tchèques à cause de la minorité tzigane

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Le Canada impose le visa aux Tchèques à cause de la minorité tzigane

 

 

OTTAWA / PRAGUE : Le gouvernement canadien a récemment, en ce mois de juillet 2009, réintroduit l’obligation d’un visa d’entrée pour les ressortissants tchèques, alors qu’il l’avait supprimée en 2007. La raison qui explique cette mesure drastique: le flux ininterrompu de Tziganes de citoyenneté tchèque qui arrivent au Canada comme touristes et puis demandent l’asile politique. De janvier à avril, les autorités canadiennes ont signalé 1077 cas de “Roms” tchèques qui réclament l’asile politique afin d’obtenir ce qui pend à la clef: des allocations sociales substantielles. Pendant l’année 2008, ces mêmes autorités n’avaient signalé que 861 cas. Le Canada avait déjà connu une vague d’immigration tzigane en 1996/1997, ce qui l’avait amené à imposer le visa. Le ministre tchèque des affaires étrangères Jan Kohout a manifesté son mécontentement: “On n’agit pas de la sorte avec un pays dont on partage l’adhésion à l’OTAN et dont les soldats se battent côte à côte en Afghanistan”. En tant que membre de l’UE, Prague ne peut pas prendre l’initiative d’imposer le visa aux citoyens canadiens; seul Bruxelles est autorisé à le faire.

 

(article paru dans “Junge Freiheit”, Berlin,  n°30/2009).

mercredi, 15 juillet 2009

Sur la question allemande: un ouvrage indispensable

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SYNERGIES EUROPÉENNES - Juillet 1986

Detlev BAUMANN:

Sur la question allemande: un ouvrage indispensable...

Quarante ans après la fin de la deuxième guerre mondiale, il est temps de tirer un bilan politique des événements en Allemagne et d'envisager les potentialités qu'offre l'a-venir et d'affronter les exigences d'un XXIème siècle qui va bientôt s'amorcer. LE politique interpelle les Allemands et il est urgent pour eux de répondre clairement, dans la cohérence, à cette interpellation. En effet, les générations nées après la plus grande cassure qu'ait connue l'histoire alle-mande se sont complues dans un consumé-risme matérialiste; elles sont sorties volon-tairement de l'histoire avec une confondante insouciance. Il en a résulté un dangereux vi-de spirituel, qui menace l'existence du peu-ple allemand plus que toute autre chose. C'est pourquoi un renouveau intellectuel s'impose, afin de reconstruire le pays et de lui donner la place qu'il mérite dans le con-cert international.

Parallèlement à l'effon-drement spirituel allemand dans le consumé-risme, un débat s'est ouvert depuis quelques années, celui qui a pris pour objet "l'identité allemande". Ce débat n'a cessé de s'ampli-fier. A gauche de l'échiquier politique, on est retourné à cette fameuse question natio-nale, préalablement délaissée au nom de l'internationalisme et de l'anti-fascisme. A l'étranger, bon gré mal gré, on commence à se rendre compte que cette question allemande n'est rien d'autre que LA grande question européenne et que la division de l'Allemagne, c'est la division de l'Europe. De plus en plus d'Européens, à l'Est comme à l'Ouest du Rideau de fer, savent désor-mais que les implications de Yalta et Pots-dam doivent être définitivement surmontées.

C'est sur la base de ce triple constat qu'ont décidé d'agir le Professeur Bernard WILLMS et Wigbert GRABERT, directeur des éditions Hohenrain de Tübingen. Dans un projet d'é-dition en trois volumes, ils souhaitent faire le tour de la question allemande et de poser les premiers jalons du renouveau qui s'im-pose. Le premier volume, sorti l'an dernier à l'occasion de la célèbre Foire du Livre de Francfort, rassemble les contributions de treize auteurs (B.WILLMS, M.RASSEM, G. WOLANDT, W.G.HAVERBECK, A. de BE-NOIST, M.VOGT, H.J. von LOHAUSEN, A.SCHICKEL, D.BLUMENWITZ, E. SCHWINGE, H.RUMPF, Caspar von SCHRENCK-NOTZING, A.MöLZER).

Trois contributions ont particulièrement retenu notre attention, d'autant plus que nous écrivons cette recension pour un public non-allemand, guère au courant des arcanes juridiques de la politique allemande, déter-minée par des traités internationaux, géné-ralement co-signés par les quatre puissances occupantes de 1945. C'est sans doute avec quelque tristesse que nous n'évoquerons pas, ici, les contributions de l'historien SCHI-CKEL, directeur du centre de recherches sur l'histoire contemporaine d'Ingolstadt, du ju-riste BLUMENWITZ, spécialiste des traités qui régissent actuellement l'Allemagne et de RUMPF, également juriste, spécialiste de la notion de souveraineté et auteur d'un livre sur Carl SCHMITT et Thomas HOBBES. Mais nous savons d'emblée que commenter, même superficiellement, la situation juridique d'une nation comme la nation allemande excède le cadre d'une simple recension. Plus impor-tantes pour notre propos, sont, à notre sens, les contributions de HAVERBECK, de VOGT et de SCHWINGE.

HAVERBECK aborde le sens philosophique et religieux de la notion de liberté (Freiheit) en langue allemande, en procédant par chro-nologie, c'est-à-dire en analysant ce que  "liberté" a signifié à chaque étape de l'his-toire allemande. VOGT analyse la question nationale allemande, telle qu'elle a été per-çue par les milieux socialistes de 1848 à 1985. SCHWINGE analyse le fameux "Plan Morgenthau" et fustige le mépris que les Américains ont affiché à l'égard du droit des gens au temps de l'occupation militaire directe de l'Allemagne.

Le point de départ de la notion de "liberté", pour HAVERBECK, c'est la Réforme portée par LUTHER. Le XVIème siècle voit l'éclo-sion de "la conscience qu'a l'homme de lui-même". Cette éclosion postule le respect de l'identité et de l'auto-détermination des in-dividus et des communautés. L'individu en communauté n'est pas isolé: il est une per-sonne qui sert sa communauté, en déployant ses talents, ses potentialités, son génie. Au XVIIIème, cette liberté s'exprimera de deux manières: chez GOETHE de manière per-sonnaliste et chez HERDER sous l'angle de la communauté populaire, dépositaire d'une spécificité propre. FICHTE prendra le relais dans son "Discours à la Nation Allemande", puis les "nationalistes romantiques et jaco-bins" ARNDT et JAHN vulgariseront, en un langage plus accessible, l'identité philo-sophique entre "déploiement de la per-sonnalité" et "engagement pour le Volkstum (JAHN) ou la Volkheit (GOETHE)". L'ex-pression politique et collective de cette phi-losophie a été le mouvement révolutionnaire des "Burschenschaften" (Corporations d'Etu-diants) qui organisa un grand rassemblement d'universitaires à l'occasion du tricentenaire de la Réforme, en octobre 1817.

Ce mouve-ment étudiant véhiculera, contre l'absolu-tisme, l'idée nationaliste, libertaire et socia-liste, la notion moderne de démocratie orga-nique et directe et rejetera toute construc-tion politique basée sur des oligarchies fer-mées à toute circulation des élites ou tirant leur justification d'un pouvoir étranger, com-me l'Eglise catholique romaine. Héritiers de ces "Burschenschaften" du début du XIXème, sont le mouvement de jeunesse "Wander-vogel" et les "Bündischen". L'idée de liberté germanique s'y est vécue en communauté, entre hommes et femmes libres de déter-miner leur agir. La Nation allemande, dans cette optique "réformée", n'a pas néces-sairement un contenu "biologique": elle re-présente un mode de vie, une conception li-bertaire de l'existence que tous peuvent par-tager, indépendamment de leurs origines eth-niques. Le patriotisme "allemand" qui en dé-coule procède dès lors d'une défense de cette manière de concevoir l'existence, si-multanément universelle et soucieuce des spécificités, créations de Dieu et, comme telles, aimées de Dieu. L'universalité, ici, n'implique pas le culte iconoclaste du bras-sage cosmopolite, du brouet insipide que constituerait le mélange indifférencié de toutes les ethnies, peuples et races de ce monde.

Différence et Universalité font ici bon mé-nage: une double leçon est à tirer de ce constat; 1) les cosmopolites actuels qui se réclament du marxisme ignorent généra-lement que c'est précisément cet arrière-plan luthérien, goethien, herdérien et fich-téen qui est à l'origine des forces populaires qui ont sous-tendu, à ses débuts, le mouve-ment socialiste et que cette ignorance con-duit leurs discours et leurs démarches à la stérilité; 2) l'actuel débat qui tracasse les intellectuels parisiens, rassemblés dans le sillage de la revue Globe,  quant à la gran-de lutte manichéienne opposant "univer-salistes" (eux et les néo-libéraux) et "identi-taires" (la "Nouvelle Droite", les régiona-listes, les écolos,...), s'avère pure vacuité pour quiconque possède un minimum de cul-ture "réformée".

Le texte de HAVERBECK recèle en consé-quence une portée universelle: il nous dé-voile les racines de la pensée politique anti-absolutiste du XIXème siècle et nous indique quels organisations politiques et cuturelles l'ont exprimée sans détours.

Michael VOGT aborde, pour sa part, l'histoire du marxisme allemand (le seul marxisme "pur" qui soit) et analyse, dans cette histoire, quels ont été les liens entre les mouvements sous-tendus par la philosophie marxiste et la pensée nationale allemande. Certes, en théorie, le marxisme ne retient pas la "nation" comme catégorie essentielle du jeu politique ou de la nature humaine mais la perçoit comme cadre concret de son action politique, de son combat quotidien. LENINE et STALINE ont eu des mots très durs pour les particularismes nationaux. STALINE réfutait les démonstrations des austro-marxistes RENNER et BAUER, qui revendiquaient l'auto-détermination des eth-nies au sein de l'Empire austro-hongrois. Le "nationalisme" n'est donc, selon STALINE, qu'un esprit de clocher stérile. Mais si ce nationalisme correspond à une libération na-tionale et sociale, dirigée contre la bour-geoisie cosmopolite et se révélant solidaire à l'égard des prolétaires en lutte ailleurs dans le monde, il acquiert, aux yeux de STALINE et des staliniens, une "valeur pra-tique positive".

VOGT va alors démontrer que, dans la tra-dition marxiste, le nationalisme allemand a quasiment toujours été considéré comme une valeur pratique positive. Chez LASSALLE, chef du mouvement ouvrier allemand jus-qu'en 1864 (année où il meurt en duel), le socialisme triomphera lorsqu'il sera garanti par la monarchie contre les égoïsmes de la bourgeoisie. Ce socialisme monarchiste, por-té par l'alliance de la couronne et des orga-nisations de base ouvrières, n'avait bien en-tendu rien de marxiste; néanmoins, il dé-signe l'ennemi commun du pouvoir politique pur et des masses déshéritées: l'indivi-dualisme bourgeois, libéral et égoïste, cos-mopolite et sans patrie.

Chez les pères fondateurs directs du mar-xisme, MARX et ENGELS, le nationalisme allemand, en tant qu'idée pratique, apparaît clairement, voire crument. Dès le "Manifeste du Parti Communiste" de 1848, ils réclament "la constitution d'une république grande-alle-mande unitaire et indivisible". En 1884, trente-six ans après, ENGELS n'a pas changé d'avis, nous rappelle VOGT: il refuse la prussianisation de l'Allemagne dans le cadre du Reich petit-allemand (sans l'Autriche ger-manique) de BISMARCK pour réclamer une "république unitaire et révolutionnaire" qui comprendra l'Autriche. L'oeuvre de BIS-MARCK est critiquée parce qu'incomplète. ENGELS pourtant ne considère pas cette oeuvre comme négative; pour lui, BIS-MARCK crée le cadre étatique où se dérou-lera la future révolution, en éliminant les privilèges des petits princes et en domptant les églises et la bourgeoisie, forces centri-fuges qui ne visent que leurs intérêts par-ticuliers. ENGELS critique sévèrement la condamnation du bismarckisme par les sociaux-démocrates regroupés autour de LIEBKNECHT: "Vouloir, comme Liebknecht, faire revenir l'histoire à la situation d'avant 1866, c'est de la bêtise...".

C'est ENGELS, en fait, qui est à l'origine du patriotisme unanimiste de la classe ou-vrière allemande en août 1914. La sociale-démocratie vote les crédits de guerre, afin de lutter contre l'autocratisme tsariste, en-nemi des libertés et du socialisme, et contre la France qui, malgré son républicanisme reste "bonapartiste". Seule une infime frac-tion, regroupée autour de Rosa LUXEM-BURG et Karl LIEBKNECHT s'affirme hos-tile à la guerre. Cette fraction n'aura le dessus qu'en 1918, quand des "conseils" (Räte) d'ouvriers, de soldats et de matelots déclencheront la révolte spartakiste. Cette révolte, ce seront les sociaux-démocrates embourgeoisés qui la materont et l'écrase-ront. Pour VOGT comme pour l'historien Hellmut DIWALD, réputé conservateur, le spartakisme, nonobstant ses discours interna-tionalistes, aurait pu forger une nation so-cialiste, créer un socialisme authentiquement allemand. VOGT poursuit: "Avoir écrasé la révolution rouge fut la grande faute de la République de Weimar; avoir négligé de ré-concilier les matelots rouges avec les sol-dats des corps francs dans le cadre d'un so-cialisme allemand, a été la grande erreur de la SPD. Elle a au contraire donné l'ordre aux corps francs, d'extrême-droite, d'écraser la révolution. Et pourtant, les hommes de ces corps francs, qui avaient expérimenté, dans les tranchées de la Grande Guerre, un socialisme frontiste, caractérisé par une ca-maraderie de soldats dépassant les clivages de classe, ne faisaient montre d'aucune nos-talgie monarchiste, n'avaient pas le moindre scrupule réactionnaire. L'histoire allemande a raté là une chance unique, celle de conci-lier les idéaux socialistes avec un patrio-tisme intransigeant. C'est pourquoi matelots révolutionnaires et combattants des corps francs demeurèrent des ennemis; le socia-lisme et le patriotisme devinrent des valeurs antagonistes".

LENINE, qui venait de triompher en URSS, se montrait aussi agressif que les natio-nalistes allemands à l'égard du Traité de Versailles: "une paix d'usuriers et d'é-trangleurs, de bouchers et de bandits". Le KOMINTERN, dont le représentant en Alle-magne est alors Karl RADEK, donne l'ordre à ses filiales d'embrayer sur le discours na-tionaliste allemand. Cette politique atteint son sommet lors de l'occupation de la Ruhr et de l'exécution d'Albert Leo SCHLA-GETER par les autorités militaires fran-çaises. Mais malgré Rapallo (1922), cette orientation du KPD s'enlise dans la querelle qui l'oppose aux "sociaux-fascistes" (STA-LINE) de la SPD. Pourtant le KOMINTERN demeure favorable en gros à un nationalisme puissant en Allemagne: en 1924, le parti communiste polonais est rappelé à l'ordre parce qu'il n'a pas inscrit dans son pro-gramme le retour des terres silésiennes et ouest-prussiennes (le "Corridor") à l'Alle-magne. En 1930, les communistes polonais et tchèques obéissent aux injonctions de Moscou et promettent le retour de la Haute-Silésie et des Sudètes au Reich. Le 10 janvier 1933, le KOMINTERN fait savoir qu'il sou-tient les revendications allemandes en ce qui concerne les révisions du Traité de Ver-sailles, qu'il soutient le combat du PCF pour l'autonomie alsacienne, du PCB pour les droits à l'auto-détermination du peuple fla-mand et des populations d'Eupen-Malmédy.

Ces proclamations patriotiques valent au KPD un regain de popularité et de sièges au Reichstag. Mais les communistes avaient perdu trop de temps, entre la Doctrine Ra-dek et l'opposition au Plan Young, soutenue par STALINE à l'extérieur et... HITLER à l'intérieur. Nazis, communistes et nationaux-conservateurs s'y opposent avec énergie. Plus tard, en 1935, le secrétaire général du KOMINTERN, Georgi DIMITROFF avoua que la stratégie et la propagande communistes avaient été inefficaces, mal adaptées aux besoins et aux aspirations du peuple. Selon DIMITROFF lui-même, les Nazis avaient mieux joué et s'étaient montrés plus cré-dibles. Wilhelm PIECK, futur Président de la RDA, prononcera la même auto-critique.  L'accession de HITLER au pouvoir et l'éli-mination du KPD de la vie politique al-lemande rafraîchiront les relations germano-soviétiques et permettront à l'interna-tionalisme gauchiste de prendre pied au sein des PC occidentaux. Les relations germano-soviétiques seront restaurées en août 1939, malgré les événements de la guerre d'Es-pagne, où STALINE n'avait pas pris les Ré-publicains au sérieux et où HITLER traitait FRANCO de "marchand de tapis venu du Maroc" (allusion au débarquement aérien des premières troupes franquistes en Andalousie). L'invasion allemande de juin 1941 mettra fin au tandem Moscou-Berlin, dirigé au fond contre les puissances occidentales.

VOGT analyse ensuite les projets de STALINE à l'égard de l'Allemagne. Dès mai 45, le chef de l'Union Soviétique proclame sa volonté de ne pas diviser l'Allemagne. Après que la coalition anti-hitlérienne se soit ef-fondrée avec la guerre froide, STALINE ne changera jamais d'avis et réitérera régu-lièrement ses propositions de voir se consti-tuer une Allemagne unie et neutre. Après lui, les Soviétiques reviendront à la charge en 1954 et en 1955. L'épisode tragique de la révolte ouvrière de Berlin en juin 1953, VOGT l'interprète comme une revendication légitime du prolétariat patriotique berlinois mais aussi comme un débordement incon-trôlé, satisfaisant pleinement les Américains qui gardent prudemment le silence, débor-dement qui a obligé les Soviétiques à réagir violemment, donnant prétexte aux pro-oc-cidentaux, regroupés derrière ADENAUER, à rejeter les propositions soviétiques de réu-nification. VOGT analyse méticuleusement le contenu des notes de STALINE, de BERIA et de KHROUTCHEV et signale que les diri-geants de la RDA n'ont jamais renié l'ob-jectif final de la réunification au profit de leur "état partiel". En témoigne notamment le testament politique laissé par Walter UL-BRICHT.

En dehors des cercles communistes orthodo-xes et de la SED est-allemande, l'idéal na-tionaliste a également été porté par la "gauche non dogmatique", surtout celle re-groupée autour de Rudi DUTSCHKE. Cette gauche s'opposait autant à l'occupation so-viétique en RDA qu'à l'occupation améri-caine en RFA. DUTSCHKE et son camarade RABEHL adoptèrent, au sein du SDS ("Sozia-listischer Deutscher Studentenbund" ou Fédé-ration des Etudiants Socialistes Allemands), des positions assez proches du nationalisme plus classique: ils organiseront une marche de protestation contre le Mur érigé en 1961 et une marche du souvenir en mémoire du massacre de juin 1953. En juin 1967, DUTSCHKE suggère un plan pour la réuni-fication allemande, partant d'une "république des conseils" berlinoise, d'une "Commune" semblable à celle de Paris en 1871. DUTSCHKE, comme d'ailleurs bon nombre de partis classés très hâtivement par les stratèges de l'ignorance à "l'extrême-droite" en Europe occidentale, parle de la com-plicité objective des deux super-gros, du ca-pitalisme yankee et de l'asiatisme soviétique (allusion aux théories de Karl A. WITT-VOGEL sur le despotisme oriental). Pour DUTSCHKE, il ne saurait être question de considérer le problème allemand comme clos. Ce serait renier le dynamisme inhérent à la vision socialiste de l'histoire et opter pour une approche fixiste des réalités poli-tiques.

La "gauche non dogmatique", depuis la dis-parition de DUTSCHKE, ne déploie plus le même sérieux, ne démontre plus le même souci pour les problèmes de "grande poli-tique", n'entretient plus la conscience histo-rique de ses militants, en mettant en exer-gue que l'aliénation économique et sociale de la vie quotidienne est le produit direct et immédiat d'une aliénation globale et na-tionale, produit de l'impérialisme étranger. La gauche a désormais opté, en majorité, pour la flexibilité théorique de l'écologisme. Mais dans ce magma un peu fumeux, le no-yau dur demeure "national", dans le sens où il prône le départ des troupes d'occupation. Dès 1979, la problématique des missiles américains passe à l'avant-plan, montrant à quel point la RFA n'a plus la moindre sou-veraineté (et pas seulement la RFA...). Un regain d'intérêt pour la question nationale saisit depuis lors l'ensemble des milieux po-litiques allemands. En conséquence, écrit VOGT, il faudrait remercier les présidents américains CARTER et REAGAN d'avoir dé-claré sans circonlocutions, que l'Europe Cen-trale, en cas de conflit, sera inévitablement atomisée et versée au bilan négatif, sa-crifiée sur l'autel de la démocratie libérale. Le libéralisme économique, la consommation effrénée, les productions cinématographiques de Hollywood valent-ils autant que le plus modeste des vers de GOETHE? J'en doute..

Le Dr. jur. Erich SCHWINGE commente deux livres américains d'Edward N. PETER-SON et John H. BACKER, consacrés à l'his-toire de l'occupation américaine en Alle-magne au lendemain de la seconde guerre mondiale. La conclusion des deux auteurs américains est très négative: "Malgré les ef-forts du Général Lucius D. CLAY, la poli-tique d'occupation américaine a été un la-mentable échec. Les Américains ont l'art de toujours gagner les guerres mais aussi de toujours perdre la paix". Cette dernière phrase signifie que la diplomatie américaine s'avère incapable de créer un "ordre" juste dans les régions du monde où elle est ame-née à intervenir militairement.

L'échec de la diplomatie américaine en Eu-rope Centrale était prévisible quand on se souvient des plans abracadabrants élaborés dans l'entourage de ROOSEVELT quant à l'avenir de l'Allemagne. EISENHOWER vou-lait liquider 3000 à 3500 dirigeants alle-mands (militaires, policiers et membres de la NSDAP). Joseph PULITZER, lui, rêvait de faire fusiller ou pendre 1.500.000 individus, industriels et banquiers compris.

Mais la palme du ridicule macabre revient indubitablement au Ministre américain Henry MORGENTHAU. Des militaires américains avaient élaboré un plan prévoyant la remise sur pied rapide de l'industrie allemande après les hostilités. Y avait notamment col-laboré le Ministre de la Guerre Henry Lewis STIMSON. Ce plan, serein, conforme à cer-taines tendances de la diplomatie américaine des années 20, ROOSEVELT le rejeta comme "mauvais", parce qu'il ne "punissait" pas les Allemands, ne prévoyait pas leur castration et leur éradication biologique (sic!). ROOSEVELT ne pouvait souscrire qu'à un plan farfelu, conforme à ses fantasmes; ce fut le "Plan Morgenthau". ROOSEVELT don-na l'ordre de retirer le plan Stimson de la circulation et donna aussitôt des directives à MORGENTHAU: 1) les Allemands ne pou-vaient plus posséder d'avions; 2) plus per-sonne en Allemagne ne pouvait porter d'uni-forme; 3) plus aucun défilé, plus aucune pa-rade ne pouvait avoir lieu en Allemagne. On mesure là la puérilité du Président des Etats-Unis. Mais, pour MORGENTHAU, l'es-sentiel était de briser définitivement les reins de l'industrie allemande. Le Reich, en conséquence, devait être transformé en "Etat agricole", de façon à ce que les in-dustries britannique et belge puissent prospé-rer. Les 18 millions de travailleurs alle-mands superflus devraient alors être dépor-tés en Afrique Centrale pour "y travailler" ou nourris par les cuisines roulantes de l'ar-mée d'occupation américaine (sic!). Les installations industrielles et les carrières de minerais devaient être dynamitées, les mines de charbon noyées, la Ruhr internationalisée, la Sarre annexée à la France, etc.

Après la mort de ROOSEVELT, survenue le 12 avril 1945, et l'accession à la présidence de TRUMAN, les idées farfelues de MOR-GENTHAU firent long feu. Les Britanniques (CHURCHILL excepté) considérèrent d'em-blée ces spéculations comme irréalisables et insensées. Ce sera STIMSON qui accom-pagnera TRUMAN à Potsdam. Mais l'esprit de MORGENTHAU continua à hanter bon nombre de cerveaux américains. Le régime d'occupation allait, malgré les efforts de STIMSON et de CLAY, ressentir les effets de la propagande orchestrée autour du Plan Morgenthau.

Les démocraties occidentales considéraient leur participation à la guerre comme une croisade en vue de rétablir le droit. Il y a tout lieu de rester sceptique à l'encontre de telles intentions, écrit SCHWINGE, lorsque l'on étudie la praxis réelle de l'occupation. Les Américains ont agi de manière systè-matique contre les conventions de La Haye. Celles-ci n'ont été en vigueur que tant que subsistait une situation de belligérance et un gouvernement allemand, en l'occurence celui de DöNITZ. Celui-ci cesse d'exister par dé-cret des quatre puissances occupantes le 5 juin 1945, décision confirmée lors de la con-férence de Potsdam, le 1 août 1945. Le gouvernement allemand est remplacé par une Commission interalliée qui représentera seule l'autorité jusqu'au début des années 50. Par l'inexistence d'un gouvernement, les limites que le droit international impose norma-lement aux occupations militaires tombent. Les alliés procèdent sans que n'existent des normes juridiques valables. En fait, l'Al-lemagne n'existait plus et, en conséquence, il n'y avait plus de "prisonniers de guerre" allemands; ceux-ci étaient traités comme des apatrides, comme des sujets dépourvus de droits.

SCHWINGE dénonce, dans son texte, trois pratiques en contradiction avec les con-ventions de La Haye: 1) L'arrestation auto-matique des suspects et leur concentration dans des "camps d'internement"; 2) rien n'avait été prévu pour le traitement des pri-sonniers de guerre en Allemagne; des cen-taines de milliers d'hommes sont massés sans abris, ne reçoivent aucune nourriture digne de ce nom et ne disposent pas des moindres installations d'hygiène; par ailleurs, les Français négocient avec certains Amé-ricains la livraison d'un million de pri-sonniers de guerre allemands, afin de "re-construire la France". CLAY s'y opposera, traitant ce maquignonnage de "marché d'es-claves". 3) La justice militaire américaine procède de manière incohérente, selon la plus ahurissante des fantaisies; elle devait essentiellement traiter des affaires de droit commun mais parfois aussi des cas plus compliqués, pour lesquels ses juges n'avaient aucune compétence.

Ces abus sont des conséquences directes des élucubrations de MORGENTHAU. Caspar von SCHRENCK-NOTZING, dans sa contribution, explique les implications politico-culturelles de l'occupation américaine: la "rééducation" (euphémisme pour "lavage de cerveau") et son corollaire immédiat, la crise d'identité qui a ravagé une ou deux générations d'Al-lemands et fait perdre à l'ensemble des Eu-ropéens toute compréhension globale de leur histoire.

L'initiative du Professeur WILLMS et de Wigbert GRABERT, mérite certes une plus grande attention que cette simple recension. L'ampleur des interrogations, la pertinence des bilans qui font ce livre montrent à quel point cette "question allemande", non réso-lue, récapitule le malaise européen, les nos-talgies libertaires qui tourmentent tous les peuples soucieux de leur auto-détermination, la crise actuelle du marxisme, détaché de ses racines historiques et perdu dans des spéculations souvent sans objets...

Detlef BAUMANN.

Bernard WILLMS (Hrsg.), Handbuch zur Deutschen Nation, Band 1, Geistiger Bestand und politische Lage, Hohenrain-Verlag, Tü-bingen, 1986, 457 S., 49,80 DM. 

lundi, 06 juillet 2009

Wann war das Dritte Reich?

Wann war das Dritte Reich?

Betrachtungen zu Beginn und Ende der Imperii auf deutschem Boden

von Richard G. Kerschhofer - http://www.ostpreussen.de/

Von wann bis wann existierte das Dritte Reich. Von 1933 bis 1945, werden viele sagen und vielleicht ergänzen, von der Machtergreifung am 30. Januar 1933 bis zur Kapitulation am 9. Mai 1945. Leider unrichtig, wie zu zeigen ist. Außerdem ist Hitlers Bestellung zum Reichskanzler nicht „die Machtergreifung“, denn die war ein Vorgang, der lange vor 1933 begonnen hatte und sich danach noch fortsetzte. Bis alle gleichgeschaltet oder ausgeschaltet waren.

Begonnen haben kann das Dritte Reich erst nach dem Ende des Zweiten Reiches – doch wann war das? Ebenfalls eine schwierige Frage. Der Anfang hingegen ist eindeutig: Das Zweite Reich, das „Wilhelminische Deutschland“, begann am 18. Januar 1871, als König Wilhelm I. von Preußen zum Deutschen Kaiser ausgerufen wurde.

Ebenso eindeutig sind die Eckdaten beim „Ersten Reich“, auch „Altes Reich“ genannt. Es begann am 2. Februar 962, als der zum deutschen König gewählte Sachsenherzog Otto I. von Papst Johannes XII. in Rom zum Kaiser gekrönt wurde. Dieses Reich ist später als „Sacrum Imperium“ belegt, dann als „Sacrum Romanum Imperium“ – Heiliges Römisches Reich – und am Beginn der Neuzeit wurde „deutscher Nation“ hinzugefügt. Es endete am 6. August 1806, als Kaiser Franz II. die Reichskrone niederlegte. Er hatte bereits 1804 das Erzherzogtum Österreich zum Kaisertum gemacht und war Kaiser Franz I. von Österreich geworden. Aber durfte der Kaiser das Reich beenden? Ob er durfte oder nicht – er mußte, auf Druck Napoleons.

Das Alte Reich war kein Nationalstaat, nicht einmal ein Staat im modernen Sinn – und schon lange vor Napoleon nur mehr eine Fiktion. Goethe läßt in Auerbachs Keller den einen Saufkumpan ein Spottlied auf dieses Reich anstimmen. Ein anderer bringt ihn zum Schweigen: „Ein garstig Lied! Pfui! Ein politisch Lied.“ Aber das wahrhaft Garstige war der dynastische Egoismus deutscher Fürsten, der das Reich in den Untergang trieb und die Anrainer zum Raub von Reichsgebiet einlud.

Das Erste Reich nannte sich nie „Erstes Reich“, denn kein Reich nimmt an, daß danach noch eines kommt. Auch das Zweite Reich nannte sich nicht „Zweites Reich“, denn für die allermeisten war es keine Wiedergeburt des Ersten Reiches. Es war ein weltliches Reich, keines „von Gottes Gnaden“, und es verkörperte nur die „kleindeutsche Lösung“, war also eher ein „großpreußisches Reich“.

Woher stammen dann die Ausdrücke „Erstes Reich“, „Zweites Reich“, „Drittes Reich“ und „Tausendjähriges Reich“? Sie kommen allesamt aus der Religion. Sie hängen zusammen mit dem „Millenarismus“ (lateinisch) oder „Chiliasmus“ (griechisch), mit dem Glauben an die Wiederkunft des Messias. Für „Drittes Reich“ steht auch „Tausendjähriges Reich“ – wobei „tausendjährig“ nach Ablauf des ersten Jahrtausends nicht mehr wörtlich genommen wurde, sondern soviel wie „ewig“ bedeuten sollte.

Erstmals in politischem Sinn verwendete diese Ausdrücke der deutsche Kulturhistoriker und Politiktheoretiker Arthur MOELLER VAN DEN BRUCK in seinem Buch „Das dritte Reich“ (1923). „Parteigenosse“ war er keiner und er starb schon 1925. Ob man ihn als „Wegbereiter“ bezeichnen kann, ist Geschmackssache, aber sicher erleichterte er die Arbeit nationalsozialistischer Ideologen. „Drittes Reich“ und „Tausendjähriges Reich“ paßten trefflich in das mythisch-mystische Gedankengebäude, das der religionsartigen Überhöhung einer durchaus weltlichen Politik diente. „Drittes Reich“ wird heute zwar pauschal für die NS-Zeit verwendet, war aber nicht mehr als ein Schlagwort der Propaganda. Es hatte nie ein Territorium und war nie ein Völkerrechtssubjekt.

Eines ist noch offen: Wann endete das Zweite Reich? Sicher nicht 1918, wie das die Nationalsozialisten sahen. Denn 1918 wie 1933/34 änderte sich jeweils nur die Regierungsform. 1938 entstand ein „Großdeutsches Reich“, das beinahe den großdeutschen Vorstellungen des 19. Jahrhunderts entsprach. Aber auch wenn im „Anschluß-Gesetz“ (RGBl Nr. 28 vom 18.3.1938) „Großdeutsches Volksreich“ steht – völkerrechtlich blieb es wie 1918 das „Deutsche Reich“.

Der Ausdruck „Drittes Reich“ war jetzt nicht mehr erwünscht und ab 10. Juli 1939 auf Weisung von Goebbels den Medien sogar untersagt. „Großdeutsches Reich“ findet sich im Gesetz zur Einverleibung der Rest-Tschechoslowakei (RGBl Nr. 47 vom 16.3.1939) und in anderen amtlichen Texten. Jener Erlaß der Reichskanzlei, der das Deutsche Reich auch formell in „Großdeutsches Reich“ umbenannte (RK 7669 E vom 26. Juni 1943), wurde aber nicht mehr publiziert. „Großdeutsches Reich“ stand nur auf den Briefmarken.

Anders als das Heilige Römische Reich Deutscher Nation wurde das Deutsche Reich nie durch irgendeinen Formalakt für beendet erklärt – nicht durch die Kapitulation, nicht durch die Besatzungsmächte, nicht durch Gründung der Bundesrepublik Deutschland und der Deutschen Demokratischen Republik, ja nicht einmal durch den „Zwei-Plus-Vier-Vertrag“. So wurde die Bundesrepublik zwar Rechtsnachfolgerin des nie für tot erklärten Reiches – mit allen daraus erwachsenen Nachteilen. Friedensvertrag gibt es aber keinen. Und auch Österreich hat nur einen „Staatsvertrag“ mit Einschränkungen der Souveränität, darunter das „Anschlußverbot“.

samedi, 13 juin 2009

Über den Begriff Mitteleuropas

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1993

Robert Steuckers:

 

Über den Begriff "Mitteleuropa"

 

Sehr geehrte Damen und Herren,

 

Vor der deutschen Wiedervereinigung also vor 1990 sprach man öfters als heute vom Mitteleuropa, von einer mitteleuropäischen Annäherung bzw. einem mitteleuropäischen Kulturraum in den deut­schen Medien als heute. Die Grünen, die Pazifisten, die linke Flügel der nordeuropäischen So­zial­demokratie unter dem geistigen Impuls von Männern wie Willy Brandt oder Olof Palme erwähn­ten damals eine atomwaffenfreie Friedenszone von Nordschweden bis zur griechischen Grenze, die die Streit­kräfte der Supermächte geographisch trennen würde. Diese Sozialdemokraten pazifisti­scher Ü­ber­zeugung kämpften eigentlich für die Errichtung einer «Gür­tel der Neutralen». Was Palme in Schweden vorschlug, war wie ein Echo des Rapacki-Plan im Polen der 60er Jahre. Ihrerseits schlugen der General Jochen Löser und Frau Ulrike Schilling eine «mitteleuropäischer Friedenszone» mit his­torisch gut begründeten und sachlichen Argumenten (cf. Neutralität für Mitteleuropa. Das Ende der Blöcke,  C. Bertelsmann, München, 1984). Aber dieser so­zial-demokratische und pazifistische Diskurs, obwohl sehr relevant und geopolitisch durchaus koherent, erschien dem geschichtsunbe­wußten Pu­bli­kum als eher abstrakt oder eben als intellektuele Spin­ne­rei. Kritisch kann man zwar sagen, daß dieser Diskurs bloß zeit­bedingt war und, zumindest im Falle der Pazifisten, die Palme laut verehrten, keine historisch-konkrete Perspektive bot. 

 

Der Mitteleuropa-Begriff wurde elastisch im Laufe des zwanzig­sten Jahrhunderts gedacht. Einerseits haben wir den Begriff eines reichszentrierten Mitteleuropas, mit Deutschland als Rumpf. Ande­rer­seits haben wir einen alternativen Begriff, der das Mittel­eu­ropa zu einem «Cordon» reduziert, das nur Staaten zählt, die we­der deutsch noch russisch sind. Dieses Mitteleuropa ist dann Puf­fer­zone zwischen den deutschen und russischen Reichen und soll­te als Ziel haben, eine Bündnis zwischen diesen zwei Giganten zu verhindern.

 

Das reichszentrierte Mitteleuropa hatte seine optimalen Grenzen zur Zeit der Karolinger: die West­gren­ze lief von den Küsten des Nord­sees, also von Friesland, bis zur Küste des Mittelmeers in der Provence; die Ostgrenze lief von der Odermündung bis zur Adria, d.h. zur dalmatischen Küste. Die Achsen Rhein-Rhône und Ostsee-Adria machten aus dem mitteleuropäischen Raum einen welt­offe­nen Raum mit Zugang zum Atlantischen Ozean und zum Mittel­meer. Dieser Raum hat parallele Flüsse in der norddeutschen Ebe­ne (Schelde, Maas, Rhein, Weser, Elbe, Oder, Weichsel) und in dem burgundischen Raum (Saône, Rhône), die in Richtung Süd-Nord oder Nord-Süd fliessen. Demgegen­über steht der französischen Kern­raum mit ebenfalls parallele Flüsse, die aber in Richtung Ost-West fliessen (Somme, Seine, Loire, Garonne). Das Schicksal der Völ­ker hing in diesen Zeit sehr stark von diesen geographischen Bedingungen ab. Flüsse erleichterten die Kommunikationen. Länd­liche Stras­sen waren unsicher und große Mengen Güter konnten nicht mit Karren befördert worden. Zu diesen drei Reihen Flüßen muß man einen vierten Fluß mitrechnen: die Donau, die eine West-Ost-Achse dar­stellt. Das nach den Türken-Kriegen erweiterte reichs­zentrierte Mitteleuropa wurde im neunzehn­ten Jahrhundert noch Donauräumisch bestimmt. Pläne entstanden, um einen ge­mein­samen Markt mit den heutigen Benelux-Ländern, dem Reich, der Schweiz, der Donau-Monarchie, Rumänien, Ser­bien und Bul­ga­rien entstehen zu lassen. Der östereichische Industrie-Leiter Ale­xan­der von Peez, Geo­gra­phen wie Kirchhoff und Partsch, Penck und Hassinger, versuchten diesen Raum theoretisch zu fassen und schlugen Methoden und Pläne vor, um den balkanischen Raum als Ergänzungsraum für die industrialisierten Zonen des Altreichs­ge­bietes zu organisieren. Diese Donau-bedingten Geopolitik proji­zier­te sich weiter, über Anatolien nach Mesopotamien bis zur Küste des Persischen Golfes. Das erklärt die deutsch-österreichisch-otto­ma­nische Bündnis im ersten Weltkrieg, aber auch teilweise die ame­ri­kanische Intervention in Irak in September 1990. Ein Europa ohne Eisernen Vorhang darf in den Augen der amerikanischen Geopo­li­ti­ker und Planer sich nicht bis zur Persischen Golf ausdehnen, wie da­mals das Reich und Österreich-Ungarn nicht über den Balkan und das Ottomanische Reich über ein Fenster auf den Indischen Ozean ge­niessen.

 

Eben um diese geopolitische Dynamik zu torpedieren, fanden die Verfasser des Versailler Vertrages einen neuen Mitteleuropa-Be­griff aus. Dieser Begriff sieht den mitteleuropäischen Raum als Puf­fer­zone, als «Cordon sanitaire» zwischen Deutschland und Russ­land oder als Hindernis, als «Barrière» gegen jede friedliche, nicht-koloniale und wirtschaftliche Expansion Nordmitteleuropas in Richtung des Persischen Golfes. 1919 warnte der britische Geo­po­litiker Halford John Mackinder vor einer deutsch-russischen Bünd­nis, die dazu bestimmt war, ein gewaltiges Kontinentalblock zu organisieren, wo die angelsächsischen Seemächte keinen Zugriff mehr haben würden. Deshalb suggerierte Mac­kinder, ein «Cordon sanitaire» zwischen dem besiegten Deutschland und der aufkom­men­den Sowjet­u­nion zu errichten. Lord Curzon, der Mann der die polnisch-sowjetische Grenze festlegte, war ein aufmerksamer Le­ser der geopolitischen Thesen Mackinders. Er versuchte sie in der Pra­xis umzu­set­zen. Der Franzose André Chéradame legte 1917 die Methoden aus, womit die Allierten die Achse Ham­burg-Persischer Golf fragmentieren müßten, um

1) Deutschland seine Absatzmärkte im Ottomanischen Bereich wegzunehmen;

2) Die Donau-Monarchie zu zerstören und alle Zugänge zur Adria dem kleinen Österreich zu verhin­dern;

3) Bulgarien zu zähmen und ihm alle Zugänge zum Mittelmeer zu sperren;

4) Ein Großserbien zu schaffen, die alle Küsten der Adria kontrollieren würde;

5) Ein Großrumänien zu schaffen, um Ungarn und Bulgarien zu schwächen.

 

Fazit: Mitteleuropa unter deutscher Führung darf kein Zugang zum Mittelmeer mehr besitzen. Damit vollendete sich den histo­ri­schen Prozeß, daß im Frühmittelalter mit dem Verlust der Pro­ven­ce, des Rhônetales und des Hafens von Marseille durch geschickte fran­zösische Ehepolitik. 1919 besitzt der geplante mitteleuropäische Markt mit dem Ottomanischen Reich als Ergänzungsraum kein Zu­gang mehr zum Mittelmeer. Erinneren wir uns doch, daß der Bona­par­te es schon zwischen 1805 und 1809 versucht hat, Österreich und Ungern den Zugang zur Adria zu sperren: aus Südkärnten, Slowe­nien, Westkroatien und Dalmatien wurden die sogennanten «Illyri­sche Départements» zusammengestellt, die unmittelbar von Paris re­giert wurden. Man begreift so, wie wichtig die Adria war, ist und blei­ben wird. Deshalb erkannte Hans-Dietrich Genscher bewußt oder unbewußt sofort die Unabhängigkeit Sloweniens und Kroa­tiens; er konnte so ein der schlimmsten Überbleibsel von Versailles wegschaffen. Im Westen waren einige Kanzleien damit nicht ganz einverstanden. Ein Wort noch über das Prinzip der nationalitäten des US-Präsidenten Woodrow Wilsons. Die Mittelmächte vertei­dig­ten damals kei­ne nationale bzw. nationalistische Prinzipien son­dern Übernationale bzw. reichische Prinzipien. Der öster­reichische Kronprinz wollte eine eidgenössenschaftliche Strukturierung der südslawischen Ge­biete der Donau-Monarchie. Kroatien, Slowe­nien und Bosnien-Herzegowina hätten eine eidgenös­sen­schaftliche Verfassung gahbt, selbstverständlich auch für die orthodoxen Ser­ben, die sich in diesen Gebieten im Laufe der Jahrhunderte nieder­ge­lassen hatten.

 

Das Mitteleuropa, das der Westen sich wünscht, darf keinen Zu­gang zum Mittelmeer haben. Heute wird dieser Mitteleuropa-Be­griff u. a. von dem ungarischen Philosoph György Konrád propa­giert. Konr­ád, der sich schon im Dissidententum zur Zeit Bresch­news für einen humanen Sozialismus en­gagiert hatte, hat trotzdem ri­chtige Argumente: Der mitteleuropäische Raum stellt eine Bunt­heit von Völker dar, also passen die Lösungen der homogöneisie­ren­den Jakobinismus nicht; dieser Raum ist mit dem deutschen Volks­raum nicht zu vergleichen, weil Deutschland und Deutsch­öster­reich ethnisch homogen sind und politische Strukturen ent­wickeln, die eben für die ethnisch heterogenen Regionen Ostmittel­europas nicht geeignet sind. Konrád fügt hinzu, daß das Expe­ri­ment des «real existierenden Sozialismus» absolut notwendig ist, um einer künftigen mitteleuropäischen Konföderation beitreten zu können. Sein Standpunkt ist also nicht der gleiche wie der der fran­zö­sischen und englischen Diplo­ma­ten von 1918-19, aber haben geo­gra­phisch bzw. geopolitisch das selbe Resultat. So bleiben in der Op­tik Konráds nur Polen, die Tschechoslowakei (die aber heute nicht mehr als solche besteht) und Ungarn, um diese hypothetische Konföderation beizutreten. Ich zweifle doch daran, daß eine solche Konfö­de­ra­tion Überlebenschancen haben würde. In der Zwischen­kriegs­zeit belasteten schon bes­timmte Struk­tur­mängel das politi­sche Leben dieser Staaten: Das Heeresetat des polnischen Staates war wahnsinnig hoch, so daß die zivile Sektoren der Wirtschaft to­tal vernachlässigt wurden; die Verbindungen mit Eisenbahn zwi­schen Böhmen einerseits und Berlin oder Wien andererseits waren er­heblich erschwert, was nicht ohne Konsequenz für Handel und Wirtschaft war; Ungarn wurde von einem Admiral regiert und hat­te überhaupt keinen Zugang zum Meer übrig; der ungarische Staat war ganz offensichtlich ein Krüppelstaat.

 

Weiter kann man sagen, daß das reichszentrierte Mitteleuropa, al­so m.a.w. der Raum des Karolingi­schen Reiches, grenzen mit fast alle anderen Staaten bzw. Völker in Europa. Strategisch gese­hen, ist sein Spielraum den ganzen europäischen Kontinent. Strategisch gibt es also eine Art Gleichnis zwi­schen dem Reich des Mittelalters bzw. Deutschland bzw. die Bündnis zwischen dem wilhelmini­schen Deutsch­land und der Donaumonarchie  und  Gesamteuropa.

 

Der schwedische Geopolitiker Rudolf Kjellén hat es sofort nach dem ersten Weltkrieg erkannt. Mit modernen Mitteln, dank sei der Geschwindigkeit der motorisierten Truppen und der Luftstreit­kräf­te, läs­sen sich Bayern oder Tirol auf den Stränden der Normandie verteidigen. Die Bretagne und die Nor­man­die gehören also seit Ju­ni 1944 zum gleichen strategischen Raum als etwa Frankenland o­der Kärn­ten.  Dieser Fakt wird selbstverständlich heute, wo Rake­ten die entscheidende Waffen sind, bes­tättigt und bekräftigt. Soweit was Raum und Geschichte betrifft.

 

Im 19. Jahrhundert versuchte der Philosoph Constantin Frantz ein Föderalismus zu entwickeln, die alle Kräfte, die innerhalb des Vol­kes wirkten, bündeln könnte. Föderalismus hieß nicht bei ihm «spal­ten», wie die Separatisten aller Art es denken, sondern bündeln. Wei­ter wollte sein bündelnder Föde­ra­lismus die konkreten und orts­verbundenen Identitäten nicht zerstören, sondern sie auf einem höheren Niveau entfalten. Dieser Sinn für Verschiedenheit und die­ses Respekt für lokale Belange entspricht einem typischen mitteleu­ro­päischen Rechtsempfinden, das man u.a. bei den Austro-Mar­xis­ten, bei den konservativen Föderalisten und Regionalisten, in be­stimm­ten Punkte des Programms der FPÖ Jörg Haiders, bei gewis­sen Anhänger der neuen Rechten, bei linken Regionalisten oder Grü­nen wie­der. Das deutsche Verfassungsrecht seit 1949 ist davon geprägt. Die Schweiz wird seit 700 Jahre durch diese Prinzipien re­giert. Die Tschechei und die Slowakei haben sich getrennt und su­chen eine Lösung in einem Föderalismus bundesdeutscher bzw. schwei­zerischer Art. Regionen innerhalb oder außerhalb des mittel­eu­ropäischen Raumes suchen die Möglichkeit, ihre Gemeinsam­kei­ten unmittel­bar (d.h. ohne die Intervention zentralistischer Behör­den) auszubeuten. Beispiele dieses Zusammenrückens gibt es in Hül­le und Fülle: Alpen-Adria, ARGE-Alpen, Bodensee-Gemein­schaft, Sarlorlux (Saar-Lo­thringen-Luxemburg), Euroregio (NL-Lim­burg, VL-Limburg, Provinz Lüttich/Wallonien, Kreise Aa­chen und Köln, Deutschsprachige Gemeinschaft im Königreich Belgiens). In Spanien entwickelt sich ein «asymmetrischer Bundestaat», wo die Teile das Recht haben, eine eigene Außenpolitik zu treiben. In Frank­reich, dem stärksten zentralisierten Staat Europas, wird die Not­wendigkeit allmählich gefühlt, daß die Regionen an Autonomie ge­winnen müssen, um nicht das Risiko zu laufen, in der Rück­ständig­keit zu fallen. Aber die Föderalisierung Frankreichs wird noch hartnäckig von gestrigen Kräften mit Er­folg bekämpft. Ich neh­me hier die Gelegenheit, weil hier auch ein Vertreter der deutschen Menschen­rechten-Kommission tagt, um die Anwesenden daran zu erin­nern, daß Paris gewissen KSZE- oder UNO-Be­schlüsse geweigert zu unterzeichen hat, weil diese den Schütz der Min­derheiten vorsahen. Paris hat dafür gemeinsame Front mit Bul­garien, Rumänien (schon zur Zeit Ceaucescus) und Griechen­land gemacht. In Italien, die Erfolge der Regionalisten der Lega Lum­barda werden die letzte Reste der römischen Zentralismus ver­schwinden lassen. In Großbritannien, erheben sich jetzt mehr und mehr Stimmen, um dem Lande eine Verfassung zu ge­ben. Anderer­seits macht die sog. devolution  Fortschritt. Schottland und Wales zählen ungefähr 5 Millionen Einwohner, Nordirland ist eine Raum­einheit für sich, aber England zählt 45 Millionen Einwohner, was das Gleichgewicht zwischen den Teilen zerstört. Deshalb sug­gerieren Juristen eine Verteilung Englands in neun historisch ge­wachse­nen Län­dern.

 

Das Problem der Subsidiarität

 

Heute wird die Subsidiarität allgemein verstanden als eine Absage der eigenen Souveränität, d.h. der nationalen bzw. staatlichen Sou­veränität, zugunsten einer übergeordneten Instanz, z.B. Euro­pa. Europa entscheidet in den wichtigen Sachen und läßt Länder, Regionen, Gemeinden, eventuelle nationale Staa­ten die alltägliche Verwaltung. So haben die Briten, besonders die Konservativen um Frau That­cher und John Major, den Begriff Subsidiarität ver­stan­den. Theoretisch bedeutet aber eigentlich die Subsidiarität was ganz anders.

 

In der parawissenschaftlichen Literatur, die aber wichtig durch ihrem Impakt in den Medien ist, sagt etwa ein Alvin Toffler in sei­nem letzten Buch, Powershift,  daß heute durch Faxgeräte, Com­pu­ter, Mo­dems, usw. die Zentralisierung der Großunter­nehmen nicht mehr notwendig ist. Die Großunter­neh­men, deren Etat manchmal größer ist als der Etat mancher europäischer Staa­ten, entwi­ckeln sich jetzt in Mosaik, d.h. so, daß die Buchhaltung der Filialen bzw. der örtlichen Zweige völlig au­tonomisiert wird. Buchhaltung muß ortsnah werden, d.h. Rechnung damit halten, daß Sachen bzw. Unter­nehmen im­mer örtlich bestimmt sind.

 

In der streng wissenschaftliche Literatur, z. B. im erwähnenswer­ten Buch von Frau Prof. Chantal Mil­lon-Delsol (L'Etat subsidiaire. Ingérence et non-ingérence de l'Etat: le principe de subsidiarité aux fon­dements de l'histoire européenne, Presses Universitaires de Fran­ce, Coll. «Léviathan», Paris, 1992) , die in Paris in der Sorbonne do­ziert, bedeutet Subsidiarität die Autonomie aller Verwaltungsebenen oder aller Körperschaften, die eine gegebene Gesellschaft strukturieren. Chantal Millon-Delsol findet das prinzip Subsidiarität im deutschen Verwaltungsrecht zurück. Unter anderem in den Gemeinde­ord­nungen, deren Art. 75 sagt: «Die Gemeinde darf nichts unternehmen, daß das private Sektor unter­nehmen kann». Subsidiarität wird hier nicht explizit sondern implizit formuliert. Diese Undeutlichkeit sollte verfassungsmäßig geregelt werden.

 

«Mitteleuropa» ist auch der Raum, wo dieses Rechtsempfinden implizit oder explizit (in der Schweiz z. B.) besteht. Rückkehr zur Mitte heißt deshalb auch Rückkehr zu diesem Rechtsempfinden. Was unse­ren Zeitgenossen auch zwingt, Aufmerksamkeit zu zeigen, wo Abweigungen auftauchen. Abweichun­gen sind entweder ein Zuviel an Staatlichkeit (Tocqueville stellte es für das hegelsche Preußen seiner Zeit) oder ein Zuwenig an Staatlichkeit (Tocqueville und Hegel stellten es gemeinsam für den Ver­ei­nig­ten Staaten fest, wo ein Despotismus durch Mangel an Staatlichkeit herrschte).

 

Das Rechtsempfinden Mitteleuropas kann als Modell für Gesamteuropa dienen. Strebungen in dieser Richtung können heute in Frankreich oder in Großbritannien beobachtet werden, wo ein strenger Zentralismus allmählich vor einer bescheidenen «Devolution» weicht oder wo eine stets wachsende Minderheit von Juristen eine moderne Verfassung fordern (Großbritannien hat nämlich keine Ver­fas­sung).

 

Mitteleuropa ist auch der Raum, wo Ordo-Liberalismus entstanden ist. Liberalismus reinsten Wassers führt zur Anarchie durch Mangel an Staatlichkeit. Totalitarismus sowjetischer Prägung führt zur Ver­knochung und Verbonzung durch Mangel an Autonomie. Ordo-Liberalismus wäre in diesem Sinne ein Gleichgewicht zwischen der stabilitätstiftenden Tradition und der erneuerungsschaffenden Dynamik.

 

Ordo-Liberalismus und Subsidiaritätsprinzip wären also die Grundpfeiler eines renovierten Gesamt­europas, in dem Gemeinschaften, Gemeinden und Gemeindewesen, ein eigenes Leben, ein Eigentum (im Sinne Stirner) , eine Eigenheit bzw. eine «Identität» (1) hätten und bewahren könnten. Damit diese Gemeinwesen sich entfalten können, brauchen sie eine garantierte Autonomie. Aber welche Kräfte wurden diese Autonomie gefährden?

1. Der äußere Feind. Dieser greift an, so daß Ernstfall bzw. Ausnahmezustand herrscht. In solchen extremen Fällen, gewinnt Autorität oder Diktatur (im Sinne Bodins oder Schmitts) Signifikanz.

2. Die ideologische Verblendung. Wenn ideologische Verblendung herrscht, ist der Staat kein dienstleistendes Prinzip, kein Instrument der Autonomie mehr. Der Staat wird dann bloß ein äußeres Instrument, das sich die Kräfte der Gemeinschaften bzw. Körperschaften innerhalb des Volkes be­dient, um eine abstrakten Ideologie im Konkreten zu verwirklichen. So, zum Beispiel, die Ideologie der totalen, absoluten Freiheit herrscht in den Vereinigten Staaten: die Kriminalität aber wächst und das Schulwesen geht zugrunde. Die französische Revolution wollte die Idee der Gleichheit verwirklichen, was zu eine permanente Bürgerkrieg geführt und das Land definitiv geschwächt hat. Die Idee des Wohl­fahrt­staates haben im Nachkrieg die Behörden Großbritanniens und Schwedens durchführen wollen; das hat aber die Industrie zertrümmert oder die Gesellschaft verknochet. Die Historiker führen auch manchmal aubereuropäiche Beispiele: das Mandarinat hat das traditionnelle China geschwächt und die Idee eines Ameisenstaates das Inkareich ruiniert.

 

Subsidiarität heißt, daß der Staat eine Regulationsinstanz ist (die Regulation, durch die sog. Regulatio­nisten vertreten, wird allmählich heute —zumindest theoretisch—  das Regierungsprojekt derjenigen Sozialisten, die die Wohlfahrt retten wollen aber trotzdem anerkannt haben, daß die Gleichheitswahn zur Starrheit führt). Die Regulationisten sind meistens innerhalb der sozialdemokra­tischen Parteien aktiv und ihre Projekten sind öfters mit denjenigen der grünen Humansozialisten, die das Kalmar-Prinzip in der Industrie verteidigen, gekoppelt.

 

3. Verantwortungslosigkeit bzw. Verantwortungsmüdigkeit der Bürger. Das Prinzip Subsidia­ri­tät bzw den subsidiären Staat zu verteidigen, ist eine schwere Aufgabe, weil die Behörden müssen dann ihre natürliche Tendenz, sich auszuweiten, bremsen, und zur gleichen Zeit, muß die zi­vile Gesellschaft erfolgreiche Initiativen nehmen. Um solche Initiativen zu nehmen, muß die Bevölkreung streng poli­tisch bewußt sein, was heutzutage höchst problematisch ist, da in unseren westlichen Konsum­ge­sell­schaften das Spielerische die Oberhand hat.

 

In den rein wissenschaftlichen Werken der Professorin Chantal Million-Delsol heißt Subsidiarität:

1) Autonomie bestehen lassen bzw. fördern, wo sie vorhanden ist.

2) Alle Formen des Zentralismus vermeiden, da jeder Zentralismus eigentlich eine abstrakte Ideologie ins Konkrete verwirklichen will, was eine praktische Unmöglichkeit ist.

3) Eine Anthropologie, die den Menschen, die Gemeinden akzeptiert, wie sie sind, und nicht wie sie sein sollten.

Ein der akutsten Probleme unserer Zeit, ist es, daß Europa von Ideologen regiert wird. Ein erheblicher Teil unserer Regierenden sind keine nüchterne Beobachter der menschlichen Pluralität oder der erdhaften Wirklichkeit. Joze Pucnik, Leiter der slowenischen Sozialdemokratie, behauptete sehr richtig in einem Interview, daß die Menschenrechte konkrete und nicht abstrakte Rechte sind, d.h. daß diese Rechte sind, die in einem historischen Kontext eingebettet und daran angepaßt sind. Menschenrechte sind Produkte bestimmter Geschichten, variieren also vom Ort zu Ort, vom Zeitraum zu Zeitraum, und sind nicht ganz allgemein die Produkte einer bloßen Deklaration.

 

Fazit: Unser Ort ist der mitteleuropäische Raum, wo sich ein bestimmtes Rechtsempfinden im Laufe der Geschichte entwickelt hat. Unser Kampf für eine eigene Verfassung und für unsere Ort- und Zeit­bedingte Rechte sollte selbstverständlich Rechnung halten mit diesem Raumbestimmtheit und die­sem Rechtsempfinden. Das heißt Rückkehr zur Mitte. Besser gesagt: zu unsere eigene Mitte. 

   

vendredi, 12 juin 2009

L'honneur d'un général

L'honneur d'un général

Marc Reguy - http://www.voxnr.com

L'honneur d'un général
Il est vrai que de nos jours, dans un monde où domine la dictature du politiquement correct, prendre la défense d'un officier de l'armée, de surcroit patriote ou nationaliste, est peu populaire. C'est se livrer à un exercice péérilleux qui risque bien de déclencher les salves bien connues de nombreux censeurs du sytème dominant, et c'est se risquer a un ostracisme certain. Souvenons nous des quelques intellectuels courageux qui ont pris la défense du colonel Bastien Thiry, du colonel putschiste Seineldin en Argentine et de bien d'autres.

C'est à ce difficile labeur apologétique que s'est livré maitre Jure Vujic, intellectuel franco- croate, géopoliticien et écrivain, en publiant en Croatie son dernier livre Quand les anges se taisent-apocryphe de Ante Gotovina.

Souvenons nous. Le général Gotovina était l’un des accusés le plus recherché du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY). Il est inculpé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité lors de l’Opération Tempête (Oluja) entre 4-7 août 1995 dans la région de Krajina (sur la frontière bosniaque, dans la Slavonie de l’Est touchant la Serbie) en Croatie. Cependant le général Gotovina n’est pas l’un de ces généraux « habituels » avec des registres immaculés derrière eux.. Il n’avait que dix-huit ans quand il a fuit la Yougoslavie pour s’engager dans la Légion étrangère. Après avoir été qualifié de l’école de formation des parachutistes à Pau, il est devenu membre du 2éme Régiment étranger parachutiste, et est entré dans les Commandos de recherche et d’action en profondeur. Gotovina a participé aux opérations de la Légion étrangère à Djibouti, Kolwezi (Zaïre) et en Côte d’Ivoire. Après cinq ans de service, il a quitté l'armée française en 1979. Pendant les années 1980, Gotovina a travaillé pour plusieurs entreprises privées de sécurité françaises. Dans les années 1990, on retrouve ses traces au Paraguay. Là-bas en 1991, dans un bar à Iguac, son destin a changé pour jamais. Il a rencontré quelques réfugiés croates, qui lui ont raconté le massacre des policiers croates à Borovo Selo (dans la banlieue de Vukovar) ce qui l'a décidé de rentrer au pays pour y rejoindre les forces armées. Une fois en Croatie, il a gravi les échelons de la hiérarchie militaire à toute vitesse grâce à sa formation et à ses talents, que possédaient très peu de soldats croates à l’époque. D’abord, il a été nommé au 1er Brigade de la Garde « Tigres » de l’Armée croate avec la mission de former les nouvelles recrues. Bientôt il a abandonné cette mission pour combattre dans la région de Novska (sur la frontière bosniaque, en Slavonie) où il a été blessé. En novembre 1994, Gotovina a été promu au grade de général de division. En septembre 2000 cependant, le nouveau président croate Stjepan Mesic a mis le général Gotovina et six autres généraux à la retraite d'office après que ceux-ci aient refusé de coopérer dans les enquêtes sur les «crimes de guerre». Gotovina a été aussi accusé de conspiration en vue d'un coup d’État par Ivo Pukanic, le directeur de l’hebdomadaire croate Nacional. Son nom a été rayé des cadres militaires. Connu en France, légendaire en Croatie, Gotovina a été inculpé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité par le TPIY le 21 mai 2001.

Le livre en question a, dès sa sortie, suscité de nombreuses controverses et a fait l'objet d'une campagne de dénigrement et de diffamation systématique contre son auteur de la part de la presse croate qui est en majorité gauchisante et anti-nationale. Il est vrai que la Croatie des années 1990, souverainiste et nationaliste sous le règne du feu président Tudjman, n'est pas la Croatie d'aujourd'hui largement plongée dans un système néolibéral capitaliste et pro-atlantiste (la Croatie ayant rejoint l'Otan tout récemment). De sorte, qu'un intellectuel comme Vujic, anti-conformiste de sensibilité nationaliste gêne, comme du reste c'est le cas dans toute l'Europe occidentale. Sur près de seize chapitres, le livre qui ressemble plus à un essai philosophique qu'à une biographie, tend sous forme de fragments à restituer la teneur symbolique et métaphysique du général Gotovina. Le livre est un plaidoyer pour les valeurs artistocratiques européennes, guerrières et spirituelles, une vrai claque à la politique politicienne, à la prébende quotidienne de la justice soit-disant internationale, et à l'esprit de lucre et pharisien qui domine la politique contemporaine. Les nombreuses références littéraires francophones ( Péguy, Bernanos, Drieu ) témoignent d'un vaste travail d'analaye et de synthèse literraire et philosophique. Le livre fait aussi référence à la théologie angélique et au phénomène politique du sacrifice empruntée au philosophe Girard.

Au dela du conflit traditionnel et séculaire entre serbes et croates, il convient de faire le bilan de la justice internationale du tribunal de la Haye : le tribunal en question n'est un instrument politique de plus du systéme néolibéral anglo-saxon qui a pour but de criminaliser et de mettre sur un pied d'égalité tous les belligerants du conflit yougoslave, Mladić et Gotovina, pour établir un protectorat atlantiste en Croatie comme en Serbie.

Relevons aussi l'étrange parcours de Jure Vujic, cet intellectuel parfois inclassable et contradictoire. Ayant vécu en France, ancien élève de la Faculté de droit Assas, il est issu des milieux nationaux-révolutionnaires dits „terceriste“, il sera le chef de fil de la jeunesse nationaliste croate en France, pour devenir plus tard l'un des animateurs du cercle „Minerve“ et collaborateur de divers organes de la nouvelle francaise et belge dans le cadre du cercle Synergies européennes. Dans le giron de Synergies européennes, il fondra le mensuel de géopolitique Au fil de l'épée dont de nombreux numéros seront consacrés à la guerre dans les Balkans. Il tissera un vaste reseau franco-italien, belge, espagnol regroupant de nombreux intellectuels d'horizons aussi divers que le neofascisme, le trotskisme et le personnalisme chrétien. Après une courte carrière d'avocat, dans les années 1990, il partit comme volontaire en Croatie pour soutenir la lutte de libération de ses concitoyens croates. Proche du Parti du droit croate et des Argentins peroniste issus de l'émigration croate, il rompt assez vite avec la tendance conservatrice de la droite croate qu'il juge trop peu moderniste, révolutionnaire et sociale. Actuellement, Vujic prône un rapprochement de la gauche nationale croate avec la droite nationaliste et eurasiste dans une perspective de front uni contre le glolablisme néolibéral occidental. C'est dans cette persepctive qu'il participe aux réunions et conférences du Renouveau croate côte à côte avec l'amiral Domazet Loso, et le fils du président Tudjman Miroslav Tudjman, et l'ex-marxiste converti au catholicisme Zdravko Tomac.Diplomé de la Haute école de guerre des forces armées croates, il donne régulièrement des conférences géopolitiques et philosophiques. Vujic se consacre aussi a la poésie et signe de nombreux articles sur Hoffmansthal, Leopardi ou Sfefan George, il a publié en Croatie aux éditions Ceres une prose biligue ( francais et croate) Eloge de l'esquive un essai posthermétiste sur le devenir de l'écriture, l'être et le temps.

C'est à lui que l'on doit largement avec ces publications et ses articles dans les journaux Vjesnik, Foku“, Hrvatski list, la diffusion de la pensée révolutionnaire-conservatrice en Croatie. Un vrai travail de défrichage et de diffusion métapolitique dans un pays où la «droite» campe encore sur des positions conservatrices et anti-communistes primaires. Vujic se consacre actuellement à des travaux de recherches sur la géopolitique eurasiste et publira un livre l'autonomne prochain sur l'Eurasie contre l'atlantisme, dont la préface est de Robert Steuckers.

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jeudi, 30 avril 2009

Aux sources du droit étatique et communautaire croate

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Aux sources du droit étatique et communautaire croate

 

La révolution conservatrice que nous prônons pour chacune des nations européennes, marque avant tout la volonté de retrouver et de réhabiliter un droit historiquement ancré, que ce droit soit d'essence celtique, slave, germanique ou romaine. C'est ce travail de "défrichage" historique-analytique et de synthétisation juridique que nous nous proposons de faire à l'égard du droit croate, de tradition éminemment étatique et communautaire, et dont les fondements historiques se trouvent dans les antiques conceptions et constructions juridiques thraces-celtiques-illyriennes d'une part, romaines d'autre part, puis spécifiquement croates. L'idée de communauté était une constante ainsi qu'une dominante dans l'ancien droit croate. Toute l'histoire du droit étatique croate est pénétrée de la volonté de constituer des sociétés et des communautés ancrées dans la substance du peuple croate. La défense et l'unité naturelle historique et organique de la nation croate constituaient les premières sources et le fondement du droit étatique croate.

 

Friedrich Karl von Savigny

 

En ce sens, cette conception juridique spécifiquement croate rejoint les thèses juridiques de Friedrich Karl von Savigny qui s'oppose aux conceptions individualistes de la philosophie du droit naturel qui a fortement influencé le droit romain. Aujourd'hui, dans le cadre de la globalisation juridique et économique qui affecte le monde entier, et les réformes juridiques "d'harmonisation" en cours en Croatie, tendent à aligner le droit croate sur la conception juridique dominante, d'essence individualiste, libérale et économiciste qui génère dans le monde entier des règles et des normes qui renforcent le cinétisme généralisé, le pouvoir économique polyarchique et technocratique favorisant la propagation de l'intérêt cumulatif. Et c'est précisément afin d'éviter que ces réformes juridiques ne vident le droit croate de sa substance originelle et organique, étatique et communautaire, qu'il convient de rappeler et d'analyser les filons conceptuels de la pensée juridique croate depuis ses origines, ainsi que de souligner ses réalisations sur le plan institutionnel et historique.

 

Dès leur venue en 626 sur les bords de l'Adriatique, les Croates furent considérés comme les souverains incontestables de leur patrie, mais ils durent successivement prêter allégeance à Byzance puis aux Francs. Après que les Rois croates Petar Kresimir et Dmitar Zvonimir aient rompu définitivement les liens qui les unissaient à Byzance, la Croatie connaîtra une grave crise interne qui aboutira à la conclusion d'un accord entre la noblesse croate et le roi hongrois Arpadovic Koloman, connu sous le nom de Pacta Conventa (1102). De 1180 à 1527, la Croatie resserre ses liens avec la Hongrie. C'est au cours de cette période que Bela III détruisit la structure nobiliaire croate en lui substituant un système dit du "Donat". En conséquence, la Croatie fut partagée en plusieurs seigneuries autonomes. Entre 1527 et 1790, la Croatie sera liée à la Dynastie des Habsbourgs. Ces liens débuteront avec le diplôme inaugural de Vladislav II Jagelovic, l'accord conclu avec Maximilien I, et s 'affermiront davantage lors du parlement de Cetinje (1527), jusqu'à leur complète affirmation à travers la Pragmatique Sanction (1712).

 

Au cours de cette période, les Croates et les Hongrois lutteront ensemble contre l'absolutisme éclairé de Joseph II ( 1780-1790 ) et le centralisme viennois. En 1790, leur lutte sera couronnée par un succès puisqu'ils réussiront à faire reconnaître par l'Empereur Léopold II leur individualité étatique et juridique. Mais après 1790, après la période du centralisme habsbourgeois, la Croatie sera confrontée aux prétentions hégémonistes des Hongrois, lesquels, à l'occasion du parlement de Pozun de 1830, 1847-1849 et après la conclusion de l'accord bilatéral de 1868, multiplieront leurs efforts afin d'asservir économiquement et politiquement la Croatie. Cette politique hégémoniste incitera la Croatie à rompre en 1918 les liens juridico-étatiques qui l'unissaient à la couronne hongroise de Saint-Stéphane (Stjepan).

 

Un droit communautaire à l’usage de lignées

 

Lors de leur arrivée dans le territoire qui constitue leur patrie actuelle, les Croates importèrent avec eux un mode de vie et une structure sociale "communautaire" de type classique qui caractérise l'organisation sociale des peuples slaves. Sur les territoires conquis alors par les Croates, trois types de normes et de systèmes juridiques étaient en vigueur: les coutumes d'origine thrace, illyrienne et celte, le droit romain et le droit des gens croate. On peut ajouter à cela une très forte influence des coutumes juridiques slaves. Ces trois types de systèmes juridiques thraco-illyrien-celte, romain et croate se compénètrent mutuellement pour aboutir à une expression et une conception juridique unitaire bien spécifique. Cette alchimie juridique qui ne se fera pas sans convulsions intracommunautaires aboutira à la formation et de développement des institutions du pouvoir monarchique croate, notamment le "Ban" et le Parlement. Jusqu'au Xième siècle, le souverain croate avait successivement pour titre l'appellation de "Dux", de "Rex Chroatorum", "Rex Chroatorum et Dalmatinorum". L'institution du "Ban" (héritière de la conception juridique germanique du "Bann") était spécifique au peuple croate. Le "Ban" constituait le rôle intermédiaire entre le Parlement et le roi croate. Le pouvoir monarchique était limité par le conseil de la Cour et le Parlement, et toute son activité était sous le contrôle de la chancellerie constitué des membres du clergé devant lesquels les rois pratiquaient leurs offices de culte. Dans la mesure ou les Croates occupèrent le territoire de leur actuelle patrie partagée entre plusieurs groupes de familles, de clans, il en résulte que la première organisation administrative et judiciaire devait correspondre au principe de l'appartenance à la lignée. Chaque famille constituait une unité sociale, politique et juridique hermétique. Tout pouvoir et chaque norme juridique dérivaient de l’organisation "clanique". L'individu se définissait par sa naissance et son appartenance à la lignée, laquelle déterminait son droit spécifique. Le droit des personnes et les valeurs sociales se fondaient sur la communauté de sang à laquelle appartenait chaque individu.

 

Il existait dans la Croatie du moyen âge, autant de "comitats" territoriaux, avec à leur tête des "zupan" (chefs de comitats), que de communautés familiales "claniques". Les membres des "clans familiaux" croates habitaient soit la ville soit les villages. A l'origine de la formation des villes et des premières migrations rurales vers le milieu urbain, figure, à l'endroit de la colonie, une fortification (castrum) qui était le siège des chefs des comitats territoriaux, défenseurs des comitats. Contre la fortification, s'élevaient les "Dom" qui constituaient  la périphérie (suburbium). Entre la ville et la périphérie se trouvait la place publique le "trg" où siégeaient les tribunaux et se tenaient les réunions publiques. Parallèlement aux villes des comitats territoriaux, il existait des cours seigneuriales (curtes). A côté des châteaux patriciens se trouvaient des villages de “paysans libres” et des serfs attachés au domaine. Un groupe de ville, de châteaux et de villages (avec ses domaines) constituait un comitat territorial.

 

L’institution du « Pristav »

 

Dans le cadre de la procédure judiciaire à cette époque du haut moyen âge, une place importante était concédée à l'institution du "Pristav". Dans l’île de Pag en 1701, le "pristav" était l'organe exécutif du "Knez" local (régent local) . Cette institution particulière figure dans le code de Vinodol (1288) et le “poljicki statut” (1440). Cette institution était connue en Tchéquie et en Russie. Son appellation latine est le "Camerarius". L'institution judiciaire du "pristav" correspondait à l'institution judiciaire franque du "sacebarona" ou, en langue germanique, du "schultheisa" ou "schultza": ce dignitaire siégeait en qualité de témoin public à l'ensemble des procès à l'issue desquels il recevait l'ordre de mettre en pratique le titre de propriété de parties et de contraindre le débiteur d'honorer ses dettes à l'amiable ou par voie d'exécution du jugement. L'institution "des bons hommes" était connue à l'époque du roi Petar Kresimir et il en est fait mention dans le code de Vinodol. Cette institution était connue en Italie du Sud, dans le Péloponnèse en Grèce. Dans le Royaume franc, elle existait sous l'appellation de "Rachinburgi". Le bon homme correspondait au frère de sang, au membre de la même communauté; chacune des parties engagées dans un procès choisissait le même membre parmi les hommes de confiance. Les "bons hommes" jugeaient alors que les "porotnici" (les iuratores) garantissaient par le serment la juste défense des parties. En qualité de haut commandant militaire et chef des clans familiaux croates, le roi avait entre ses mains le pouvoir exécutif. Ses revenus provenaient des diverses amendes prononcées contre les individus et les communautés villageoises. L'exécution de ces peines d'amende était confiée au "satnik" (chef militaire à la tête d'une centaine d'hommes).

 

L'ancienne structure étatique romaine présente en Croatie au moyen âge était constituée par deux groupes sociaux: les guerriers et les non-guerriers. Ces derniers devaient payer des impôts alors que les premiers étaient libérés de tout paiement d'impôts. Plus tard, des guerriers non romains acquirent le statut de guerrier: les Ostrogoths, les Visigoths, les Francs et les Burgondes. Ce fut également le cas des Croates. Ils adoptèrent le même statut social que toutes les castes guerrières romaines et ne devaient pas en conséquence payer d'impôts. En qualité de pouvoir exécutif et comme représentants de l'Etat Romain, ils disposaient de biens meubles et immeubles de l'Etat. Les revenus de la Couronne provenaient de l’impôt des biens de la couronne (Tributum). Le paysan qui labourait la terre appartenant aux clans familiaux se devait de donner à son seigneur une partie de son revenu et n'avait pas le droit d'abandonner sa terre. Avec sa terre, le paysan disposait aussi d'une maison. Sa terre et sa maison en qualité de biens inaliénables, indivisibles et héréditaires, pouvaient changer de seigneur, mais le paysan ne pouvait en aucune façon être écarté de sa possession s'il jouissait lui-même ou son prédécesseur de sa terre depuis au moins trente ans. Malgré la soumission à l'autorité du seigneur qui lui assurait sa sécurité, le paysan ne pouvait être considéré comme un esclave (servus, ancilla). A la différence des paysans, les serfs étaient employés sur les domaines et biens publics ou appartenant au clergé. Bien qu'ils étaient dépendants de la volonté du seigneur dans les affaires matrimoniales et patrimoniales, ils se différenciaient de par leur statut des esclaves, lesquels étaient employés dans les affaires domestiques, dans les labeurs dépendants directement du seigneur ou dans des activités de pâturage. D'autre part, les membres des clans familiaux "non-privilégiés" (lesquels étaient soumis au paiement de l'impôt) étaient constitués de paysans "libres" ou de "villani", "habitatores villarum", lesquels disposaient librement de leur propriété.

 

Le déshonneur juridique

 

Le droit croate des "gens", à l'instar du droit des biens (régi par le "tripartite de Werboczyjev") au moyen âge était fortement imprégné de la notion de devoir civique, de l'idée de fraternité de sang, et de la notion d'honneur civique. En ce qui concerne la capacité à agir juridiquement des personnes, une importance majeure était accordée à la capacité corporelle (de corporis et animi integritate). La personne incapable était mise en curatelle soit en tutelle. Une place importante était concédée à la question de la "signification personnelle" (existimatio), c’est-à-dire un jugement équitable quant à sa rectitude personnelle. A l'antipode de la "probité personnelle", on trouvait la notion de "voix mauvaise" (infamia) ou celle de l'opprobre personnel (ignominia). Les personnes faisant l'objet de cette "infamia" et de cette "ignominia" ne pouvaient exercer de tutelle sur d'autres personnes et ne pouvaient pas valablement témoigner devant les tribunaux. Les tribunaux rejetaient les enfants naturels illégitimes ainsi qui les enfants de traîtres. Le droit croate des gens faisait une distinction majeure entre le "déshonneur réel" et le “déshonneur juridique" (infamia iurius) lequel est prononcé par le juge et excluait de la profession judiciaire et militaire les personnes frappées par ce type de déshonneur, et leur refusait la capacité de témoignage. Le déshonneur juridique était prononcé à l’encontre des personnes ayant été incriminées et reconnues coupables des actes suivants:

-     la trahison fraternelle, l'exclusion d'un frère de la propriété patriarcale ;

-           l'irrectitude du tuteur vis-à-vis de la personne mise sous tutelle ;

-           la falsification de documents officiels et l'emploi de documents officiels falsifiés ;

-           la participation à un faux serment de juré ;

-           la désobéissance du juge vis-à-vis des commandements royaux ;

-           la dissimulation de documents probants ;

-           l'utilisation de fausse identité et de "masqué" devant les tribunaux ;

-           l'usurpation de fausse identité ;

-           la proposition d'offices et de biens matériels aux barons, seigneurs et aux membres du parlement à l'occasion des sessions parlementaires (actes de corruption) ;                             

-           la mise en application dans le cadre des comitats territoriaux, de tribus royaux non votés et non approuvés par le Parlement ;

-           l'organisation et la tenue de réunions, d'assemblées et d'association dirigés contre les intérêts généraux de l’Etat ;

-           le non respect d'accords garantis par la parole d'honneur ;

-           l’outrage à Magistrat.

 

Le déshonneur prononcé par une décision judiciaire pouvait être effacé par la grâce royale ou par une seconde décision judiciaire.

 

Le code de la nationalité

 

La capacité juridique était indivisiblement liée à l'appartenance nationale et étatique. Dans ce contexte, aucune différence n'était faite entre les citoyens de Croatie, de Dalmatie, de Slavonie et de Hongrie (de l'Erdelj). Tous étaient considérés aux yeux de la loi comme de véritables "Ugri" (veri Hungari); Une distinction était cependant faite entre les citoyens (cives), les habitants (incolae) et les nouveaux venus (advenae). Le citoyen séjournant en permanence sur le territoire national disposait de l'ensemble des droits civiques. Ceux qui étaient limités dans ces droits civiques étaient les simples habitants (incolae). Les nouveaux venus ou des étrangers pouvaient être des immigrés, s'ils résident un peu plus longtemps sur le territoire national, ou de simple passagers (transeurte) lorsqu'ils ont des possessions sur les terres, ou bien des commerçants (forenses, les gens qui viennent sur la place publique). La nationalité s'obtenait par le sang et la naissance ou bien était accordée comme un privilège. Il était nécessaire de recueillir l'assentiment de la classe sociale correspondante lorsqu'un étranger devait entrer en possession d'un bien nobiliaire. Le nouveau citoyen devait prêter serment, et s'engageait à respecter les lois, de défendre la liberté du royaume et de ne jamais céder devant les actes de spoliation dirigés contre l’Etat. Plus tard, au XVIIième siècle, on délivrait un diplôme de nationalité (diploma indigenatus). En dehors de cette reconnaissance officielle et solennelle de la nationalité, il existait une procédure d’acceptation tacite (receptio simples vel tacita). L’étranger qui s’était établi pour une longue période ininterrompue pouvait devenir un citoyen lorsque le pouvoir royal l’inscrivait en qualité d’assujetti aux impôts. C’était le cas pour la catégorie des simples habitants (incolae). Les étrangers ne pouvaient appartenir à la noblesse et occuper des professions publiques et ne pouvaient obtenir de bénéfices du clergé. Ils ne pouvaient, sous peine de sanctions, posséder des biens immeubles et effectuer des actes de commerce. Ils ne pouvaient racheter les dettes des citoyens d’origine. La capacité juridique dépendait aussi de l’appartenance confessionnelle. Durant de longs siècles en Croatie et en Slavonie, la religion catholique était unique et exclusive (religio dominans). Les migrations des Valaques, qui débutèrent au XIIIième siècle, amenèrent en Dalmatie et en Croatie un nombre important de croyants orthodoxes qui adoptèrent rapidement la liturgie gréco-catholique. Avant la bataille de Mohacs (1526), on assiste à Budim à la venue de protestants luthériens, en majorité des Allemands. Durant tout le moyen âge, en Croatie comme en Hongrie, la religion juive fut simplement tolérée (religio tolerata). L’ancien droit des gens croate connaîtra une période de déclin au XIIIième siècle. La vengeance du sang séculaire restera intacte et toujours en vigueur dans les régions montagneuses. Les anciennes coutumes zagreboises, comme le Code de Vinodol, en font mention. On sauvegardera l’ancien rituel de la réconciliation qui rappelle l’institution du jury et qui est semblable chez les Francs, à l’institution du “compositio”, en Corse aux “parolanti”, en Sardaigne aux “razionali e savii del popolo”, dans la région de Boka-Kotorska aux “arbitri amicabiles”, à Dubrovnik aux “amicabiles compositories”.

 

Progressivement, ce droit croate des gens, d’essence organique, différencié et hiérarchique, marqué par la notion d’honneur et de fraternité charnelle, sera remplacé au fil des réformes constitutionnelles et juridiques démocratiques du XIXième siècle (réformes politiques de 1830, révolution de 1848) et sous l’influence des bouleversements économiques et sociaux et des idées illuministes de la “Révolution” française, par un droit de plus en plus libéral et individualiste de conception prédominante romaine, favorisant davantage la protection et la circulation de la propriété individuelle, l’enrichissement usurier et rentier des individus au détriment des intérêts de la communauté.

 

Me Jure VUJIC.

samedi, 31 janvier 2009

Geopolitische Dynamik Gesamteuropas

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1995

Die neue geopolitische Dynamik Gesamteuropas

 

Im Jahre 1995 werden Main und Donau endlich durch einen Wasserweg verbunden. Damit entsteht ein Flußweg von Rotterdam bis zum Schwarzen Meer und zum Kaukasus. Dieser Flußweg ist der eigentlichen Rückgrat Europas als Kontinent. Da der Eiserne Vorhang verschwunden und Deutschland wiedervereinigt ist, erlaubt diese neue Verkehrsmöglichkeit eine gewaltige Dynamik ökonomischer und kultureller Art. Konkret bedeutet das, daß der ukrainische Weizen und das Öl des Kaukasus unmittelbar im Herzen Europas, d.h. in Deutschland, transportiert werden können. Das von der amerikanischen Flotte kontrollierte Mittelmeer verliert an geostrategischem Gewicht. Gorbatschow als Hauptling der maroden kommunistischen Sekte, konnte aus ideologischen Gründen den Boden den Bauern nicht rückgeben. Aber diesen Schritt werden wohl die neuen Parteien, die heute in der Ukraine an die Macht kommen, tun. Damit wird innerhalb etwa zehn Jahre die Ukraine wieder die Kornkammer Europas. Die Preis der Zerealen werden sinken, da die Transportkosten durch die kürzeren Entfernungen nicht mehr so teuer sein werden.

Fazit: wir befinden uns wieder in der Lage von 1914.

Das wollen der Westen und Amerika so lange wie möglich verzögern, genau wie Carl Schmitt es beobachtet hatte. Für den Großraumdenker aus Plettenberg, waren eben die angelsachsischen Mächte die «Verzögerer der Geschichte». Seit dem Fall der Berliner Mauer, spürt Amerika, daß seine Stunde in Europa geschlagen hat. Europa läßt sich nicht mehr so einfach kontrollieren. Die innereuropäische Rhein/Main/Donau-Dynamik wollte zwischen 1890 und 1916 das kaiserliche Deutschland mit einer Nahosten-Dynamik ergänzen, d.h. durch den Bau einer Eisenbahnlinie zwischen Konstantinopel und dem Perzischen Golf finanzieren. Sobald Gorbatschow vom «Gemeinsamen Haus» gesprochen hatte und anfing, seine mittelosteuropäischen Genoßen fallen zu lassen, wußten sofort bei Instinkt die Amerikaner, daß die potentielle Macht des Europas von 1914 wieder im Keim war. Deshalb konnte Washington nur am schwächsten Punkt schlagen: am Golf. Warum? Weil der Golf als Wasserfläche am tiefsten im eurasiatischen Kontinent hineindringt und weil von dort aus hoch wichtige strategische Punkte in Schach gehalten werden können, z. B. der Kaukasus und Iran, ein Land, das bekanntlich eine Drehscheibe zwischen Ost und West ist. Eine Kontrolle über das Golfgebiet stört jede harmonische Entwicklung im Becken des Schwarzen Meeres.

Weiter hat der Amerika-hörige Westen Interesse daran, daß der Kampf zwischen Serben und Kroaten sich verewigt. Dieser Kampf bedeutet:

1. Komplette Störung des Flußverkehrs auf der Donau zwischen der ungarischen Grenze und der rumänischen Grenze. Dadurch wird jede positive Entwicklung im Donaubecken verhindert. Das Mittelmeer bleibt den einzigen Wasserweg für den Transport von Weizen und Öl und bleibt unter Kontrolle der amerikanischen und israëlischen Flotten und Luftstreitkräfte. Der Flußweg des Kontinents wäre selbstverständlich unter Kontrolle anderer ortsgebundener Mächte innerhalb des Gemeinsamen Hauses geblieben.

2. Störung des Verkehrs im Adriatischen Meer. Würde Ruhe im Adriatischen Meer herrschen, dann kann ein Hafen wie Triest seine ehemalige Bedeutung zurückfinden. Der Raum Venedig-Triest ist auch, geopolitisch betrachtet, das tiefste Eindringen des Mittelmeeres in Richtung Mitteleuropa. Der Achse Stettin-Triest entlang, entstand im Mittelalter die Macht des böhmischen Hauses Przemysl (Ottokar II.).

Es ist kein Zufall, daß Golfkrieg und Balkankrieg unmittelbar nacheinander enstanden sind. So bricht der Westen die gesamteuropäische Dynamik, dessen Zentrum Deutschland und dem stark ungarisch geprägten Donaubecken (Kárpát-Duna Nagy Haza, d.h. «Großraum der Karpaten und der Donau» in der Sprache der ungarischen Nationalisten) sind.

Die EG hat eine miese Rolle in dieser Tragödie gespielt. Statt seine Kräfte zu bündeln, um ein wirkliches gemeinsames Haus aufzubauen, hat sie die Verzögerungsstrategie, die nur Amerika nutzt, praktiziert. Vergessen wir auch nicht, daß Amerika den Aufstieg Hitlers gleichgültig aus der Ferne beobachtet hatte und daß es nur gegen Deutschland aufzuhetzen anfing, wenn landwirtschaftliche Verträge 1934 zwischen dem Reich und Yugoslawien unterzeichnet wurden (s. William S. Grenzbach, Germany's Informal Empire in East-Central Europe. German Economic Policy Toward Yugoslavia and Rumania, 1933-1939,  Franz Steiner Verlag, 1988; s. auch Hans-Jürgen Schröder, «Widerstände der USA gegen europäische Integrationsbestrebungen in der Weltwirtschaftskrise 1929-1939», in Helmut Berding (Hg.), Wirtschaftliche und politische Integration in Europa im 19. und 20. Jahrhundert, Vandenhoeck & Ruprecht, 1984).   

Die Skeptiker brauchen nur gewisse Bücher aus der Zeit des ersten Weltkrieges zu lesen, um zu begreifen, daß der Westen, um im Ostsüdeuropa, die germanischen Macht zu bremsen, die Strategie der verbrannten Erde im balkanischen Raum und in Mesopotamien üben muß. Der niederländische Ministrer Hans Van den Broek hat in der süd-slawischen Raum eben die Politik Amerikas durchgeführt, indem er den Prozeß der Auflösung des jugoslawischen Staates tatsächlich mit seinem Moratorium verzögert hat. Und diese Politik dient bestimmt nicht sein eigenes Land, das daran Interesse hat, sich der mitteleuropäischen Dynamik anzuschließen. Das gleiche gilt für alle Beneluxländer sowie für Elsaß und Lothringen. Durch französischen Druck, konnte vor 1914 und nach 1918 keine Eisenbahnlinie zwischen Antwerpen und Düsseldorf gebaut werden. Heute spricht man noch nicht davon aber will mit TGV (Train à Grande Vitesse; Superscheller Zug) Amsterdam mit Paris verbinden, obwohl zwischen Brüssel und Amsterdam das Gewinn an Zeit genau nur 8 Minuten gleicht! Aber damit die Eurokraten diese 8 Minuten sparen können, muß man fast ganz Antwerpen kaputtzerbauen! Zwischen Mosel und Rhein im Elsaß-Lothringen hat man noch kein Kanal gebaut, um das Gebiet mit Mitteleuropa zu verbinden.

Diese Politik des Abschneidens der West- und Ostmarke vom Reich war die Politik Frankreichs vor, während und nach dem ersten Weltkriege. Ganz deutlich wird dieser Wille (d.h. der Wille zur Zerstörung der Mitte unseres Kontinents) im Buch der französische Geopolitiker André Chéradame ausgedrückt (Le Plan pangermaniste démasqué,  Paris, Plon, 1917). Die Donaumonarchie sollte entweder zerstückelt oder gegen das Hohenzollern-Reich unterstützt bzw. aufgehetzt werden, Bulgarien sollte eingedämmt werden, Rumänien und Serbien vergrössert, die Türkei aus dem Nahen Osten verjagt, damit das industrielle Deutschland keine unmittelbare angrenzenden Absatzmärkte mehr in diesen Gebieten findet. Diese Politik führt heute Amerika, damit es noch einige Jahre atmen kann, bevor es unter dem Last seiner Schulden erstickt.

Die Deutschland-zentrierte EG sollte heute gebremst werden, sich ostwärts auszudehnen, sich aus dem Sowjetunion eine Art Ergänzungsraum zu schaffen. Amerika versucht, Mexiko als Ergängzungsraum zu erwerben, aber trotz bedeutender Bodenreichtümer, ist noch Mexiko nicht so groß wie Sibirien. Die ellendigen Politiker der EG, weil ideologisch ungeschult und geopolitisch ignorant, führen eine Politik, die das Ende Europas als Kulturzentrum bedeutet. Wenn man das feststellt, weiß man, daß man gebildetere Leute an den Entscheidungsstellen braucht.

 

Robert Steuckers.     

  

mardi, 20 janvier 2009

Géopolitique et Mittleuropa

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Archives de SYNERGIES EUROPÉENNES - GRECE (Paris) - Décembre 1989

Robert Steuckers:

Géopolitique et Mitteleuropa

 

Contribution au XXIIIième Colloque du G.R.E.C.E. , Paris, Dimanche, 3 décembre 1989

 

 

Mesdames, Messieurs, Chers amis et camarades,

Quand, le soir du 9 novembre, une voix a interrompu le journaliste sportif, qui relatait les exploits d'une équipe de football, pour annoncer que le Mur de Berlin venait d'être ouvert, que sa sinistre existence avait cessé, que la rue avait arraché cette mesure aux gouvernants communistes de la RDA, j'ai su d'emblée qu'une ère historique nouvelle venait de naître, que l'Europe ne serait plus celle, manichéienne, de mon adolescence, que l'Europe de mon fils serait autre, que nous ne serions plus enfermés dans le ronron de notre Occident et que nos frères à l'Est ne seraient plus prisonniers de la logique communiste, logique sèche, froide, absconse et obsolète.

 

La destruction du Mur de Berlin annonce la guérison de l'Europe, son recentrage géographique et géopolitique. Si l'univers communiste a tenté en vain, pendant 40 ans, d'empêcher les Européens qui croupissaient sous son knout de recevoir des informations de l'Ouest, l'univers de la société marchande nous a gavé de sous-culture à profusion, de films idiots, de feuilletons d'une bêtise ahurissante et a sournoisement et systématiquement éradiqué en nous la fibre historique. A cette heure, nous nous trouvons donc en présence d'une moitié d'Européens qui peuvent dire tout ce qu'il veulent, mais si ce qu'ils veulent est important, on l'occultera et on le noiera sous une masse d'informations périphériques. Et en présence d'une autre moitié d'Européens qui ne peuvent en théorie rien dire, mais qui ont su garder au fond de leur cœur le souvenir de l'histoire, et qui savent transformer ce souvenir en force, en une force imperméable aux dogmes, en une force qui balaie les dictatures, les régimes sclérosés, les polices anti-émeutes.

Les peuples de l'Est de la Mitteleuropa sont debout sur leur sol, sur leur glèbe et, faute de dialoguer dans un parlement, dialoguent avec l'immémorial de leur histoire. Une histoire qui a été mouvementée, qui est d'une complexité inouïe, où ne se mêlent pas seulement les souvenirs des Germains et des Slaves, des Magyars et des Daces romanisés, mais aussi ceux des ethnies indo-européennes dont il ne reste plus de traces linguistiques comme les Celtes, les Illyriens et les Vénètes. Cette richesse (S3) constitue un remède contre les simplifications abusives: le cocktail ethnique de la Mitteleuropa est infiniment productif, en créations culturelles et en tragédies politiques, parce qu'il a été buriné par des millénaires. La césure de l'Europe n'a duré que 40 ans. Qu'est-ce que c'est face à des millénaires d'histoire commune? De quel poids pèse la sécheresse marxiste face à l'incommensurable richesse culturelle de l'Europe centrale, face au sublime de la culture baroque et au génie des mélodies populaires, qu'à l'aube du siècle des musiciens hors pair ont sublimées en musique classique (H4)? Pour l'écrivain hongrois György Konrád (K9, K10, K11), c'est ce formidable kaléidoscope de créations immortelles que Yalta a voulu fourrer dans sa camisole de force, c'est cette matrice qu'il a voulu stériliser, en imposant, depuis Washington et Moscou, une métaphysique paralysante de nature idéologique; un manichéisme lourd, porté par d'impavides idéologues ou militaires, incapables de relativiser quoi que ce soit et réduisant la mosaïque centre-européenne à un terrain d'exercice pour armées étrangères, pour un champ de tir destiné aux ogives nucléaires.

 

Mais le déclin de la Mitteleuropa, depuis la dissolution de la monarchie austro-hongroise, jusqu'à son absorption par l'Allemagne nationale-socialiste puis à la conquête soviétique, relève de la responsabilité des peuples centre-européens eux-mêmes: ils ont voulu bâtir des Etats-Nations homogènes à la mode jacobine sur un territoire aux contours si flous qu'aucune frontière ne pouvait jamais y être juste. En conséquence, la logique qui convient au cœur de notre continent est une logique des fluidités, des réseaux, des rhizomes et non pas une logique équarissante, homogénéisante, rigide et arasante (H4) qui blesse les âmes, aigrit les cœurs, provoque les massacres et l'irréparable. Et c'est exactement une logique souple de ce type que suggère pour la nation allemande l'enfant terrible de la social-démocratie autrichienne, Günther Nenning, un écrivain original ne s'encombrant d'aucun conformisme (N2). La nation allemande et l'esprit allemand, dit-il, transcendent toutes les frontières que l'histoire leur a assignées. De même pour les Hongrois, les Polonais et les Tchèques. 

 

La Mitteleuropa est donc un espace qui échappe à toutes les logiques cartésiennes. Mais qui n'en garde pas moins une originalité partagée par plusieurs peuples, une originalité telle qui fait qu'elle n'est pas saisissable à l'aide de quelques pauvres concepts étriqués mais seulement par l'âme et le cœur. Dans la sphère du concret, et plus précisément dans le domaine du droit, le professeur Wilhelm Brauneder (B9), constate que le droit autrichien, codifié dès la fin du XVIIIième siècle, sert de modèle à l'ensemble du monde slave et germanique et déborde en Lombardie. La Révolution française et l'épopée de Bonaparte mettront un terme à l'extension dans toute l'Europe de ce code de droit forgé dans les chanceleries viennoises. Mais la nostalgie de certaines mesures prévues, plus respectueuses des collectivités locales ou professionnelles, plus attentives aux phénomènes associatifs, durera jusqu'à la deuxième guerre mondiale.

 

La Mitteleuropa par sa diversité, par la superposition de ses multiples cultures nationales, parce qu'elle est synthèse de tant de contraires, s'oppose diamétralement à la culture atlantique qu'ont imposé nos suzerains américains. Outre-Atlantique, l'uniformisation est aisée, la mise au pas des cerveaux est facile: chaque immigrant est arrivé les mains vides, dans des villes sans histoire, face à une nature vierge, sans un ancêtre qui puisse lui rappeler la généalogie de chaque chose. Une telle uniformisation est impossible en Mitteleuropa: chaque maison, chaque chaumière, chaque autel, chaque forêt bruisse du murmure des siècles et des millénaires. Le communisme a tenté une uniformisation: il a échoué. Entre l'Amérique et la Mitteleuropa, incarnée par l'Autriche-Hongrie, une vieille haine couve et l'affaire Waldheim n'en est que le dernier et ridicule avatar. Une nation pluri-ethnique, soucieuse de respecter chaque spécificité populaire ou religieuse, soucieuse de forger un droit adapté à la mosaïque européenne, ne pouvait apparaître que comme "réactionnaire" aux yeux de ceux qui dominaient le Nouveau Monde après avoir éliminé les autochtones et obligé les immigrants à oublier ce qu'ils avaient été.

 

Pour échapper aux logiques de l'arasement, portée par les deux super-puissances, pour restaurer dans la foulée toutes les identités de l'Europe Centrale, pour leur assurer une indépendance politique et un développement autonome, un nombre impressionnant de projets ont été lancés dans le débat. Ces projets sont l'œuvre d'essayistes et d'écrivains issus de toutes les nationalités: Tchèques (K18), Polonais (K13), Croates, Hongrois (H4, H5, K9, K10, K11, S21, V1), Autrichiens (N2, D10, B9) , Allemands (A1, B7, W2), Slovaques. Certes, ces projets varient, sont chaque fois marqués par la nationalité de leurs auteurs. Le Hongrois György Konrád souhaite une confédération de la Pologne, de la Tchécoslovaquie et de la Hongrie, parce qu'il estime que l'expérience du socialisme réel et de la répression soviétique est une condition sine qua non pour définir la "culture du milieu". Dans la tradition de Masaryk, quelques essayistes pensent que la Mitteleuropa ne comprend que les pays qui ne sont ni allemands ni russes, de la Scandinavie à la Grèce. Mais peut-on exlure les deux Allemagnes et l'Autriche du débat sur la Mitteleuropa? Peut-on en exclure la Vénétie et la Lombardie, la Suisse, les Pays du Bénélux et, même, la France du Nord-Est voire le Sud-Est de l'Angleterre?

 

A ces questions, nous répondons évidemment: "non". La Mitteleuropa en tant que foyer de culture s'est diffusée, s'est insinuée partout en Europe, si bien que nous sommes tous, à des degrés divers, des Mitteleuropäer. Et l'indépendance des régions les plus éloignées des foyers que sont Vienne, Budapest et Prague, dépend en fin de compte de l'indépendance de l'Autriche, de la Hongrie et de la Tchécoslovaquie. Et dépend également de l'indépendance des Allemagnes. Et comme la question de l'Europe Centrale est indissolublement liée à la question allemande (W2), il faut que celle-ci soit réglée dans les plus brefs délais. La pression de tous les Européens conscients du destin de leur continent doit s'exercer tous azimuts dans ce sens.

 

En Allemagne, une impressionnante phalange d'auteurs ont élaboré au cours de ces dernières années des projets de confédération inter-allemande, suggérant une neutralisation des deux Allemagnes, qui aurait précédé la réunification et l'adoption d'une nouvelle constitution, à mi-chemin entre le socialisme et le libéralisme, inspirée partiellement de Jakob Kaiser, l'adversaire chrétien-démocrate d'Adenauer, qui voulait une Allemagne neutre et sociale-solidariste (H1). Cette recherche fébrile fut la première phase (A1, B6, B7, IJ1). La phase suivante, elle, évoquait aussi la réunification par confédération mais sortait du cadre strictement allemand pour analyser la situation des pays neutres d'Europe: la Yougoslavie, la Suisse, l'Autriche, la Suède et la Finlande. L'Allemagne devait calquer son futur statut sur ceux des neutres et adopter un mode de défense national dégagé des blocs (A1, B6, G7, L5, L7). C'était l'idée d'une Europe qui ne serait ni atlantiste ni soviétisée mais trop importante pour être finlandisée. La gauche comme la droite participaient au débat et l'observateur extérieur pouvait constater avec quelle aisance et quelle tolérance les uns reprenaient des arguments aux autres; tous dialoguaient sans tenir compte des étiquettes (IJ1). Avec la perestroïka de Gorbatchev, les projets de confédération allemande et de zone neutre, à insérer entre les blocs pour éviter toute confrontation directe, acquièrent automatiquement une dimension nouvelle dès que le nouveau leader soviétique parle de "maison commune".

 

Devant le nouveau discours de Gorbatchev, on peut s'enthousiasmer ou rester sceptique. On peut arguer que la politique d'ouverture, les paroles de pacification, sont comparables à la procession d'Echternach: trois pas en avant, deux pas en arrière; résultat final: un pas en avant (H11, G1). On peut penser que l'URSS cherche toujours à se mesurer avec les Etats-Unis mais que, pour parvenir à ses fins et pour franchir le fameux "technological gap", dont parlait Arnold Toynbee (T3), elle a besoin de capitaux européens, ouest-allemands en l'occurrence. Gorbatchev organiserait ainsi une nouvelle NEP à l'exemple de Lénine (H11) et tournerait le dos au brejnévisme, pratique politique se résumant en un repli stérile de la Russie sur elle-même. Ce repli ne permettrait pas l'envol d'une technologie soviétique autonome et provoquerait en fin de compte un recul sur le plan militaire. L'analyse est juste. Mais, malgré ce calcul russe et malgré la présence des divisions de l'Armée Rouge, Gorbatchev prend plusieurs risques: tomber sous la dépendance de l'Europe sur le plan technologique, mécontenter de larges strates du peuple soviétique peu habituées à la concurrence libérale, amorcer un processus de dissolution des franges marginales de son empire. Du coup, les Européens peuvent lui renvoyer la balle et dire que l'idée de la "maison commune" les intéresse, à condition que les Europes (CEE + AELE, sans discrimination) soient ses seuls fournisseurs de biens technologiques, qu'il accepte de livrer des matières premières à prix concurrentiels, qu'il évacue le glacis centre-européen, que les principes fédéralistes de la constitution soviétique soient réellement appliqués, y compris dans les pays baltes. Que Gorbatchev se rassure: l'éventuelle désagrégation des franges marginales de l'Empire ne portera pas atteinte à l'identité du peuple russe, si celui-ci prend réellement au sérieux les implications du projet de "maison commune". Ce qui signifie qu'il pourra s'ouvrir sans obstacle à l'Europe et que, simultanément, tous les Européens pourront s'ouvrir aux potentialités du territoire russe, Sibérie comprise.

 

Pour les nouveaux diplomates soviétiques (D1, IJ2, L4, P3), la "maison commune" constitue un projet dynamique collectif, auquel tous les Européens doivent participer indépendamment de l'idéologie qu'ils professent et appliquent. Il s'agit en outre d'un processus d'intégration qui rencontre les vœux séculaires des partisans de l'Europe unie. La diversité européenne postule une architecture politique complexe et souple, de façon à éviter les gâchis des deux guerres mondiales. Lesquelles prouvent que plus aucun problème ne peut être résolu par les armes sur le continent européen. La similitude entre ce discours et la notion de jus publicum europaeum  chez Carl Schmitt est évidente. Le jus publicum europaeum, c'était la limitation et la modération des conflits à l'intérieur du continent européen et/ou de la chrétienté, assorti du recours constant à la négociation. Aujourd'hui, expliquent les diplomates soviétiques, la recréation d'un jus publicum europaeum  sous la dénomination simple et concrète de "maison commune", postule non un désarmement unilatéral mais un alignement des systèmes militaires sur les critères de la défensive, peut-être selon les modèles suisse et yougoslave. Ensuite, ils suggèrent une accentuation des coopérations économiques inter-européennes. 95% des échanges entre Européens de l'Est et Européens de l'Ouest ne concernent rien que l'Europe, ce qui prouve, ajoute le Soviétique Lomejko (L4), que la "maison commune", considérée comme entité globale, pourrait vivre en une autarcie relative, avec un surplus d'indépendance vis-à-vis du reste du monde.

 

Devant ce nouveau discours gorbatchévien, les Occidentaux restent perplexes. Pour les Américains (Z2), c'est "une métaphore sans contenu précis" mais qui vise, si l'on sait lire entre les lignes, l'élimination des Etats-Unis sur le continent européen ou, du moins, une minimisation drastique de leur rôle dans la défense et l'économie européennes. Et l'Américain Zinner suggère un modus vivendi:  déconstruction de l'armement nucléaire américain en Europe si les Soviétiques en font autant; maintien de la présence économique américaine à part égale avec les Soviétiques. Les Etats-Unis ne renoncent pas au marché européen et entendent conserver la plus-value qu'ils retirent du contrôle des grands axes maritimes, plus-value qui se rétécirait comme une peau de chagrin si les flux d'échanges basculent vers l'Eurasie. Quant au porte-parole européen du débat organisé par le Club de Berlin, Wichard Woyke (W4), il se dit séduit par les propositions de Gorbatchev mais reste simplement prudent et refuse toute précipitation!

 

La "maison commune" partage donc bien des points communs avec l'idéal grand-européen qui a toujours été le nôtre et je concède qu'il est quelque peu vexant de le voir confisquer aujourd'hui par Gorbatchev. Mais voilà, l'idée grande-européenne est tellement évidente, la coopération entre toutes les nations d'Europe une nécessité historique vitale, qu'on devait tôt ou tard y aboutir sur l'ensemble du continent, y compris à Moscou. Evidemment —et c'est là que réside le danger—  Gorbatchev n'a pas beaucoup d'autres atouts dans son jeu que sa belle rhétorique; les remarques de Paul Zinner, porte-paroles des Etats-Unis, ne sont donc pas dépourvues de pertinence. L'économie soviétique est dans un état déplorable. Mais son armée est toujours là et elle est la plus puissante en Europe, même si la propagande de l'OTAN a quelque peu exagéré les chiffres. Sans concessions sous le couvert de l'idéal de la "maison commune", Polonais et Soviétiques passeraient mal l'hiver, puisque leurs stocks sont quasi vides. Il faut donc bien que les Occidentaux les remplissent. C'est la raison pour laquelle les virtualités du discours gorbatchévien doivent être exploitées à fond et dans le sens de nos intérêts car les Européens doivent prendre leurs rivaux américains et japonais de vitesse en proposant, sur base des arguments de Lomejko (L4), une idéologie corrigée de la "maison commune" intégrant ET les intérêts européens (ceux de la CEE ainsi que ceux de l'AELE) ET les intérêts soviétiques, tout en annulant les nombreux points confus où les Soviétiques, en bons joueurs d'échec, pourraient faire montre de duplicité. Au fond, l'Américain Zinner (Z2) ne propose rien d'autre: un pacte américano-soviétique de neutralisation de l'Europe. A nous de proposer un pacte euro-soviétique, faisant pièce à l'impérialisme américain.

 

Car, si un nouvel espace euro-centré devait voir le jour, il ne pourrait plus être organisé selon les critères du communisme puisque ces recettes se sont avérées totalement improductives. Mais comme le libéralisme à l'occidentale affaiblit le politique, cette seule instance apte à faire passer les décisions du virtuel au réel; comme le libéralisme ne semble plus capable d'assurer le plein-emploi, c'est-à-dire la maximisation des capacités créatrices de nos peuples et non pas seulement la simple maximisation du profit dans le sens où l'entendent les idéologies matérialistes libérales; comme le libéralisme ne peut servir de modèle aux peuples de l'Est, habitués aux réflexes collectifs même si ceux-ci ont été dénaturés par la rigidité communiste, il est évident que l'organisation socio-économique de l'Europe réunifiée de l'avenir devra faire référence à d'autres théories, à des théories alternatives. Une dissidente tchèque déclarait la semaine dernière à des journalistes occidentaux que jamais son peuple n'accepterait la logique marchande et qu'il s'insurgerait contre elle avec la même énergie que contre le communisme d'appareil. Déclaration qui nous force à admettre que les principes de l'intéressement et de la participation, chers au gaullisme des années 60 et moqués par la bonne conscience néo-libérale, ont l'avenir devant eux. C'est d'ailleurs la plus belle pierre que la France peut apporter à la construction du grand espace, de la "maison commune".

 

En effet, le printemps de Prague, écrasé en août 1968 par les chars de Brejnev, avait son théoricien de l'économie alternative: Ota Sik. Son œuvre, si elle était conjuguée aux travaux du MAUSS en France, aux projets des théoriciens de la régulation et aux critiques des économies "décontextualisantes", permettrait de combler une terrible lacune commune et au discours gorbatchévien et au discours des eurocrates: en effet, quel projet de société alternatif et innovant suggèrent-ils? Aucun. La tâche d'un mouvement comme le nôtre, au seuil des années 90, n'est-il pas de s'investir à fond dans ce type de recherche, afin de ne pas déchoir en simple supplément d'âme d'une société entièrement imprégnée de l'utilitarisme libéral? Car la vague néo-libérale n'a rien apporté de durable à nos sociétés et ceux qui, présents dans tous les partis de l'établissement, se sont trop facilement laissé séduire par le clinquant de son discours, vont rater le train des années 90, vont fermer leurs cerveaux aux idées d'avenir.

 

Mais revenons à la question allemande, qui verrouille encore et toujours le passage de l'Europe fragmentée à l'Europe totale. Parmi les projets de confédération et de réunification, que j'évoquais tout-à-l'heure, les questions de sécurité dominent. A gauche de l'échiquier politique, elles se mêlaient de considérations anti-militaristes et pacifistes. Ailleurs, la volonté de créer l'apaisement entre l'Est et l'Ouest, couplée à l'espoir toujours récurrent de la réunification, passait par une critique systématique des stratégies de l'OTAN, y compris dans les rangs chrétiens-démocrates. Ainsi, le Dr. Bernhard Friedmann, parlementaire CDU et responsable de plusieurs commissions parlementaires, publie en 1987 un livre qui fait l'effet d'une bombe (F5). La réunification, y explique-t-il, est le seul projet de sécurité collective pour l'Europe. L'Allemagne, comme jadis la France de De Gaulle, doit trouver un mode original d'insérer sa défense entre les deux gros, sans être un simple jouet entre leurs mains.

 

L'année suivante, le Professeur Willms, éminent politologue, qui a défini de manière particulièrement magistrale les concepts d'identité et de nation, suggère une "fédération centre-européenne", obéissant à des principes politiques véritablement alternatifs tels:

1) la représentation triple des professions, des régions et des partis;

2) un ordre économique repensé et

3) une défense renforcée à la mode helvétique.

 

De Gaulle avait suggéré des mesures analogues, du moins quant à la représentation. Les thèses de Willms (W2) doivent dès lors mobiliser l'attention des Français. Car elles permettent de transcender les logiques bloquantes de la partitocratie et de maximiser la représentation populaire au sein des parlements. Autre argument de poids avancé par Willms: la fédération centre-européenne ne peut fonctionner que sur base d'une amnistie réciproque, d'un "oubli" permettant à l'histoire de redémarrer après la parenthèse de la seconde guerre mondiale et de notre long après-guerre.

 

Le Général Kiessling, chassé de l'état-major de l'OTAN en 1984, vient, quant à lui, de publier un brûlot remarquable: Neutralität ist kein Verrat,  la neutralité n'est pas de la trahison (K2, K3). Dans cet ouvrage, il esquisse les grandes lignes d'un nouvel ordre européen. Parce que le statu quo est intenable. La volonté de rénover de fond en comble le statut de notre continent passe par une remise en question globale de tous les réflexes politiques et stratégiques auxquels nous avons été habitués depuis la guerre froide. C'est une contradiction insoluble de vouloir et la réunification et l'ancrage de la RFA dans les structures économiques et militaires occidentales. L'alignement sur l'Ouest, ce mot d'ordre d'Adenauer qui devait remplacer la raison d'Etat allemande, s'est révélé pure aberration. L'idée de réunification dans la neutralité est plus conforme aux principes généraux de la constitution démocratique de la RFA et permettrait d'insérer une Allemagne neutre entre les deux blocs, qui, ainsi, ne se feraient plus face directement.

 

C'est pourquoi Kiessling suggère un processus de réunification en huit étapes, passant 1) par le référendum populaire, 2) la constitution d'un conseil inter-allemand, 3) la reconstitution des Länder en RDA et la suppression de sa départementalisation, afin de redonner existence à des espaces homogènes et naturels et de supprimer des schémas administratifs desséchants, 4) la constitution d'une confédération allemande, 5) la réunification de Berlin, 6) l'élection d'une assemblée nationale constituante, 7) la proclamation de la République allemande, 8) la signature d'un traité de paix en bonne et due forme avec les Alliés de la seconde guerre mondiale. Cette République serait neutre et défendue par une armée unique de 300.000 hommes. La question reste ouverte de savoir si un pays comme l'Allemagne, avec des frontières ouvertes, sans protection naturelles, sauf les Alpes au Sud, peut se contenter d'une armée aussi dérisoire. La neutralité helvétique, malheureusement quelque peu battue en brèche lors de la "votation" de dimanche dernier, a été solide et durable parce que ce pays de 7 millions d'habitants peut mobiliser 650.000 hommes en 24 heures. Si ces proportions étaient appliquées à une Allemagne réunifiée, celle-ci devrait pouvoir mobiliser 7.400.000 hommes dans le même laps de temps!

 

Sur ce chapitre, la solution préconisée par le Colonel d.r. Lothar Penz (P2) est une imbrication de l'armée permanente, hyper-professionnalisée, dans des structures de défense populaire locale et dans la défense civile. Les brigades se mouvraient dans des zones territoriales bien circonscrites et constitueraient un système exclusivement défensif, procédant par "maillage" du territoire. Une Allemagne (ou une Europe centrale), défendue selon de telles stratégies, apaiserait et dissuaderait simultanément l'URSS. Le point commun des discussions lancées par Löser (L5), Kiessling (K2, K3) et Penz (P2), c'est la volonté de déconstruire les systèmes stratégiques offensifs qui forment la politique de l'OTAN et du Pacte de Varsovie, tout en garantissant une sécurité solide et crédible pour l'Europe.

 

En matière de politiques alternatives sérieuses, préconisées par des hommes compétents, ayant pignon sur rue, le terrain a été préparé en République Fédérale. Nous avions donc raison d'insister sur l'importance de ces projets dans les colonnes de notre presse et à la tribune de notre mouvement de pensée. D'autant plus, que le Chancelier Kohl lui-même vient de suggérer un processus de réunification simplifié, calqué sur toutes ces idées qui courent depuis quelques années. Kohl voit la réunification se produire en dix étapes, prévoyant des élections libres en RDA; ainsi que la création de "structures confédératives" et, enfin, la réunification après un référendum populaire. Cela ne manque pas de piquant, lorsque l'on sait que ce même chancelier avait traité les suggestions de Friedmann d'"insensées" (F5).

 

Le processus de réunification est donc en marche, qu'on le veuille ou non, qu'on le trouve trop lent ou trop rapide, qu'on estime ou non qu'il est grèvé de dangers et d'illusions. Alain Minc disait d'ailleurs, avec sa pertinence habituelle, dans La grande illusion  (M8), que le Mur de Berlin protégeait l'Est de l'Ouest au temps de l'immobilisme diplomatique soviétique mais qu'il s'est mis à protéger l'Ouest de l'Est dès que s'est enclenchée la politique de charme de Gorbatchev! Maintenant que le Mur n'existe plus, c'est toute la rigidité des conceptions atlantistes qui est ébranlée. Les craintes habituelles de l'Occident, des éditorialistes américains et des publicistes français, qui en restent aux conceptions de Richelieu, ne se sont plus guère fait entendre (L1). Ce qui inquiète l'Occident, c'est l'éventuel retrait de la RFA de la CEE et de l'OTAN. Si l'Alliance atlantique devient effectivement redondante et qu'elle est davantage un magasin où les Etats-Unis écoulent leurs vieux stocks militaires, comme nous le souligne très justement l'Amiral Sanguinetti, il est quelque peu hardi d'affirmer que la RFA va tout de go renoncer à ses débouchés ouest-européens et à ses investissements industriels, notamment en Espagne et au Portugal. La RFA et les autres pays de la CEE ont désormais l'occasion de pratiquer une politique économique qui ne se réduit pas à l'Europe hémiplégique qu'est la CEE mais de s'assigner pour terrain de manœuvre l'Europe Totale, CEE, AELE et COMECON compris, des Açores au Détroit de Bering! Avec Régis Debray, nous disons: faisons l'Europe TOUS AZIMUTS!

 

Mais ce n'est pas seulement la perestroïka et le projet de "maison commune" qui ont suscité la nouvelle synergie. Un projet de l'OTAN a lui aussi provoqué un déclic. Quand le scénario des manœuvres dites Wintex-Cimex de février-mars 1989 a été publié, il a provoqué un véritable tollé en Allemagne fédérale. En effet, dans ce charmant exercice, les militaires américains avaient prévu un conflit en Europe centrale qui ne se résolvait que par le lancement de 17 têtes nucléaires sur les territoires allemand, tchèque, hongrois et polonais. Le territoire soviétique était épargné, de crainte que des représailles ne frappent le territoire américain. L'Europe, depuis toujours, n'a été considérée que comme un terrain de bataille dans les stratégies américaines (S16, M4). Une seule alternative pour les Européens, comme titrait Der Spiegel:  "se sacrifier" (AA8). Entre le sacrifice exigé par les Etats-Unis et la prospérité promise par l'idéal de la "maison commune", il n'est pas difficile de comprendre pourquoi l'opinion publique allemande choisit de préférence le second terme de l'alternative. Même les politiciens de la CDU ont rué dans les brancards (AA9). L'Amiral Schmähling et les généraux Altenburg et Mack ont annoncé qu'en cas de conflit et d'application d'une telle stratégie criminelle, l'OTAN ne devait pas compter sur eux (S8). Déclaration qui équivaut à une démission pure et simple des principaux cadres de la Bundeswehr, fer de lance conventionnel de l'OTAN.

 

Cette gaffe gigantesque, commise par le Pentagone, a apporté de l'eau au moulin de Gorbatchev et révélé deux choses lourdes de concrétude: l'Europe ne peut survivre qu'en pratiquant une politique globale commune et en instaurant une défense commune, strictement défensive et en toute autonomie.

 

Le scénario des manœuvres Wintex-Cimex rend par conséquence le processus de réunification irréversible, de même que le rapprochement inter-européen, prélude à une confédération voire une fédération grande-européenne.

 

Depuis quelques années, nous avons défendu, à cette tribune, la théorie des "trois Europes", avec une Europe occidentale, sous influence américaine, ensuite une Europe centrale neutre ou en voie de neutralisation (s'étendant de la Suède à la Grèce), et, enfin, une Europe maintenue sous la coupe soviétique. Sur le plan économique, ces trois Europes correspondent peu ou prou à la CEE, l'AELE et le COMECON; sur le plan militaire, à l'OTAN, aux neutres et au Pacte de Varsovie. Nos vœux nous portaient à espérer un élargissement maximal de la zone centrale neutre, au détriment des zones d'influence soviétique et américaine. L'explosion de cet automne en RDA et la quasi neutralisation de la Hongrie ont accéléré ce processus de manière inattendue et l'agitation en Moldavie, dans les pays baltes, en Ukraine et en Biélorussie (B2, D8, G5, L2, S20, V3, Z1) ont jeté le doute sur la cohérence de l'URSS elle-même. N'oublions pas de mentionner aussi les manifestations tsaristes et l'audace du mouvement Pamyat à Moscou et à Leningrad. Toutes ces manifestations sont nationalistes et identitaires: elles contestent la perestroïka parce qu'elle est une idée abstraite et qu'elle pourrait introduire en Russie un libéralisme destructeur des identités. De cette façon, les visées impérialistes que pourrait dissimuler la stratégie soft  du Kremlin à l'heure de Gorbatchev se voient annulées par la pression qu'exercent en aval les nationalistes russes, baltes, ukrainiens, etc. sur la politique intérieure de l'URSS. Quand Gorbatchev avait lancé sa politique de restructuration, de perestroïka, en 1985, les problèmes nationaux n'étaient pas à l'ordre du jour; en bonne logique marxiste et réformiste, le progrès devait advenir tout simplement par régulations des paradigmes de gestion en matières économiques. Le 6 janvier 1986, dans les colonnes de la Pravda,  Gorbatchev déclare qu'il faut se débarrasser des réflexes nationaux archaïques et se vouer entièrement à un nouvel internationalisme prolétarien. Sous la pression des événements, cet optimisme progressiste très conventionnel fera long feu. Deux années plus tard, en juin 1988, Gorbatchev doit bien constater que la résistance à son projet internationaliste initial n'est pas venue des vieux cénacles brejnéviens, très minoritaires et complètement discrédités, mais des linéaments pré-marxistes, nationaux, qui structurent la mémoire des peuples de la grande fédération soviétique. Mieux: des groupes de pression mixtes, mi-nationaux mi-écologistes, contestent l'ensemble des structures soviétiques, voire la légitimité même de l'appareil. La perestroïka a ouvert la boîte de Pandore... 

 

L'Europe post-communiste est donc en marche (S13); l'idéologie communiste a largement fait faillite, comme idée et comme pratique. Ce qui implique que l'URSS en tant que puissance mondiale ne dispose plus de cinquièmes colonnes dynamiques dans les pays occidentaux; c'est également une des raisons du profil bas qu'adopte Gorbatchev car l'histoire de ce siècle nous enseigne que l'arme la plus redoutable de Moscou a précisément été cette cinquième colonne. Et si les services américains ont sans doute tablé sur les crypto-libéraux parmi les réformistes gorbatchéviens, ils ont fait chou blanc. Nous autres, en revanche, partisans des identités européennes, pouvont développer notre propre cinquième colonne parmi les nationalistes russes et non-russes d'URSS et parmi les écologistes indépendants. Parallèlement à cette évolution, les Etats-Unis accusent un sérieux déclin, après la parenthèse du reaganisme, plus verbale que concrète. Le professeur Paul Kennedy (K19) a tiré le bilan: lorsque la puissance dominante ne détient plus le leadership technologique absolu ni une incontestable supériorité économique en tous domaines, elle entre dans une phase de déclin. Déclin qui, pour les Etats-Unis, s'est symbolisé tout récemment par l'acquisition du Manhattan Center Building  par les Japonais. 

 

Sur cet arrière-plan de déclin des deux super-gros, nous n'avons pas encore eu le temps, en Europe occidentale, d'esquisser un scénario affirmateur, où se trouveraient condensés toutes nos aspirations et tous nos intérêts. C'est une faiblesse. François Schlosser, dans Le Nouvel Observateur  (S7), oppose un scénario positif à un scénario négatif. Ce dernier est une Europe nouvelle, auto-centrée autour de l'Allemagne, pays Baltes compris. Son scénario positif, c'est tout simplement un statu quo amélioré. Les pays européens du Comecon y sont positivement "finlandisés", ont reçu des institutions plus ou moins démocratiques et la CEE reste isolée sur elle-même. Les pays de l'AELE, eux, restent tels quels. Pour l'idéologie soft, qu'elle soit libérale ou socialoïde, ce statu quo amélioré est parfait: les économies se sont légèrement interpénétrées; les pays de l'Est sont gardés ou non par l'Armée Rouge si cela amuse encore Moscou mais il n'y a pas de grand espace européen, pas d'auto-centrage, pas de fusion, pas de réelle "maison commune". Les multinationales peuvent donc faire de bonnes affaires et améliorer leurs bilans. Les Etats-Unis restent économiquement présents en Europe, comme le souhaite Zinner (Z2). Valéry Giscard d'Estaing rejoint cette position lorsqu'il déclare à Paris-Match  (G4) que la CEE ne peut se dissoudre dans une Europe de l'Atlantique à l'Oural. La soft-idéologie ambiante, l'établissement, l'espace de la pensée marchande, sont des partisans de la toute petite Europe... Et des adversaires de l'Europe Totale: nos adversaires...

 

Le mauvais scénario, pour François Schlosser, c'est celui d'une Europe allemande, c'est-à-dire recentrée autour de l'Allemagne réunifiée. Ce qui effraie en fait Schlosser, ce n'est pas tant la germanisation proprement dite que l'autonomisation spontanée de l'Europe par rapport aux stratégies des multinationales, l'émergeance de nouveaux circuits et flux économiques, annulant l'effet de la division et de la balkanisation de l'Europe. Quoi qu'il en soit, l'Allemagne étant le centre du continent européen, toutes les relations économiques et commerciales devront nécessairement passer par son territoire. Le commerce italo-scandinave, hollando-hongrois, anglo-roumain, etc. passe obligatoirement par le territoire allemand. Ensuite, le processus d'unification du continent passe également par les relations bilatérales tissées entre les petites nations de l'Est et de l'Ouest, méthode de détente qu'avait préconisée Pierre Harmel dans les années 60. Avec le dégel hongrois, ce processus est en train de reprendre de plus belle (B12, H3).

 

Quant à la France, dont les voies d'expansion économique ne portent pas vers l'Est ou vers les Balkans, son opinion publique doit savoir que des projets cohérents existent à Paris et en Allemagne pour pallier à cette situation (F6, K7). Depuis 1988, les observateurs allemands constatent que les craintes françaises de voir "dériver" l'Allemagne vers l'Est s'estompent et disparaissent (K7). Sous l'impulsion de quelques cercles diplomatiques et, en apparence sous l'oeil bienveillant de Mitterand, Français et Allemands envisagent une Ostpolitik  commune. Richard von Weizsäcker le déclare en outre à Moscou: "La France et l'Allemagne peuvent collaborer [en Europe orientale et en URSS]. Il n'y a pas en ce domaine de voie allemande solitaire. Ce serait contre nos propres intérêts" (F6). D'importants cercles diplomatiques français abandonnent donc le vieil isolationisme récurrent de Paris, enterrent la méfiance héréditaire à l'égard de l'Allemagne, se distancient de l'idée d'une Europe exclusivement latine et carolingienne, renoncent à vouloir ancrer à tout prix la RFA à l'Ouest et adhèrent désormais à une forme de nationalisme grand-européen (K7). Ce sont là des tendances qu'il faut accentuer et qu'un visionnaire comme Jean Parvulesco a aperçu depuis longtemps déjà (P1, D5). A-t-il raison de dire que le grand projet gaullien de libération continentale, de libération eurasiatique, est en train de revenir subrepticement, à pas furtifs? Peut-être. Il est encore trop tôt pour répondre. L'histoire le confirmera ou l'infirmera.

 

Que la réunification plus que probable fasse imploser la CEE, que l'adhésion éventuelle de la Finlande, de la Pologne ou de la Hongrie à la CEE provoque un basculement tel qu'elle en acquiert un tout autre visage, l'important c'est qu'advienne, à l'aube du IIIième millénaire, l'Europe Totale que nous appelons de nos vœux. Mais la tâche sera lourde pour nous, si nous voulons participer à la construction de cet immense édifice. Nous devrons travailler avec plus d'énergie que jamais. Toutes les recettes de notre long après-guerre ont échoué. Plus aucune d'entre elles n'est intellectuellement satisfaisante. Il nous faut des systèmes sociaux nouveaux, obéissant à de tout autres principes. Il faut créer un droit adapté aux fantastiques innovations de notre siècle. Il faut réorganiser et redessiner nos territoires administratifs selon le mode des Länder allemands ou des cantons suisses, afin que toutes les spécificités qui constituent notre continent puissent être représentées valablement; ce n'est d'ailleurs pas un hasard si Kiessling demande la fin de la départementalisation en RDA et la reconstitution des anciennes provinces. Enfin, nos armées devront être restructurées de fond en comble et dégagées de cette Alliance contre-nature qu'est l'OTAN.

 

Ces travaux innombrables et herculéens, auxquels notre mouvement de pensée devra participer, signalent que l'histoire est revenue et qu'elle nous interpelle. Ce que Jean Parvulesco appelle l'"ensoleillement ontologique" illuminera le cœur de nombreux citoyens d'Europe. Car elle revient la saison rougeoyante des Grands Brasiers et la forteresse révolutionnaire d'avant-garde achève de se construire dans quelques cerveaux hardis...

 

J'espère que cette salle en compte quelques-uns et qu'ils accompliront ce que l'Histoire commande, quand tombe le crépuscule des blocs et que s'annonce l'aurore des peuples.

 

Je vous remercie. 

 

Bibliographie:

 

A.

 

A1) Herbert AMMON - Theodor SCHWEISFURTH, Friedensvertrag. Deutsche Konföderation. Europäisches Sicherheitssystem. Denkschrift zur Verwirklichung einer europäischen Friedensordnung,  Ibf, Starnberg, 1985.

 

A2) Dominique AUDIBERT, "Hongrie: un réveil désordonné", Le Point,  890, 9 octobre 1989.

 

A3) Dominique AUDIBERT, "Hongrie: Bye, bye Lénine,...", Le Point,  891, 16 octobre 1989.

 

A4) Rudolf AUGSTEIN, "Ami, Go Home", Der Spiegel,  19/1989.

 

B.

 

B1) Egon BAHR, Interview accordée à l'hebdomadaire Der Spiegel,  19/1989.

 

B2) Arnulf BARING, "Zerfällt das Zarenreich?", Frankfurter Allgemeine Zeitung,  13. Sept. 1989.

 

B3) Jörg BECKER, "US-amerikanischer Einfluß auf die Medien", in Eckart SPOO, op. cit.

 

B4) Volker BEECKEN, "Der Europagedanke: Deutsche Antwort oder bundesdeutsche Lebenslüge?", in SCHLEE, op. cit.

 

B4 bis) Hermann von BERG, "Der Weg zur Einheit wird frei", Mut,  266, Okt. 1989.

 

B5) Pierre BLANCHET, "Europe de l'Est: après l'effondrement du système totalitaire. Sur les décombres, quoi?", débat avec la participation d'Alexandre ADLER, Claude LEFORT, Paul THIBAUT, Alain BESANÇON, Hélène CARRERE d'ENCAUSSE, Pierre HASSNER, Thierry de MONTBRIAL, Christophe BERTRAM, Helmut SONNENFELDT, in Le Nouvel Observateur,  2-8 novembre 1989.

 

B6) Volker BÖGE - Peter WILKE, Sicherheitspolitische Alternativen. Bestandaufnahme und Vorschläge zur Diskussion,  Nomos, Baden-Baden, 1984.

 

B7) F. BOLDT, "Mitteleuropa - Aktuelle Visionen seiner zukünftigen Gestalt", in BURMEISTER et alii, op. cit.

 

B8) Dieter BORKOWSKI, Erich Honecker. Statthalter Moskaus oder deutscher Patriot,  Bertelsmann, München, 1987.

 

B9) Wilhelm BRAUNEDER, "Juristisches Mitteleuropa. Die Rechtstraditionen gemeinsamer Kultur", Mut,  246, Februar 1988.

 

B10) Karen BRESLAU, "Are These the Taiwans of Europe?", Newsweek, November 13, 1989.

 

B11) Pierre BRIANÇON, "Pays de l'Est: Moscou joue la non-ingérence. Mais limitée", Le Point,  891, 16 octobre 1989.

 

B12) Georg BRUNNER, "Die Bedeutung der kleineren Staaten des Warschauer Pakts für das Ost-West-Verhältnis", in JACOBSEN et alii, op. cit.

 

B13) H.-P. BURMEISTER, F. BOLDT, Gy. MESZAROS (Hrsg.), Mitteleuropa. Traum oder Trauma? Überlegungen zum Selbstbild einer Region,  Temmen, Bremen, 1988.

 

Addendum:

 

B14) Justus B. BÜHLOW, Ostrevolution,  Sinus, Krefeld, 1981.

 

C.

 

C1) James de CANDOLE, "Václav Havel as a Conservative Thinker", The Salisbury Review,  Vol. 7, Nr. 2, December 1988.

 

C2) Jean CAU, "Elle ne se fara pas la réunification? Blague colossale! Elle est déjà faite!", Paris-Match,  23 novembre 1989.

 

C3) Yves CUAU, "La fin de l'après-guerre", Le Vif-L'Express,  352/2002, 17-23 novembre 1989.

 

C4) Arthur CONTE, "Aujourd'hui la mystique communiste est enterrée et Khomeiny prend la relève de Lénine", Paris-Match,  23 novembre 1989.

 

C5) Gordon A. CRAIG, Interview accordée à l'hebdomadaire Der Spiegel, 1989.

 

D.

 

D1) Wjatscheslaw I. DASCHITSCHEW, "Das gesamteuropäische Haus und die deutsche Frage", in Mut,  267, Nov. 1989.

 

D2) Alain DAUVERGNE, "CEE: le risque d'implosion", Le Point,  888, 25 septembre 1989.

 

D3) Régis DEBRAY, Tous azimuts,  Ed. Odile Jacob, Paris, 1989.

 

D4) Patrick DEMERIN, Passion d'Allemagne. Une citadelle instable,  Ed. Autrement, Paris, 1986.

 

D5) Dominique DE ROUX, L'écriture de Charles De Gaulle,  Trédaniel, Paris, 1989.

 

D6) James F. DOBBINS, "Die Vereinigten Staaten von Amerika, die Sowjetunion und die Deutschlandpolitik", Mut, 257, Jan. 1989.

 

D7) Andreas DOLLFUS, "Europa JA - Zentralismus NEIN", Mut,  258, Feb. 1989.

 

D8) Juris DREIFELDS, "Latvian National Rebirth", Problems of Communism, July-August 1989.

 

D9) François-Georges DREYFUS, Les Allemands entre l'Est et l'Ouest, Albatros, Paris, 1987.

 

D10) Heinrich DRIMMEL, Die Antipoden. Die Neue Welt in den USA und Österreich vor 1918,  Amalthea, Wien/München, 1984.

 

D11) Heinz DÜRR, Interview accordée à l'hebdomadaire Der Spiegel, 45/1989.

 

E.

 

E1) Horst EHMKE, "Perspektiven des europäisch-amerikanischen Verhältnisses in den neunziger Jahre", Europa Archiv, 44. Jahr, 15/16, 25. August 1989.

 

F.

 

F1) Ferenc FEHER/Agnès HELLER, Gauche de l'Est - Gauche de l'Ouest (contribution à la morphologie d'une relation problématique),  Index (Etude n°10), Köln, 1985.

 

F2) Karl FELDMEYER, "Die Rückkehr der deutschen Frage", Mut,  266, Okt. 1989.

 

F3) Andrzej FLIS, "Crisis and Political Ritual in Postwar Poland", Problems of Communism,  May-August 1989.

 

F4) Dieter FÖTISCH, "Die wirtschaftlichen Folgen der deutschen Wiedervereinigung", Criticón,  114, Juli/August 1989.

 

F5) Bernhard FRIEDMANN, Einheit statt Raketen. Thesen zur Wiedervereinigung als Sicherheitskonzept,  Busse-Seewald, Herford, 1987.

 

F6) Renata FRITSCH-BOURNAZEL, "Paris-Bonn: Wachsende Chancen gemeinsamer Ostpolitik?", in JACOBSEN et alii, op. cit.

 

G.

 

G1) Marie-France GARAUD (éd.), numéro spécial de la revue Géopolitique, été 1989.

 

G2) Hans-Dietrich GENSCHER, Interview accordée à Der Spiegel,  39/1989.

 

G3) Manfred GERLACH, Interview accordée à l'hebdomadaire Der Spiegel, 45/1989.

 

G4) Valéry GISCARD d'ESTAING, Interview accordé à Laurence MASUREL pour Paris-Match,  23 Novembre 1989.

 

G5) Paul GOBLE, "Soviet Ethnic Politics", Problems of Communism,  July-August 1989.

 

G6) Günter GRASS, "Je ne crois pas à la réunification mais à la confédération des deux Etats", Paris-Match,  23 novembre 1989.

 

G7) Annemarie GROSSE-JÜTTE, "Profile neutraler/blockfreier Sicherheits- und Verteidigungspolitik", in Dieter LUTZ/A. GROSSE-JÜTTE, op. cit.

 

H.

 

H1) Christian HACKE, "Ein deutscher Patriot im Gegenstrom der Nachkriegsentwicklung. Zum 100. Geburtstag von Jakob Kaiser", Deutschland Archiv,  Februar 1988.

 

H2) Karl-Eckhard HAHN, "Westeuropäische Integration, mitteleuropäisches Tauwetter und die deutsche Frage", Criticón, 113, Mai/Juni 1989.

 

H3) János HAJDU, "Die Bedeutung der kleineren Staaten Europas für das Ost-West-Verhältnis", in JACOBSEN et alii, op. cit.

 

H4) P. HANAK, "Schöpferische Kraft und Pluralität in der mitteleuropäischen Kultur", in BURMEISTER et alii, op. cit.

 

H5) P. HANAK, "Mitteleuropa als historische Region der Neuzeit", Ibid.

 

H6) Peter HAUNGS (Hrsg.), Europäisierung Europas?,  Nomos, Baden-Baden, 1989.

 

H7) Václav HAVEL, Interview accordée à l'hebdomadaire Der Spiegel, 45/1989.

 

H8) Kurt HEISSIG, "Deutschland und der Freiheitskampf Ost-Mitteleuropas", Die Aula,  7-8/1987.

 

H9) Stefan HEYM, "Hurra für den Pöbel", Der Spiegel,  45/1989.

 

H10) Rudolf HILF, Deutsche und Tschechen. Bedeutung und Wandlungen einer Nachbarschaft in Mitteleuropa mit einem Exkurs zur deutschen Frage,  Leske + Budrich, Opladen, 1986.

 

H11) Klaus HORNUNG, "Gorbatschow auf Lenin-Kurs. Moskau, die Deutsche Frage und der "neue Stil"", Mut,  260, April 1989.

 

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IJ1) Eckhard JESSE, "Der "dritte Weg" in der deutschen Frage. Über die Aktualität, Problematik und Randständigkeit einer deutschlanpolitischen Position", Deutschland Archiv,  22. Jahr, Nr. 5/1989.

 

IJ2) Hanns-D. JACOBSEN, Heinrich MACHOWSKI, Dirk SAGER (Hrsg.), Perspektiven für die Sicherheit und Zusammenarbeit in Europa. Festschrift zum 20-jährigen Bestehen des Politischen Clubs Berlin,  Nomos, Baden-Baden, 1989.

 

K.

 

K1) Heinz J. KIEFER, "Die Europäische Nation Deutschland", Mut,  261, Mai 1989.

 

K2) Günter KIESSLING, Neutralität ist kein Verrat. Entwurf einer europäischen Friedensordnung,  Straube, Erlangen, 1989.

 

K3) Günter KIESSLING, "Abrüstung und deutsche Frage", in Europa. Nationaleuropäisches Forum,  2/1989.

 

K4) Klaus Peter KISKER, "Veränderungen in den ökonomischen Beziehungen USA-BRD", in Eckart SPOO, op. cit.

 

K5) Hans-Helmuth KNÜTTER; "Die westdeutschen Parteien und der Antifaschismus", Mut,  266, Okt. 1989.

 

K6) Mauno KOIVISTO, Interview accordée à l'hebdomadaire Der Spiegel, 37/1989.

 

K7) Ingo KOLBOOM, "Ostpolitik als deutsch-französische Herausforderung", Europa Archiv,  44. Jahr, 4, 25. Februar 1989.

 

K8) György KONRAD, Antipolitik. Mitteleuropäische Meditationen,  Suhrkamp, Frankfurt a.M., 1985.

 

K9) György KONRAD, "Mein Traum von Europa", in Kursbuch,  81, Sept. 1985.

 

K10) György KONRAD, "Den westlichen Höhlenforschern zur Aufmerksamkeit empfohlen", in BURMEISTER et alii, op. cit.

 

K11) Michel KORINMAN, "Naissance et renaissance d'un projet géopolitique", Hérodote,  48, Janv.-mars 1988.

 

K12) Hartmut KOSCHYK, Die Zukunft Deutschlands in Europa,  BdV, Bonn, 1989.

 

K13) A. KRASINSKI, "Mitteleuropa", in BURMEISTER et alii, op. cit.

 

K14) Charles KRAUTHAMMER, "Return of the German Question", Time, September 25, 1989.

 

K15) J. KREN, "Historische Wandlungen des Tschechentums", in BURMEISTER  et alii, op. cit.

 

K16) Detlev KÜHN, "Nachdenken über Deutschland - und handeln", Mut,  253, Sept. 1988.

 

K17) Detlef KÜHN, "Noch in diesem Jahrhundert", Mut, 266, Okt. 1989.

 

K18) Milan KUNDERA, "Das Abenteuer des europäischen Romans. Ein Gespräch mit dem tschechischen Schriftsteller Milan Kundera", Beilage der Süddeutschen Zeitung zur Frankfurter Buchmesse,  7. Okt. 1987.

 

Addendum:

 

K19) Paul KENNEDY, The Rise and Fall of the Great Powers. Economic Change and Military Conflict from 1500 to 2000,  Random House, New York, 1987.

 

L.

 

L1) Pierre LELLOUCHE, "Au péril de l'Alliance", Le Point,  888, 25 septembre 1989.

 

L2) Egil LEVITS, "Der politische Aufbruch in den baltischen Staaten. Das Problem der Selbstbestimmung der nichtrussischen Völker in der Sowjetunion", Europa Archiv,  44. Jahr, 13, 10. Juli 1989.

 

L3) Werner LINK, "Gesamteuropäische Kooperationsansätze und Perspektiven", in Peter HAUNGS, op. cit.

 

L4) Wladimir B. LOMEJKO, "Das "Haus Europa" aus sowjetischer Sicht", in JACOBSEN/MACHOWSKI/SAGER, op. cit.

 

L5) Jochen LÖSER - Ulrike SCHILLING, Neutralität für Mitteleuropa. Das Ende der Blöcke,  Bertelsmann, München, 1984.

 

L6) Alain LOUYOT, "Cinq scénarios pour l'Europe", Le Vif-L'Express, 352/2002, 17-23 novembre 1989.

 

L7) Dieter LUTZ - Annemarie GROSSE-JÜTTE (Hrsg.), Neutralität - Eine Alternative? Zur Militär- und Sicherheitspolitik neutraler Staaten in Europa,  Nomos, Baden-Baden, 1982.

 

M.

 

M1) Claudio MAGRIS, Introduction à Roman SCHNUR, op. cit.

 

M2) Elie MARCUSE, "Europa über alles! Une interview exclusive de Horst Teltschick, le plus proche conseiller du Chancelier Kohl", Le Vif-L'Express, 352/2002, 17-23 novembre 1989.

 

M3) Tadeusz MAZOWIECKI, Interview accordée à Der Spiegel,  39/1989.

 

M4) Alfred MERCHTERSHEIMER/Erich SCHMIDT-EENBOOM, "Die Rolle der Bundesrepublik Deutschland in der US-Militärdoktrin", in Eckart SPOO, op. cit.

 

M5) Michael MEYER, "Germany's Mission", Newsweek,  November 13, 1989.

 

M6) Adam MICHNIK, "Liegt die Existenz der DDR im Interesse Polens?", Der Spiegel,  42/1989.

 

M7) Werner MEYER-LARSEN, "Durchmuddeln mit George", Der Spiegel,  8/89.

 

N.

 

N1) Miklos NEMETH, Interview accordée à Der Spiegel,  43/1989.

 

N2) Günther NENNING, "Dieses deutsche Geisterreich...", Mut,  266, Okt. 1989.

 

N3) Thomas NOWOTNY, "Neutralitätspolitik", Europa Archiv,  44. Jahr, 13, 10. Juli 1989.

 

O.

 

O1) Achille OCCHETTO, "Neue Leitideen für eine europäische Linke. Etatismus und Neoliberalismus: eine falsche Alternative", Die Neue Gesellschaft/Frankfurter Hefte,  33. Jahrgang, 8, August 1985.

 

P.

 

P1) Jean PARVULESCO, Préface à Dominique De Roux, op. cit. (D5).

 

P2) Lothar PENZ, "Zukünftige Verteidigung", in Europa. Nationaleuropäisches Forum,  2/1989.

 

P3) Nikolaï PORTUGALOW, "Perestroïka im Bewußtsein der Deutschen. Die Zukunft der Bundesrepublik in einem Europa vom Atlantik bis zum Ural", Der Spiegel,  23/1989.

 

R.

 

R1) Jean-François REVEL, "Repartir à zéro", Le Point,  891, 16 octobre 1989.

 

R2) A.M. ROSENTHAL, "Alptraum für Westeuropa", Der Spiegel,  19/1989.

 

R3) Peter RUGE, Interview accordée à l'hebdomadaire Le Point,  888, 25 septembre 1989, p.35.

 

S.

 

S1) Tilo SCHABERT, "Die Atlantische Zivilisation. Über die Entstehung der einen Welt des Westens", in Peter HAUNGS, op. cit.

 

S2) Alfred SCHICKEL, "Schlesien, Brücke zwischen Deutschen und Polen", Mut,  253, Sept. 1988.

 

S3) Bruno SCHIER, West und Ost in den Volkskulturen Mitteleuropas, N.G. Elwert Verlag, Marburg, 1989.

 

S4) Emil SCHLEE (Hrsg.), Deutsche Frage - Deutsche Antworten,  Arndt, Kiel, 1985.

 

S5) Rolf SCHLIERER, "Wiedervereinigung und Europäische Union", Criticón, 113, Mai/Juni 1989.

 

S6) Karl SCHLÖGEL, Die Mitte liegt ostwärts. Die Deutschen, der verlorene Osten und Mitteleuropa,  Corso bei Siedler, Berlin, 1986.

 

S7) François SCHLOSSER, "La fin du bloc de l'Est? Quand l'Allemagne s'éveillera...", Le Nouvel Observateur,  2-8 novembre 1989.

 

S8) Elmar SCHMÄHLING, "Unsere Existenz ist unmittelbar berührt. Die Atomstrategie der NATO", Der Spiegel,  18/1989.

 

S9) Roman SCHNUR, Transversale. Spurensicherungen in Mitteleuropa, Karolinger, Wien, 1988.

 

S10) Thomas SCHREIBER, "La permanence du problème national en Europe centrale et orientale", Hérodote,  48, janv.-mars 1988.

 

S11) Wolfgang SCHULLER, "Zusammengehörigkeit über Systemgrenzen", Mut,  246, Februar 1988.

 

S12) Peter SCHWAN, "Europa als Dritte Kraft", in Peter HAUNGS, op. cit.

 

S13) Hans-Peter SCHWARZ, "Auf dem Weg zum post-kommunistischen Europas", Europa Archiv,  44. Jahr, 11, 10. Juni 1989.

 

S14) Jaroslav SEDIVY, "Neue Bedingungen für die Beziehungen zwischen sozialistischen Staaten", Europa Archiv,  44. Jahr, 15/16, 25. August 1989.

 

S15) Thomas SHERLOCK, "Politics and History under Gorbachev", Problems of Communism,  May-August 1988.

 

S16) Eckart SPOO, Die Amerikaner in der Bundesrepublik. Besatzungsmacht oder Bündnispartner?,  Kiepenhauer & Witsch, Köln, 1989.

 

S17) Wolfgang STRAUSS, ""Nieder mit der Partei!"", in Europa. Nationaleuropäisches Forum,  2/1989.

 

S18) Carl Gustaf STRÖHM, "Bonn-Washington, eine zerrüttete Ehe?", Criticón, 113, Mai/Juni 1989.

 

S19) Scott SULLIVAN, "A German-Slav Affinity?", Newsweek,  November 13, 1989.

 

S20) Roman SZPORLUK, "Dilemmas of Russian Nationalism", Problems of Communism,  July-August 1989.

 

S21) J. SZÜCS, "Ungarns regionale Lage in Europa", in BURMEISTER et alii, op. cit.

 

T.

 

T1) Harald THOMAS, "Friedenszone nicht Schlachtfeld", in Europa. Nationaleuropäisches Forum,  2/1989.

 

T2) Piet TOMMISSEN, "De Grootruimtetheorie van wijlen Carl Schmitt", Dietsland Europa,  12/1985.

 

T3) Arnold TOYNBEE, A Study of History,  Volume 8, Oxford, OUP, 1954-63, pp. 126-150. Ibid., Volume 12 ("Reconsiderations"), pp. 536-546.

 

V.

 

V1) M. VAJDA, "Wer hat Rußland aus Europa ausgeschlossen?", in BURMEISTER et alii, op. cit.

 

V2) Georges VALANCE, "Une sacrée prise de poids", Le Point,  888, 25 septembre 1989.

 

V3) V. Stanley VARDYS, "Lithuanian National Politics", Problems of Communism,  July-August 1989.

 

V4) Michael VOGT, "Neutralität: Fakten und Gedanken zu einem politischen Tabu", in SCHLEE, op. cit.

 

V5) Karsten D. VOIGT, "Die Vereinigung Europas - Westeuropäische Integration und gesamteuropäische Kooperation", Europa Archiv,  44. Jahr, 13, 10. Juli 1989.

 

W.

 

W1) Karlheinz WEISSMANN, "Die konservative Option. Vorschläge für eine andere Politik", Criticón,  113, Mai/Juni 1989.

 

W2) Bernard WILLMS - Paul KLEINEWEFERS, Erneuerung aus der Mitte. Diesseits von Ost und West,  Busse-Seewald, Herford, 1988.

 

W3) Karel Van WOLFEREN, Vom Mythos der Unbesiegbaren. Anmerkungen zur Weltmacht Japan,  Droemer-Knaur, München, 1989.

 

W4) Wichard WOYKE, "Das "Haus Europa" aus westeuropäischer Sicht", in JABOBSEN et alii, op. cit.

 

Z.

 

Z1) Jan ZAPRUDNIK, "Bielorussian Reawakening", Problems of Communism, July-August 1989.

 

Z2) Paul E. ZINNER, "Das "gemeinsame Haus Europa" aus amerikanischer Sicht", in JACOBSEN et alii, op. cit.

 

 

Articles anonymes:

 

 

AA1) AA, "If two Germanies became one", The Economist, 2-8 September 1989.

 

AA2) AA, "Germanies in confusion", The Economist,  7-13 October 1989.

 

AA3) AA, "In Search of Central Europe", The Salisbury Review,  Vol. 6, Nr. 4, June 1988.

 

AA4) AA, "EG-Kommissar aus der DDR?", Der Spiegel,  44/1989.

 

AA5) AA, "Das Handels- und Industrieministerium Miti organisiert die Angriffe auf die Weltmärkte", Der Spiegel,  45/1989.

 

AA6) AA, "Deutschland, eine Supermacht?", Der Spiegel,  47/1989.

 

AA7) AA, "Der Umbruch im Warschauer Pakt macht Nato-Pläne zur Makulatur", Der Spiegel,  47/1989.

 

AA8) AA, "Wir Europäer sollen uns opfern", Der Spiegel,  17/1989.

 

AA9) AA, "Unsere Antwort wird Nein sein", Der Spiegel, 18/1989.

 

AA10) AA, "Der Iwan kommt - und feste druff. Wie die Amerikaner den großen Atomschlag in Europa übten", Der Spiegel,  18/1989.

 

AA11) AA, "Auf der Hut vor Deutschland", Der Spiegel,  19/1989.

 

lundi, 12 janvier 2009

12 janvier 1909: l'Empire ottoman renonce à la Bosnie-Herzégovine

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Il y a cent ans…

 

L’Empire ottoman renonce à la Bosnie-Herzégovine

 

12 janvier 1909 : L’Empire ottoman accepte les propositions que lui avait fait l’Autriche le 9, c’est-à-dire renoncer à tous ses droits sur la Bosnie-Herzégovine, que Vienne avait annexée en octobre 1908, avec, rappelons-le, l’aval de la Russie, donné en septembre 1908. La défaite de la Russie face au Japon, qui avait reçu l’appui des puissances navales anglo-saxonnes, impliquait l’obligation pour Saint-Pétersbourg de renoncer à toute ouverture sur les mers chaudes dans le Pacifique. Il faut donc qu’elle cherche ailleurs un débouché vers les mers chaudes, notamment en Egée et en Méditerranée orientale. La défaite face au Japon oblige donc la Russie à revenir dans les Balkans, espace qu’elle avait négligé dans les décennies précédentes au profit de l’Asie centrale et de l’Extrême-Orient. Elle se heurte aux aspirations autrichiennes de porter vers l’Egée l’impérialité romaine-germanique, dont elle était encore la titulaire officieuse, en dépit de la dissolution officielle du Saint Empire sous la pression de Bonaparte en 1806. La Turquie accepte, résignée, de laisser les Balkans à l’empire danubien austro-hongrois, moyennant des compensations financières et une aide au développement, qui viendra plutôt du Reich allemand. Sous l’impulsion du programme « panserbe » du premier ministre serbe Stojan Novakovic, les populations slaves et orthodoxes des Balkans, à l’exception des Bulgares, se hérissent face à la perspective de tomber sous la coupe d’un empire catholique et cherchent l’appui d’une Russie qui ne peut plus le leur donner avec toute l’efficacité voulue, sauf si elle emprunte à la France, qui, elle, a toujours cherché à déstabiliser le cœur du continent, à le balkaniser et le rendre ingouvernable. La nouvelle donne crée les conditions des prochaines guerres balkaniques, de la guerre italo-turque et, à terme, de la première guerre mondiale (Robert Steuckers).

 

 

lundi, 22 décembre 2008

Pour une nouvelle Ostpolitik

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Michael WIESBERG:

Pour une nouvelle “Ostpolitik”

Récemment, les tentatives unilatérales des Etats-Unis d’élargir l’OTAN, en y incluant la Géorgie et l’Ukraine et en contournant de la sorte des décisions antérieures et claires, lancent dans le débat quelques questions fondamentales, appelant les partenaires européens des Etats-Unis au sein de l’Alliance atlantique, dont l’Allemagne, à prendre position dans l’avenir. La situation actuelle suscite avant toute chose la question suivante: comment les relations transatlantiques futures s’agenceront-elles? La Russie ne laisse planer aucun doute: elle considère que l’élargissement de l’OTAN à la Géorgie et à l’Ukraine relève de la pure provocation. Concrètement, nous courrons le danger d’une nouvelle période de gel sinon celui d’une nouvelle Guerre Froide avec la Russie.

Ce glissement vers une nouvelle Guerre Froide ne va pas dans le sens des intérêts européens et allemands, pour plusieurs raisons. Déjà les rapports étaient fort tendus, à cause de la Guerre d’Août dans le Caucase en 2008 et du projet américain d’installer des fusées en Europe de l’est. La Russie considère qu’elle est de plus en plus menacée par l’OTAN et en particulier par les Etats-Unis. Ainsi, le Président russe Dimitri Medvedev déplore dans son discours sur l’état de la nation, tenu le 5 novembre dernier, que l’on s’active à mettre en place “un nouveau système global de missiles anti-missiles” et que la Russie est actuellement “encerclée par des bases militaires”, tandis que l’OTAN tente de s’élargir sans la moindre retenue.  Medevedev a ensuite évoqué les contre-mesures russes, qu’il a qualifiées de “contraintes et forcées”. Comme son prédecesseur Poutine, Medvedev a rappelé que le monde “ne peut être dirigé depuis une seule capitale” et a demandé que “l’architecture d’une sécurité globale” soit mise en place, qui engloberait la Russie, les Etats-Unis et l’UE.

Jusqu’à présent, les Etats-Unis ont ignoré froidement ces avances et, pire, ont poursuivi sans sourciller leur politique des coups d’épingle contre les intérêts stratégiques russes. Même les partenaires européens des Etats-Unis ne comprennent guère quels sont les motifs géopolitiques de cette attitude américaine. Expriment-elles le fait qu’une superpuissance comme les Etats-Unis soit soumise à des dynamiques spécifiques qui impliquent “un besoin permanent d’intervention”, ainsi que l’a qualifié le politologue berlinois Herfried Münkler? D’après lui, les Etats-Unis ne pourront réaffirmer leur rôle de superpuissance que s’ils s’avèrent capables de contrôler réellement les “flux de capitaux de l’économie mondiale” et de déterminer “les rythmes de l’économie mondiale”.

De telles capacités sont désormais remises en question, vu la crise financière actuelle. Dans cette optique, un rapport récent (“Global Trends 2025”), émis par le NIC (“National Intelligence Council”), explique que nous sommes au beau milieu d’une phase de transition et que nous nous acheminons vers un “nouveau système” qui s’installera graduellement au cours des vingt prochaines années. Dans ce “nouveau système”, les Etats-Unis demeureront sans conteste le “principal acteur” sur la scène internationale, mais leur position sera “moins dominante” qu’auparavant. Les Etats-Unis, poursuit le rapport, ne pourront maintenir et défendre leur statut que s’ils continuent à jouer un rôle décisif dans “l’espace eurasien”, où vivent les trois quarts de la population mondiale.  Ce n’est donc pas un hasard si les principaux challengeurs des Etats-Unis (la Chine, l’Inde et la Russie) se situent justement dans cet espace. Si les Etats-Unis y perdent leur influence, cela reviendrait à perdre leur position hégémonique sur le globe.

Mais dans cette volonté de se maintenir dans “l’espace eurasien”, les Etats-Unis butent contre une difficulté majeure: ils sont là-bas une “raumfremde Macht”, une “puissance étrangère à l’espace”; ils doivent donc se maintenir et s’affirmer sur une masse continentale où ils ne sont pas chez eux et où ils demeurent par conséquent vulnérables. Cette constellation oblige les Etats-Unis à multiplier leurs manoeuvres, à mouvoir constamment leurs pions sur l’échiquier eurasien, selon l’expression du stratégiste Zbigniew Brzezinski, aujourd’hui devenu conseiller d’Obama.  Si ces manoeuvres sont souvent dirigées contre la Russie, c’est parce que celle-ci occupe une position centrale sur cette masse continentale eurasienne.

On peut me rétorquer, ici, que la Russie n’est certainement pas la puissance la plus solide de l’espace eurasien et que, dans l’avenir, elle ne pourra guère concurrencer l’UE et la Chine. Le publiciste allemand Hauke Ritz nous explique clairement pourquoi les Etats-Unis sont néanmoins portés à affaiblir constamment la Russie. C’est parce que cette dernière, vu sa position géographique et ses richesses en matières premières, est en mesure de concrétiser des “coopérations inter-eurasiennes”, notamment sous la forme de “relations économiques approfondies” avec l’UE. L’Europe y gagnerait en “indépendance” et, à la longue, cela mettrait en danger l’orientation transatlantique de sa politique depuis 1945.

Cette vision des choses est tout à fait plausible vu la complémentarité de bon nombre d’intérêts européens et russes. Par exemple: l’Europe ne peut pas réellement assurer ses apporvisionnements énergétiques sans la Russie; quant à la Russie, elle a un besoin énorme en technologie européenne. Cette complémentarité inquiète énormément les stratégistes américains, comme l’atteste, entre autres choses, la teneur du dernier livre de Brzezinski, “The Second Chance”, paru en 2007. Il y explique qu’il faut plus ou moins isoler la Russie en scellant des accords avec l’Europe et avec la Chine. La volonté américaine d’élargir l’OTAN encore plus à l’Est correspond pleinement à ces injonctions de Brzezinski, dans le sens où elles débouchent sur un morcellement complémentaire des sphères d’influence russes.

Une telle stratégie vise à créer un système de sécurité dominé par les Etats-Unis et englobant l’ensemble du continent européen jusqu’à ces confins caucasiens. Mais elle ne résussira que si elle reçoit l’aval et le soutien inconditionnels de l’Europe. Or, dans le rapport du NIC, celle-ci est décrite, avec mépris et condescendance, comme “un géant boiteux”, incapable de transformer sa puissance économique en puissance politique. Ce qui n’empêchera pas ce “géant boiteux” de devoir tôt ou tard prendre une position claire: peut-être acceptera-t-il la logique hégémoniste des Etats-Unis mais cela équivaudra à renoncer aux intérêts propres de l’Europe. Or un renoncement pareil ne constitue nullement une option politique valable pour le long terme. Il est donc grand temps que le “géant boiteux” apprenne à marcher droit.

Michael WIEBERG.

(article paru dans “Junge Freiheit”, Berlin, n°50/2008, traduction française: Robert Steuckers).